Anissa, 16 ans veut travailler dans le secteur de la petite enfance. Daouda la vingtaine, cherche un emploi dans la logistique. Fatoumata, du même âge, vise l’installation de fibre optique… Ce vendredi après-midi, une dizaine de bénéficiaires du programme Garantie jeunes sont réunis à la mission locale de Vitry-sur-Seine.
Sortis du système scolaire, sans emploi, et disposant de faibles ressources financières, ils ont été pris en charge par ce dispositif lancé en 2013 et déployé par les Missions locales (service public d’aide à l’insertion professionnelle des jeunes). Pendant une année, ils sont accompagnés dans leur projet d’insertion et bénéficient d’une allocation maximum de 497 euros. Après une session collective de deux semaines pour formaliser leur projet d’orientation, préparer leur CV et les entretiens d’embauche, ils sont ensuite coachés durant 11 mois pour chercher et multiplier les expériences professionnelles.
“L’idée est d’avoir plusieurs points d’ancrage, d’expériences différentes puis de débriefer avec son conseiller pour déterminer le projet professionnel”, résume Manuela Modrego, directrice adjointe de la mission locale. A la fin du processus, l’objectif est que chaque participant obtienne un emploi durable.
Des nouveaux profils apparus avec la crise
Mais le contexte sanitaire a bouleversé l’efficacité du dispositif « là où sereinement en 2019, on était à plus de 60% d’accès à l’emploi en moyenne, cette année on sera en baisse certaine » regrette la responsable. La faute aux secteurs d’activité durement touchés par la crise, comme l’hôtellerie, la restauration, ou la vente de prêt à porter, habituellement choisis par les jeunes de la mission locale. Par ailleurs, les règles sanitaires ont chamboulé l’organisation. « On a des listes d’attente pour la prochaine session collective en janvier, on prend 15 jeunes toutes les deux semaines alors que d’habitude c’est 30 sur le mois. On n’arrête pas d’enchainer » témoigne Dominique Montigny, un conseiller spécialisé.
La situation économique a également modifié la composition du public. Les jeunes ne viennent plus essentiellement de quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV), mais de franges plus larges de la population dont la santé financière s’est dégradée. Et puis il y a « les nouveaux profils comme les bacs et “bacs +” qu’on a vu apparaître très récemment. Par exemple, on a ceux qui n’ont pas d’entreprise et qui pourtant sont en CFA », constate Manuela Modrego.
Les secteurs qui emploient les jeunes frappés par la crise sanitaire
« Je suis venu pour trouver une alternance dans le bâtiment, j’avais déjà l’école mais je n’ai pas réussi à avoir une entreprise pour mon année de licence », témoigne Cheick-Oumar, 21 ans, un bac S et 2 ans de formation supérieure. « Je voulais me réorienter dans l’aéroportuaire mais en 2020 c’est compliqué, du coup je suis allée à la mission locale et je vais prendre un petit emploi pour cette année en tant qu’auxiliaire de vie scolaire », confie Nassika. Une solution par défaut pour la jeune femme de 22 ans, titulaire d’un bac pro en relation client et usager et avec déjà de nombreuses expériences professionnelles. « Je ne touche plus le chômage et je n’ai trouvé que cela », se résout-elle. Avec son allocation, Fatoumata, qui n’a jamais travaillé, compte pour sa part financer le permis de conduire indispensable pour le métier qu’elle veut exercer.
Objectif : 2800 jeunes en Val-de-Marne en 2020
Sur les 3600 jeunes accueillis chaque année dans les missions locales d’Ivry-sur-Seine et de Vitry-sur-Seine, 270 bénéficient de la garantie jeunes. Mais en raison de la fermeture des structures pendant le premier confinement, ce nombre est tombé à 194 personnes. “On a comme perspective de monter à 500 jeunes en 2021 avec l’augmentation du nombre de places par l’Etat dans le cadre du plan de relance” indique Florent Michelin, directeur général du groupement d’intérêt public (GIP) d’Ivry-Vitry, en charge des deux antennes. Fin novembre, le Premier ministre Jean Castex a annoncé le doublement des bénéficiaires pour 2021 avec un objectif de 200 000 jeunes au niveau national. C’est dans ce contexte que la sous-préfète de L’Haÿ-les-Roses, Martine Laquièze, s’est rendue sur place ce vendredi pour échanger avec les jeunes et les professionnels.
Pour l’année 2020, l’objectif départemental de 1400 devrait être rempli à 90% estime-t-on à la Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi dans le Val-de-Marne (DIRECCTE 94. En 2021, 2800 jeunes devraient bénéficier du dispositif dans le Val-de-Marne.
N'envoyez que des photos que vous avez prises vous-même, ou libres de tout droit. Les photos sont publiées sous votre responsabilité.