Initiative | | 16/01/2020
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A la prison de Fresnes, l’association D’ici à là fait vivre la nuit de la lecture

A la prison de Fresnes, l’association D’ici à là fait vivre la nuit de la lecture © D'ici à là

Promouvoir la lecture en prison, tel est l’objet de l’association D’ici à là qui oeuvre au quotidien pour y animer des bibliothèques et organiser des projets avec les détenus. Un travail de longue haleine qui s’illustrera ce jeudi soir en invitant la Nuit de la lecture derrière les murs. Portrait.

Créée en 2011 par Christelle Orifici et Pascale Cornet-Peres, l’association D’ici à là s’est particulièrement investie dans la Maison d’arrêt de Fresnes pour y faire vivre les 10 petites bibliothèques que l’établissement accueille dans chacune des divisions et développer une politique culturelle autour du livre. Une mission qui va de la gestion des acquisitions et de la valorisation du fonds à l’organisation de projets de lecture, dessin, écriture avec les détenus.

“Chaque bibliothèque est gérée par un détenu qui est formé pour être auxiliaire de bibliothèque”, explique Christelle Orifici, présidente de l’association D’ici à là. L’espace n’est très grand, de la taille de deux cellules comme l’on calcule en jargon pénitentiaire, mais l’on peut trouver tout de même entre 1500 et 2000 bouquins ainsi qu’un ordinateur. Une sortie plutôt appréciée des détenus qui peuvent se retrouver jusqu’à huit personnes et échanger un peu librement, sans surveillant. A côté des livres, il y a aussi quelques jeux, échecs, cartes… Un lieu de respiration. “Il n’y a pas de profil type dans les habitués de la bibliothèque. C’est vrai que le taux d’illettrisme est important parmi les détenus mais il y a aussi de grands lecteurs très pointus”, constate la présidente de l’association.

© Association D'ici à là

Au-delà de la gestion des bibliothèques, l’association anime aussi des projets avec les détenus autour de différentes thématiques comme par exemple l’atelier Carnets de voyage qui a permis aux usagers de la prison de s’évader dans des livres de voyage, plongeant dans ceux des autres avant de confectionner le leur dans le cadre d’un ouvrage collectif, avec à la clef une émission littéraire filmée par la chaîne associative TV Fresnes. Entièrement réalisée par des détenus, celle-ci est diffusée via un canal interne dans toutes les cellules.

Les personnes incarcérées ont aussi planché sur les Métamorphoses d’Ovide, prolongeant lecture et débats par un atelier de gravure, de travail corporel et d’improvisation théâtrale qui a donné lieu à un spectacle dans la prison. “On essaie d’aller au-delà du livre et de croiser les différentes disciplines”, témoigne Christelle Orifici.

Dès la première édition de la nuit de la lecture, lancée en 2016 par le ministère de la Culture pour inviter bibliothèques et librairies à ouvrir leurs portes en nocturne et proposer des animations exceptionnelles, l’association a décidé de faire vivre l’événement dans la prison, en proposant des ateliers en amont. Et cette année, c’est sur le conte que D’ici à là a choisi d’emmener les détenues et les détenus. “Nous avons d’abord organisé trois séances de lectures de contes puis huit séances d’initiation à la lecture à voix haute avec une conteuse”, indique Christielle Orifici.

Ce jeudi soir, c’est devant les autre détenus que les volontaires qui ont suivi cet atelier contes donneront de la voix pour raconter des histoires de Gougaud, Nasr Eddin et autres conteurs, dans l’amphithéâtre de la Maison d’arrêt.

En dehors de cet événement, l’association travaille aussi à la création d’un livre-audio par des parents détenus à destination de leurs enfants. A suivre.

Nuit de la lecture ouverte au public à Alfortville

Si la représentation de ce jeudi n’est pas ouverte au public, les amateurs de contes et personnes intéressées par cette forme de médiation culturelle pourront venir ce samedi 18 janvier à la librairie indépendante L’Établi d’Alfortville à partir de 19 heures. L’association y est invitée pour une rencontre contée en résonance avec l’atelier et la restitution menés en détention. Les échanges sur les pratiques de médiation culturelle en détention, écoute de travaux réalisés, seront animés par Sylvaine Jeminet, libraire de l’Établi. Catherine Pallaro, conteuse et auteure de « La jeune fille et le hibou » sera également présente pour une lecture/dédicace.

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