Stratégie d’ancrage territorial et d’insertion professionnelle, nouvelles formations, développement d’une identité, intégration du numérique, ouverture à l’international, relation avec les autres projets universitaires de l’Est parisien…Autant d’axes stratégiques résumés dans le projet d’établissement de l’université Paris Est Créteil. Ce projet, qui doit être finalisé en juin, est mis en débat pendant un mois dans le cadre d’une plate-forme de débat conçue par le même organisme qui a travaillé pour le Grand Débat National. Retour sur les enjeux et mode d’emploi.
C’est à l’issue du long feuilleton électoral interne qui a conduit l’ancien doyen de la fac de médecine, Jean-Luc Dubois-Randé, à la présidence le 7 septembre dernier, qu’a été ébauché le projet, avec, dès octobre 2018, un séminaire de travail réunissant 130 membres de sa communauté universitaire et des représentants de ses partenaires scientifiques, territoriaux et socio-économiques. De quoi jeter les baes des grands chantiers de développement autour de l’identité de l’université, son ouverture à l’international, son modèle économique, sa qualité de vie et ses conditions de travail, le déploiement du numérique et la vie de campus, son patrimoine et le développement durable. C’est ce projet que l’Upec vient de mettre en débat ce 20 février, jusqu’au 20 mars, sur une plate-forme participative en ligne. Ce projet doit nourrir le dossier d’accréditation de la nouvelle offre de formation 2020/2024 de l’université qui sera déposé au mois de juin 2019 à l’HCERES (Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur).
Des nouveaux appels à projets pour la formation et la recherche
Il s’appuie sur six axes stratégiques de formation et de recherche : santé, société et environnement (SSE), transformations, inégalités et résistances (TIR), savoirs et pratiques en éducation et en formation (SPEF), numérique, sciences et pratiques (NSP) et francophonie(s) et plurilinguisme(s) (FP). Sur la méthode, il prévoit de s’appuyer sur l’individualisation des parcours, l’intégration du numérique dans la formation, l’ancrage territorial, l’insertion professionnelle et notamment l’entrepreneuriat et l’apprentissage, ou encore la capacité à se mobiliser pour répondre aux appels à projets qui constituent des sources de financement et contribuent à la dynamique et la visibilité de l’établissement. Parmi ces appels à projets, l’université prévoit dans déposer trois dans le cadre du second appel à projets EUR (Ecoles Universitaires de Recherche) du Programme d’Investissement d’avenir (PIA), dès mars 2019. Les trois projets concernent les thématiques suivantes : justice sociale et transformations environnementales ; vulnérabilités et trajectoires en santé ; francophonies et multilinguisme. «Le chantier de l’open science sera mis en œuvre au premier semestre 2019», prévoit également le projet d’établissement.
Insertion professionnelle, apprentissage, entrepreneuriat
Alors que les entreprises locales témoignent régulièrement de leur difficulté à embaucher et les étudiants s’interrogent de leurs côtés sur leurs débouchés professionnels, la question de l’imbrication entre le monde universitaire et le monde professionnel fait aussi partie des grands enjeux du projet d’établissement. Pour relever le défi, l’Upec veut développer «une stratégie globale liant dans un continuum apprentissage, formation tout au long de la vie et entrepreneuriat.» Dans ce contexte, la Maison de l’Innovation et de l’Entrepreneuriat Etudiant (MIEE) constituera l’un des points d’ancrage. L’université souhaite aussi développer la coopération avec ses partenaires socio-économiques et de formation comme les CFA, sera approfondie, à l’occasion de la réforme de la formation par apprentissage. De même, cinq nouveaux départements IUT vont être créés sur Sénart et Vitry-sur-Seine et un projet de campus des métiers va être proposé autour du site du Second degré technologique et professionnel de l’ESPE à Saint-Denis.
