Alors que la mobilisation se poursuit pour éviter l’arrêt total du dernier train de fret primeur entre la plate-forme européenne de transit de fruits et légumes Saint-Charles International à Perpignan et le MIN de Rungis, une réunion technique entre les collectivités locales et les acteurs économiques concernés se tiendra ce vendredi matin au ministère des Transports.
Ce jeudi matin, la tête de liste PCF aux Européennes, Ian Brossat, s’est rendue sur place avec d’autres élus communistes, pour rencontrer des représentants de la Semmaris, la société d’économie mixte qui exploite le MIN de Rungis, et des cheminots. Selon ces derniers, c’est environ 25 millions d’euros qu’il convient désormais de mettre sur la table pour remplacer les wagons frigorifiques en fin de vie, dont l’aspect extérieur peu avenant semble appeler à l’aide de lui-même (voir photo ci-dessous). «Chaque wagon est équipé d’un dispositif de réfrigération. Ils arrivent en fin de vie après plusieurs décennies d’utilisation. Certaines portes ferment mal, le plancher est très endommagé par endroit», décrit un cheminot. Un investissement du même ordre que celui qui a déjà été fait en 2010 pour rénover entièrement le terminal de fret (19 millions d’euros), à l’époque cofinancé par le Val-de-Marne et la région pour les deux-tiers, la SNCF et la Semmaris pour le tiers restant. Un terminal toujours rutilant qui ne servira plus à grand chose si la ligne est définitivement abandonnée. Président du Conseil départemental du Val-de-Marne, Christian Favier menace, si tel était le cas, de réclamer le remboursement de cet investissement.
Reste à s’accorder sur qui doit payer pour cette seconde tranche, entre la SNCF et les exploitants de la ligne notamment. Pour amorcer, la Semmaris a proposé de mettre à disposition son terminal gracieusement aux transporteurs durant un an, l’équivalent de 300 000 euros, de quoi faciliter une location de wagons neufs. Mais il reste à porter l’investissement. Il reste surtout à avoir une vision globale et politique de la stratégie à adopter en matière de fret ferroviaire. Faut-il aller de l’avant et dans ce cas comment le financer et comment développer la filière ? Car pour l’heure, la ligne n’est pas assez rentable, essentiellement utilisée dans un seul sens, Perpignan Rungis.
Le blues des cheminots
Parmi la dizaine de militants de la CGT présent ce matin, l’un des conducteurs du train a pu décrire son quotidien, marqué ces dernières années par une baisse drastique d’activité due à la suppression de trois convois quotidiens sur les quatre qui alimentaient le marché de Rungis il y a encore 10 ans. «A l’époque, il y avait une équipe d’une soixantaine d’agents qui faisaient les trois-huit sur les quais de chargement au MIN, aujourd’hui, ils ne sont plus que trois. Le train part tous les jours chargé de Perpignan à 16h30 pour arriver à Rungis vers 2h45, nous faisons une halte à Bordeaux où les conducteurs catalans nous laissent les commandes. Au total nous sommes la suppression de cette ligne entraînerait la suppression d’une centaine d’emplois directs. Grâce à cette mobilisation, cela nous permet de remettre sur le tapis la question plus générale du fret ferroviaire en France qui pâtit de sa libéralisation».
Plus de 15 000 signatures
La pétition citoyenne pour défendre le fret, elle, a désormais dépassé les 15 500 signatures.
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