Logements | | 26/11/2019
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Valenton: les habitants disent non à la destruction partielle de la Lutèce

Valenton: les habitants disent non à la destruction partielle de la Lutèce © Ville de Valenton

Stupeur en septembre dernier à Valenton lorsque la municipalité prend connaissance d’une étude préalable à la rénovation urbaine du quartier de la Lutèce.

Si la majorité des 730 logements va pouvoir être réhabilitée, comme le réclament de longue date les locataires qui dénoncent depuis plusieurs années l’état de délabrement de logements, l’étude réalisée par le bailleur social Seqens (ex France Habitation, filiale de Action Logement) estime que 40% de l’ensemble immobilier est voué à la destruction. De quoi faire bondir la mairie mais aussi les habitants, conviés à une réunion publique d’information sur le sujet le 11 octobre dernier. Rapidement, l’idée chemine d’organiser une votation citoyenne sur le sujet.

Chose faite ce samedi 23 novembre à l’école élémentaire Henri Wallon de Valenton qui s’est transformée en bureau de vote. L’amicale des loctaires CNL du quartier de la Lutèce y a organisé, avec l’appui matériel de la mairie, un vote pour demander aux habitants de l’ensemble de se prononcer pour ou contre la démolition de 290 logements dans le cadre du programme de renouvellement urbain dont ce quartier prioritaire de la politique de la ville doit bénéficier.

Des 730 logements de la cité, 368 locataires ont participé à cette votation, dont 342 pour voter «non» à la démolition. Un résultat satisfaisant pour les organisateurs, rappelant que lors de leurs porte-à-porte réalisés en amont de cette initiative, ils ont constaté qu’une centaine de logements étaient inoccupés. A travers cette votation, l’amicale des locataires a voulu interpeller Seqens (ex France Habitation), le bailleur de la cité, estimant que les habitants n’étaient pas du tout concertés.

Le chiffre des 40% de démolition, c’est la mairie qui les a découverts en septembre, en prenant connaissance d’une étude patrimoniale menée dans le quartier par le bailleur. «C’est une cité qui n’a pas fait l’objet de rénovation depuis une trentaine d’années et nous savons qu’il y a des problèmes d’habitat insalubre mais nous avons été choqués de lire qu’ils comptaient détruire 40% du quartier, soit environ 290 logements. C’est une part prépondérante de l’ensemble», explique-t-on au cabinet de François Baud, maire PCF de Valenton.

Pas de dialogue

Entre la municipalité et le bailleur, l’ambiance n’est pas au beau fixe. Lors de la réunion publique, la ville fait savoir que le bailleur a refusé de venir défendre l’étude en question devant les habitants, et elle indique par ailleurs n’avoir pas obtenu d’entretien sur le sujet. C’est dans ce contexte un peu tendu qu’est organisée la votation citoyenne.

«Toute les affiches invitant les locataires à participer à la votation ont été retirées par le personnel du bailleur, à l’intérieur des bâtiments, mais aussi sur l’espace public. Toujours début novembre, ils ont également pris la décision unilatérale de mener un grand nettoyage et de faire enlever un véhicule ventouse qui servait de repère à des jeunes. Résultat, nous avons subi des représailles avec l’incendie du terrain synthétique voisin et avons évité, grâce au sang froid de la police que la situation ne s’enflamme.»

Crainte d’un exil forcé d’une partie des locataires

A priori, la perspective d’une reconstruction à neuf de logements dans cette cité vieillissante devrait plutôt satisfaire la population et les élus locaux. Mais si la démolition partielle du quartier est un sujet aussi épineux, c’est qu’il est actuellement impossible de reloger les locataires sur la commune.

«A Valenton, il y a chaque année, tous contingents compris, 100 logements qui se libèrent. Comment va-t-on faire pour trouver un appartement à ces gens là? Quelle garantie que les logements qui vont les remplacer ne verront pas leurs loyers augmenter, les privant ainsi de retour ? C’est l’inverse du protocole que la ville a signé et qui demandait le maintien des habitants historiques sur place ainsi qu’une concertation avec eux», questionne le cabinet.

“On ne peut pas accepter qu’un bailleur laisse pourrir un patrimoine pour ensuite le détruire à sa guise. Les locataires méritent respect et attention”, dénonce pour sa part la CNL, à l’initiative de la votation.

François Baud a demandé a être reçue par le préfet du Val-de-Marne pour lui exposer la situation et trouver une solution.

Le bailleur Seqens a été sollicité mais n’a pas encore donné suite.

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