Le Grand Paris Est de l’université
Parmi les dossiers sensibles mais incontournables : la question du rapport à l’université Paris Est Marne la Vallée, avec qui le projet de fusion engagé il y a quelques années avait valu la non-réélection de l’ancien président Luc Hittinger en 2016, entraînant l’abandon de la fusion. Depuis, l’Upem a développé son propre projet de nouvelle université cible avec d’autres partenaires dans le cadre de l’appel à projets ISITE d’un des programmes d’investissements d’avenir (voir article) mais un certain nombre de formations continuent d’être développés en commun avec l’Upec comme par exemple l’école de management IAE Guistave Eiffel. Ce sujet délicat passe par la Comue (Communauté universitaire) Paris Est qui regroupe notamment les deux universités. «Il est indispensable d’afficher et de développer nos liens avec l’université cible, Gustave Eiffel et l’ISITE et de renouveler notre ComUE. Les relations sont aujourd’hui apaisées et nous sommes exigeants sur le projet. L’UPEC a une place déterminante dans ce débat : des laboratoires, des formations sont co-accrédités, l’école doctorale est commune même si le doctorat et les contrats doctoraux reviennent aux établissements. Plus globalement, nous sommes partenaire extérieur de l’ISITE, ce qui est cependant insuffisant pour créer une dynamique territoriale dans le contexte des expérimentations voulues par notre ministère de tutelle. Au-delà des EUR (ndlr Ecoles universitaires de recherche), l’UPEC sera force de propositions dans le cadre de l’appel d’offres SFRI qui sera porté par l’ISITE», prévoit le projet d’établissement.
Alliance internationale
Concernant l’ouverture à l’international, l’Upec a signé ce mardi 19 février l’accord cadre de l’alliance d’universités européennes, Unes (University for a New European Society) qui rassemblera sept universités européennes, dont celle de Créteil. Il s’agit là aussi d’une initiative impulsée par un appel à projet, de la Commission européenne/Erasmus+ cette fois. Les six autres universités sont : l’Université de Cordoue en Espagne, l’Université d’Évora au Portugal, l’Université Lucian Blaga de Sibiu en Roumanie, l’Université de Novi Sad en Serbie, l’Université de Patras en Grèce et l’Université d’Udine en Italie. «Cette alliance de sept universités européennes rassemblera une communauté de plus de 160 000 étudiants et près de 14 000 personnels enseignants-chercheurs, administratifs et techniques. Elle s’attachera également à renforcer les liens avec ses partenaires du pourtour méditerranéen et d’Amérique latine», indique l’université. La signature de l’accord-cadre sera suivie du dépôt du projet auprès de l’Agence Exécutive Education, Audiovisuel et Culture (EACEA) à la fin du mois.
Frais d’inscription des étudiants étrangers : la bataille continue
En attendant les promesses de cette belle alliance internationale, le sujet qui préoccupe d’avantage les étudiants en ce début 2019 est celui des frais d’inscription des étudiants étrangers hors Union européenne, lesquels devraient passer de 170 à 2770 euros en licence et de de 243 à 3770 euros en master dès la rentrée prochaine. Une multiplication du tarif par 16 totalement rédhibitoire pour la majorité des étudiants concernés, y compris ceux qui sont déjà en étude. Se ce point, l’université a affirmé à plusieurs reprises sa position contre, avec récemment le vote d’une motion au Conseil d’administration, mais la situation n’est pas encore réglée. La CPU (Commission des présidents d’université) mène la bataille sur le sujet, mais rien n’est encore certain pour la rentrée.
Un institut du handicap à Vitry-sur-Seine
Le projet d’établissement a également consacré un volet à l’inclusion des handicaps avec la proposition de créer un institut du handicap sur le site de Chérioux à Vitry-sur-Seine.
Une plate-forme participative en ligne pour donner son avis
Ces grandes orientations stratégiques prévues dans le projet d’établissement, l’université les met en débat pendant un mois, du 20 février au 20 mars, grâce à une plate-forme participative en ligne, dans l’esprit de celle qu’avait mise en oeuvre l’ancien candidat à la présidence Arnaud Thauvron lors de sa campagne, en s’appuyant sur le noyau technique développé par Cap Collectif, la startup qui a développé la plate-forme du Grand Débat National.
Lien vers la plate-forme
Un projet qui doit être bouclé pour le mois de juin 2019
L’ensemble des contributions seront étudiées et feront l’objet d’une synthèse par thématique à partir du 1er avril, promet l’université. La synthèse des contributions sera ensuite débattue lors d’un séminaire de mise en œuvre du projet d’établissement le 5 avril 2019. Puis le projet sera présenté à tous les conseils de l’UPEC réunis en congrès le 18 avril, avant d’être soumis en validation au Conseil d’administration de l’université. Il sera alors transmis à l’HCERES (Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur) début juin 2019.
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