C’était une première en Val-de-Marne. Créteil a accueilli cette année l’un des villages du Mois sans tabac sur la dalle de l’hôtel de ville, avec beaucoup de professionnels motivés pour aider les fumeurs souhaitant arrêter, des tabacologues aux diététiciennes ou sophrologues. Peu de candidats ont toutefois répondu à l’appel.
“C’est une campagne nationale mais ce type d’événement permet de la décliner au niveau local. L’année dernière, nous l’avons organisé à Stains (93), rattaché à un autre événement, et nous avions touché environ 300 personnes”, témoigne Florine Douay, coordinatrice #MoisSansTabac. Pour cette première à Créteil, qui proposait un espace nutrition, un vélo à smoothie, des entretiens avec trois tabacologues, des diététiciennes, le bus santé du Val-de-Marne, le tout ouvert à tous et gratuit, la foule n’était pas au rendez-vous.
Quelques dizaines de personnes se sont arrêtées sur place, à l’instar de Jean-Paul, 73 ans, retraité. “J’habite dans le quartier, quand j’ai vu les stands, je me suis arrêté pour voir. J’étais un fumeur de mes 14 ans à mes 57 ans. Je n’aimais pas vraiment la cigarette, au début c’était pour faire comme les copains, nous achetions des P4. Je fumais 6/7 cigarettes par jour, puis j’en ai eu marre un jour. Il restait la moitié d’un paquet de cigarette que j’ai mis dans ma commode, puis j’ai acheté et consommé la moitié d’un paquet de substituts. C’est une question de volonté. Les initiatives extérieures comme la campagne du Mois sans Tabac peuvent influencer certaines personnes. Mais ça reste un acte individuel”,estime-t-il.
“Moi, j’ai pris quelques kits et prospectus pour mes collègues qui veulent arrêter la cigarette. Mais personnellement je n’ai jamais fumé, cela ne m’a jamais attiré”, raconte Marie, qui passait aussi par là.
Justine, 23 ans, commerciale, aimerait bien arrêter, même si elle ne fume q’u’en soirée. “Pendant 6 mois, je fumais 4/5 cigarettes par jour mais j’ai tout de suite ressenti les effets sur ma santé et notamment ma gorge. Maintenant, je ne fume qu’en soirée. C’est une question d’habitude avec mes amis, c’est un petit moment à nous et ça donne l’illusion de se détendre. J’aimerais bien arrêter de fumer même en soirée. Ce genre de campagne (Mois sans tabac) permet de se sentir moins seul quand on arrête, il y a un sentiment de groupe.”
Faire peur ne sert à rien
Du côté des professionnels présents, peu de fumeurs également.”J’ai l’impression d’être un ancien fumeur à force d’avoir parlé avec des personnes qui ont fumé, s’amuse Jean-Michel, tabacologue. A l’âge de 7 ans, j’ai essayé une cigarette, mais je n’ai pas aimé. J’ai été enfumé toute ma jeunesse car mon père fumait. Je travaille pour la Fondation du souffle dans laquelle je suis médecin de prévention et en complément tabacologue. Quand je reçois une personne qui veut arrêter la cigarette, je fais un entretien motivationnel. Il s’agit de savoir où en est la personne, quels sont ses besoins, ses désirs, explorer ce qu’elle ressent. Ensuite, je peux l’orienter et la conseiller de la bonne façon. Cela relève davantage de la psychologie que de la médecine.”
“Avant, on démontrait avec force que le tabac est mauvais pour la santé. La prévention devait inspirer la peur. Un peu comme dans les publicités pour la sécurité routière. Non seulement cela ne fonctionne pas, mais c’est aussi contre-productif. L’arrêt de la cigarette est une affaire personnelle. Il faut faire confiance à ses capacités propres et trouver les bons moyens pour arrêter. On ne peut pas obliger les gens à arrêter et c’est tant mieux. La personne garde le goût de sa liberté personnelle. Il doit y avoir une volonté de modifier son comportement et pour cela, il faut avoir une vision globale de ce qui peut nous faire du bien. D’où l’intérêt de faire du yoga ou de la sophrologie pour avoir des alternatives au stress. Il y a une difficulté à faire avancer le savoir dans ce domaine, même dans le milieu médical il y a beaucoup d’idées reçues. Par exemple, on dit souvent que la nicotine est mauvaise dans la cigarette. En vérité, la quantité de nicotine est trop faible pour être un poison. La dangerosité de la nicotine est liée à l’addiction qu’elle provoque chez l’homme. Dans une cigarette, le monoxyde de carbone est bien plus dangereux sur le souffle d’une personne, ou encore le goudron qui agit sur la formation de cancer”, insiste le tabacologue.
Natacha Laptiff, diététicienne, est là pour rassurer ceux qui craignent de prendre du poids. “En moyenne les fumeurs qui arrêtent prennent 3 kilos. Cela s’explique par la nicotine présente dans la cigarette qui diminue l’appétit, augmente les dépenses énergétiques et ralentit le stockage des graisses. Le conseil que je donne est de ne pas remplacer le geste de la cigarette, par le geste de manger. Les conseils varient d’une personne à une autre, mais ma devise c’est d’y aller step by step”, conseille-t-elle. “Personnellement , je n’ai jamais fumé, ni même essayé. Mes parents étaient des fumeurs et la maison sentait souvent la cigarette. Quand ils fumaient dans une pièce, je devais rester dans une autre sinon j’étais malade, je toussais. Ce souvenir est resté.”
Lucie, 20 ans, est animatrice sur le village et connait aussi bien le problème. “C’est mon agence d’hôtesse qui m’a proposé cet événement et cela tombait bien car j’ai moi-même arrêté la cigarette il y a trois mois. C’était ma deuxième tentative. J’ai arrêté d’un coup sans réduire ma consommation, ni en utilisant des substituts. La première fois, je n’ai tenu que deux mois avant de reprendre durant un moment de stress dû à des examens. J’ai débuté au lycée comme tout le monde puis je suis rapidement devenue accro, je fumais un paquet par jour. Maintenant il n’y a absolument rien qui me manque là-dedans. J’en avais marre d’être dépendante de cette drogue, et cela devenait de plus en plus cher également. Ici, j’essaie d’inciter les passants à s’inscrire sur le site du Mois sans Tabac pour leur faire de la sensibilisation et du conseil.”
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