L’offre en hébergement d’urgence dans le Val-de-Marne, comme dans les autres départements de petite couronne, ne permet pas d’accueillir tous les sans-abris. Si le département dispose d’environ 15 000 places, ces structures sont à saturation et l’on estime la file d’attente à 1200 ménages. Parmi ces publics vulnérables se trouvent de plus en plus de sans-abri ayant un emploi.
Il est 19 heures au centre d’hébergement d’urgence des Coquelicots à Villiers-sur-Marne et c’est l’effervescence. Les 70 hommes (100 en période hivernale) qui vivent dans cette structure gérée par la Croix-Rouge viennent partager le dîner dans la salle de restauration. Les discussions sont animées, le ton monte parfois, l’ambiance varie en fonction de l’humeur générale. A la fin du repas, chacun vaque à ses occupations. Certains se rendent dans une salle pour regarder la télévision. D’autres rejoignent leurs chambres (simple ou double). Des groupes sortent fumer à l’extérieur.
«Lorsqu’ils sont accueillis sur notre structure, ils bénéficient de diagnostics pour que nous puissions leur trouver une solution d’hébergement pérenne. Parfois, cela peut se passer très rapidement, au bout de quelques jours, mais nous avons des résidents qui vivent ici depuis plusieurs années, notamment des demandeurs d’asile, parce que les démarches administratives prennent énormément de temps», explique Sandrine Cardoso, la responsable du site.
Ce mardi soir, le préfet Raymond Le Deun est venu voir sur place, après un début de maraude avec la Croix rouge qui sillonne sans relâche le département pour aller à la rencontre des sans abris, leur apportant du café, des couvertures, un kit d’hygiène, un peu d’écoute surtout et se rapprochant du central pour trouver un hébergement d’urgence s’il fait trop froid et que la personne le demande.
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Le représentant de l’Etat a aussi visité le SIAO (Service intégré d’accueil et d’orientation) du Val-de-Marne, un service de l’Etat géré localement par la Croix rouge, qui organise aussi bien les maraudes sur le terrain et l’accueil des appels au 115, que le suivi des personnes prises en charge pour les aider à se réinsérer socialement.
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Le centre de Villiers fait partie de la dizaine de structures d’urgence qui accueillent les sans-abris. Il dispose d’une équipe d’entretien mais les résidents sont mis à contribution pour la corvée de nettoyage de la salle de restauration. Après des parcours de vie qui les ont parfois complètement isolés, l’objectif est de les aider à reprendre confiance en eux et retrouver de l’autonomie en s’appuyant sur les interventions extérieures d’éducateurs spécialisés, psychologues des Murets…
Parmi les résidents, certains sont parfaitement intégrés et ne font que passer la nuit sur place : les travailleurs pauvres. «Ces deux dernières années, nous avons vu arriver ces personnes aux profils très autonome. Parfois, la vie avec d’autres résidents beaucoup plus vulnérables n’est pas facile. Mais ils reconnaissent leur souffrance et relativisent ainsi leur propre situation. Ils font preuve de solidarité», confie la responsable du CHU des Coquelicots.
«Certains peuvent être amenés à partir dès 5 heures ou 6 heures du matin parce qu’ils travaillent très tôt de l’autre côté de Paris. Cela nous interroge sur notre mode de fonctionnement parce que nos matinées sont rituelles avec le temps du petit-déjeuner et les prises de contact avec le personnel du CHU», explique Françoise Bousquet, directrice du pôle lutte contre les exclusions du SIAO du Val-de-Marne.
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