C’est un sujet qui fait débat, et divise la famille des boulangers, entre les artisans qui ont besoin de fermer au moins un jour par semaine pour souffler et ceux, ainsi que les supérettes, qui disposent de suffisamment de personnel pour tourner non stop et ont besoin de travailler tous les jours pour rentabiliser leurs investissements.
Les premiers réclament le respect du jour de repos hebdomadaire qui met tout le monde à pied d’égalité, les seconds dénoncent les amendes infligées en cas d’ouverture sans interruption. En Val-de-Marne, le président de la section Val-de-Marne du syndicat des boulangers du Grand Paris, Ludovic Grimont, se bat ainsi depuis des années pour l’application de la loi.
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Les vendeurs de pain (boulangeries ou supérettes) ouverts 7 jours sur 7, eux, réclament au contraire un assouplissement de la loi.
C’est dans ce contexte que le sénateur UDI Laurent Lafon, a fait voter un amendement en ce sens. “Régulièrement, des boulangers sont condamnés à de très fortes amendes pour avoir ouvert leur commerce 7 jours/7. La loi autorise aujourd’hui les préfets à prendre des arrêtés de fermeture hebdomadaire qui fragilisent souvent les boulangeries de territoires ruraux, et envoient au tribunal des centaines d’artisans qui ne comptent pas leurs heures. De nombreux maires ont pris la défense des boulangers sanctionnés dans leurs communes !”, défend l’élu qui a réussi à faire voter l’amendement dans le cadre de la lecture par le Sénat de la loi Pacte (pour la croissance des entreprises), contre l’avis du gouvernement. Cet amendement impose un “avis conforme” du maire pour que le préfet puisse prendre un arrêté de fermeture hebdomadaire.
“Concrètement, les préfets ne pourront plus imposer des arrêtés de fermeture sans l’accord des élus locaux. Sans remettre en cause le principe du repos dominical, il vise à adapter la règle dans des situations particulières pour maintenir des emplois et préserver le commerce de proximité, défend l’élu. Espérons qu’en deuxième lecture, l’Assemblée Nationale préserve cet apport du Sénat !” A l’instar des autres amendements votés par le Sénat (dont la majorité n’est pas celle du gouvernement), celui-ci sera de fait assez probablement retoqué en deuxième lecture par l’Assemblée nationale.
Ludovic Grimont, lui, reste serein, et indique que l’offensive a été lancée en Val-de-Marne avec déjà deux rappels à la loi à des supérettes dont il avait été établi qu’elles vendaient du pain tous les jours. “Il y a même eu une réaction verbale assez courroucée auprès de la Chambre des métiers et de l’artisanat”, confie le boulanger. Une trentaine de courriers à des supérettes et des enseignes de boulangeries qui comptent suffisamment de magasins pour avoir du personnel tous les jours, ont également été envoyées afin de demander quel est leur jour de non-vente de pain. “Lorsque nous n’avons pas de retour, nous allons acheter du pain sept jours d’affilé en gardant le ticket de caisse comme preuve. Déjà une dizaine de commerces ont ainsi été identifiés. Ensuite, nous renvoyons vers la préfecture pour contrôle”, détaille le président de la section Val-de-Marne du syndicat des boulangers du Grand Paris.
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