Deux semaine après l’incendie qui a détruit un bon tiers du bidonville le long de la RN19 à Bonneuil-sur-Marne et alors que se profile le chantier de prolongement de la RN406, la soixantaine de familles roms installées là depuis plusieurs années pourrait bientôt être expulsée. Le collectif Romeurope 94 et la municipalité redoutent cette issue et militent auprès de l’État pour la création d’un village d’insertion.
A peine les pompiers et les forces de police parties, les habitants du bidonville situé entre la RN19 et la RN406 à Bonneuil-sur-Marne se sont mis à dégager les décombres de l’incendie du 7 février dernier, avec l’aide des services techniques de la ville et la solidarité d’une enseigne de bricolage pour reconstruire des baraques. Certains sinistrés sont depuis retournés vivre dans le campement. Plusieurs familles, qui ont tout perdu dans l’incendie, ont décidé de partir à la recherche d’un autre terrain, conscients que ce bidonville où ils ont pu vivre pendant plusieurs années allait bientôt être démantelé. Et pour cause, il est installé sur une emprise vouée à être utilisée pour la création du prolongement de la RN 406 jusqu’au port de Bonneuil, dont les travaux préparatoires ont débuté et qui devrait entrer en phase chantier au printemps. Par ailleurs, ce bidonville est visé par une procédure d’expulsion qui pourrait prendre effet début avril, au sortir de la trêve hivernale.
Grâce à la fixation de ces populations dans ce bidonville, une quinzaine de familles bénéficient de dispositifs d’insertion divers. Certains habitants ont ainsi pu trouver un emploi, des jeunes sont en service civique, les enfants sont scolarisés. Malgré des conditions de vie précaires qui n’ont fait que s’aggraver avec l’incendie, ces populations redoutent de devoir quitter cet endroit. «Les familles ne veulent pas partir, se séparer. Elles sont encore aujourd’hui dans un grand état de stress concernant leur avenir proche (…) Il y a deux ans et demi Romeurope 94 et l’Association Convivances avaient proposés un projet d’insertion acceptée par la ville de Bonneuil mais refusé par la préfecture pour qui la résorption des bidonvilles relève essentiellement de l’expulsion», déplore Romeurope 94.
La préfecture du Val-de-Marne rappelle que l’État finance des actions sur le terrain au profit de l’insertion des populations roms. «Nous avons accompagné financièrement des projets dans toute l’Île-de-France de village d’insertion. A Bonneuil-sur-Marne, les discussions à ce sujet durent depuis 4 ans. Nous ne sommes pas opposés à un tel projet mais nous fonctionnons sur la base de partenariat, or, jusqu’à maintenant, c’est à l’État que l’on demande de contribuer ainsi que la mise à disposition du foncier. Or, nous n’avons pas de portefeuille foncier, et nos réserves ne sont que des délaissés de portions routières», motive le cabinet du préfet.
Pour la municipalité, des solutions existent sur le territoire
La commune de Bonneuil-sur-Marne n’a pas, elle non plus, de foncier à mettre à disposition de ce projet de village d’insertion. Ses services ont en revanche identifié des terrains comme une ancienne fourrière toute proche du campement actuel, le long de la RN19 vers Boissy-Saint-Léger. «Il existe également d’autres communes sur notre territoire qui disposent d’espaces intéressants comme le parc d’un château ou un ancien centre de séjour des PTT de 80 places mais il n’y a pas de volonté politique et l’État n’est pas assez coercitif en la matière», déplore le cabinet de Patrick Douet.
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