Vent debout contre l’ébauche du projet de réorganisation de l’administration fiscale en Val-de-Marne, les représentants syndicaux de Solidaires, CGT et FO ont boycotté leur CHSCT (Comité hygiène et sécurité des conditions de travail) ce mardi 11 juin.
Après un envahissement de la réunion, l’intersyndicale l’a désertée pour préparer la mobilisation alors que commence la phase de concertation.
«Le scénario que nous propose la direction est pire que celui auquel nous nous attendions. Nous pensions qu’ils fusionneraient certaines de nos implantations mais ils sont allés bien plus loin que cela en supprimant des services et la totalité des trésoreries. Nous ne pouvions pas siéger aujourd’hui parce que notre priorité est d’obtenir l’annulation de ce projet», motive David Ferreira, le secrétaire départemental de Solidaires Finances Publiques. Alors que le premier CHSCT de l’année devait se tenir ce mardi à Créteil, de nombreux agents ont envahi la salle où devait se dérouler la réunion pour interpeller directement la direction et exprimer leur désaccord avec la nouvelle carte.
D’ici le mois d’octobre, la direction départementale entend mener une phase de concertation mais les organisations syndicales estiment que leurs marges de négociations sont maigres et que le calendrier ne joue pas en leur faveur. «Ils ne pouvaient pas trouver un meilleur moment pour faire cette annonce. Juste après la fin de la campagne des déclarations d’impôts sur le revenu, pour que l’on ne puisse pas sensibiliser trop d’usagers, et juste avant les grandes vacances», déplore un agent.
Mobilisés depuis de longs mois contre le spectre d’une réorganisation qui vient finalement de se concrétiser, les syndicats peinent à se faire entendre par leur hiérarchie. Mais maintenant que le projet initial a été dévoilé, les représentants du personnel réunis en intersyndicale pensent pouvoir faire le plein de mécontents, tant dans leurs propres rangs qu’auprès des usagers et des élus.
Soutien attendu des agents, des usagers et des élus
«Avant, quand nous subissions une restructuration, les agents avaient la possibilité de changer de poste pour pouvoir rester près de chez eux mais avec la nouvelle loi sur la fonction publique, l’agent va devoir suivre son poste et quitter, avec sa famille, l’endroit où il a construit toute sa vie !», prévient Ophélie Maniglier, secrétaire adjointe CGT Finances Publiques 94.
«Au cours des dernières semaines, nous avons fait signer des pétitions aux usagers. La plupart d’entre eux ont accepté. Ils ont du mal à nous croire lorsqu’on leur explique les conséquences de cette réorganisation. Il faut savoir que malgré la dématérialisation, les flux de public augmentent et justifient la présence de points d’accueil physique sur l’ensemble du département», insiste Philippe Faisceau, secrétaire adjoint de la section FO-DGFIP 94.
Quant aux élus, les représentants syndicaux comptent les interpeller directement sur le coût de ce projet pour leurs collectivités. «Avoir des écharpes tricolores avec nous lors d’une manifestation serait un plus ! Entre la création des points de contacts voués à remplacer les trésoreries et le transfert de certains services aux communes (paierie et services de gestion comptable), il pourrait s’agir de transferts de charges indemnisés seulement en partie par la DDFIP», ajoute un agent.
En attendant l’organisation d’une grande manifestation devant le siège de la DDFIP à Créteil où seront conviés les défenseurs des services publics locaux, la mobilisation s’organise en interne avec la production de tracts et d’un logo destiné à être affichés sur les écrans d’ordinateurs : une tête de mort barrée du slogan «même plus l’impôt sur les os».
Ce n’est pas parce que les flux à l’accueil augmentent qu’ils sont justifiés. La plupart des gens se déplacent alors qu’ils peuvent avoir les renseignements requis sur internet ou en faire la demande par messagerie. Seule une minorité qu’il faut accompagner ne dispose pas ou ne sait pas se servir du web.
A l’heure de la dématérialisation, il serait temps que certains syndicats se mettent à la page du jour.
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