La nécessité de préserver et défendre l’agriculture, y compris dans l’agglomération parisienne, est bien comprise depuis plusieurs années. Les remèdes sont connus , de la sécurisation de terres agricoles au développement de circuits courts en passant par le bio et les expérimentations d’agriculture urbaine. Reste à s’engager, c’est l’enjeu de la charte signée ce mardi en Val-de-Marne.
Dans le Val-de-Marne, les initiatives se sont multipliées depuis 2016 pour fédérer les acteurs et définir une stratégie, avec des Rencontres de l’agriculture dès 2017, le vote d’un plan d’action concret fin 2018 et encore l’élaboration d’une charte depuis 2018. Ce mardi, celle-ci s’est concrétisée par une signature au parc des Lilas de Vitry-sur-Seine, avec des collectivités territoriales et des acteurs associatifs. Le parc fait partie des sites agricoles du département avec la plaine Montjean de Rungis, la plaine des Bordes à Chennevières et surtout les terres agricoles du plateau briard, premier lieu d’exploitation avec 600 hectares, et celles du Haut Val-de-Marne, second site avec 200 hectares. Fort de son millier d’hectare exploité, le département du Val-de-Marne est en tête de la petite couronne, donnant principalement dans les grandes cultures céréalières, dans sa partie péri-urbaine, et aussi dans le maraîchage et l’horticulture qui ont fait sa gloire, tant dans les roses que les lilas ou les orchidées. Pour préserver ses sites, le département a aussi su conserver des fermes en leur donnant une dimension pédagogique et d’insertion, de la ferme des Meuniers à Villeneuve-le-Roi à celle du Saut-du Loup à Chevilly-Larue. Beaucoup d’activités sont aussi proposées dans les parcs, ainsi que des jardins partagés.
Depuis plusieurs décennies, le parc des Lilas est un lieu d’expérimentation de l’agriculture en milieu urbain avec ses 100 hectares d’espaces verts, ses exploitations horticoles et agricoles surplombant la vallée de la Seine et cernés de zones d’habitat dense. Et ce mardi, c’est sous un soleil de plomb que les épis de blés des petites parcelles expérimentales du parc départemental des Lilas achèvent de mûrir à quelques semaines de la moisson, protégés par quelques arbres et d’épais couverts végétaux. «Pendant la phase de pré-maturité, l’épi va remobiliser toute ses ressources pour les mettre dans les grains. C’est pour cela qu’il est important de les soulager des chaleurs intenses qu’ils doivent supporter», explique Valentin Verret de l’association Agrof’île, qui, depuis trois ans, gère des espaces de culture et organise des visites avec des chercheurs de l’INRA (Institut national de la recherche agronomique) pour le grand public et les agriculteurs professionnels à la recherche de technique pour préserver les sols de l’érosion et de la perte de fertilité. «Nous avons planté ici une cinquantaine de variétés différentes de blé que nous avons récupérées dans les conservatoires de graines anciennes et qui n’étaient plus utilisées. A l’heure actuelle, le catalogue propose 200 variétés mais elles sont aujourd’hui très homogènes du fait de la sélection. Alors, nous cultivons ces variétés oubliées pour pouvoir apporter davantage de diversité et par conséquent, maximiser le rendement», détaille l’agronome.
Avec le Gab (Groupement des agriculteurs bio) d’Ile-de-France, Terre de liens (association qui oeuvre à préserver les terres en aidant les paysans à s’installer), la fédération des jardins collectifs, d’autres associations, l’école nationale vétérinaire, des villes, le Conseil départemental et le territoire Grand Paris Sud Est Avenir, principal territoire agricole du département), Agrof’île est venue signer la charte pour l’avenir de l’agriculture en Val-de-Marne. *(liste complète des signataires en bas de l’article) Un document de quatre pages qui n’a pas de valeur contraignante mais acte un souhait partagé de maintenir des surfaces cultivées et en développer d’autres, d’encourager la transition écologique des exploitations existantes et de travailler à de nouvelles filières respectueuses de la planète. Le texte invite les collectivités à mettre l’agriculture au cœur des politiques d’aménagement du territoire et à promouvoir un modèle agricole aux cultures diversifiées, pérennes et innovantes en impliquant les citoyens grâce à l’économie sociale et solidaire.
« En France, on parle quelque fois de l’agriculture mais on n’y pense jamais, écrit le romancier et journaliste français Alphonse Karr. Alors essayons ici, en Val-de-Marne, de surmonter cet obstacle : pensons ensemble l’avenir de l’agriculture dans notre département et construisons aujourd’hui les réponses pour demain », a invité Christian Favier, président du Département. Un nouveau programme de rencontres devrait être organisé au cours des prochains mois pour s’intéresser plus spécifiquement à l’alimentation bio.
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*Les signataires :
- Conseil départemental du Val-de-Marne
- Grand Paris Sud est Avenir
- Ville d’Arcueil
- Ville de Champigny-sur-Marne
- Ville de Marolles-en-Brie
- Ville du Plessis-Trévise
- Ville de Vitry-sur-Seine
- Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement
- Groupe Valophis
- Ecole nationale vétérinaire d’Alfort
- Groupement des agriculteurs biologiques d’Île-de-France
- Agrof’île
- Courage le groupe
- Fédération des jardins familiaux et collectifs
- La ferme bio du Plateau Briard
- Planète Lilas
- Terre de liens Île-de-France
- Val bio Île-de-France
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