Ce jeudi, la première journée d’audience dédiée aux agressions de personnes d’origine asiatiques a permis à deux des victimes de venir témoigner de leur traumatisme Les trois prévenus, eux, ont exprimé des remords sans reconnaître l’intégralité des faits reprochés. Ils encourent jusqu’à 10 ans de prison.
Sur une petite carte du sud parisien, une quinzaine de points sont alignés le long d’un axe compris entre l’avenue de Choisy, dans le treizième arrondissement de Paris et l’avenue Rouget de Lisle à Vitry-sur-Seine. Chacun de ses marqueurs représente un vol avec violence perpétré au printemps 2019 sur une personne d’origine asiatique. Cette entreprise bien rodée qui reposait sur l’effet de surprise et la violence pour parvenir à subtiliser des sacs à mains aurait pu se perpétuer encore longtemps si un témoin n’avait pas pris l’initiative de prendre en chasse les agresseurs, le 13 avril 2019.
Après avoir vu une femme se faire traîner sur quelques mètres jusqu’à ce qu’elle lâche son sac, l’homme avait suivi en scooter le véhicule dans lequel l’agresseur s’était enfui et pris en photo leur plaque d’immatriculation avant de la communiquer à la police. Des éléments qui contribueront à identifier progressivement les agresseurs que très peu de victimes avaient jusqu’alors été en mesure d’identifier.
Ce jeudi 14 mai, les trois jeunes prévenus de vingt ans à peine ont reconnu très peu de faits, prétextant des trous de mémoire et modérant la stigmatisation des personnes d’origine asiatique et l’usage de la violence. «J’espère que vous avez fait l’effort de hausser le niveau de vos interventions et que vous avez pris conscience que vous n’avez pas face à vous des numéro. C’est le moment de sortir ses tripes pour se mettre au niveau des victimes», a invité le président Didier Cocquio au début de l’audience.
Des victimes qui restent traumatisées
Deux femmes sont venues témoigner des vols avec violences dont elles ont été victimes. La première, Atsem dans une école de Paris s’est faite arracher son sac à Vitry-sur-Seine, en partant de chez elle pour aller prendre son bus. Résistant à la première tentative, elle a terminé à terre. «Depuis je ne me sens plus en sécurité. Je ne descends plus à mon arrêt habituel parce j’ai peur. Je porte des sacs plus petits pour être moins exposée». La seconde, infirmière en réanimation dans un hôpital, s’est faite frapper jusqu’à ce qu’elle donne son sac, rue Pierre et Marie Curie à Ivry-sur-Seine . «Un an plus tard il m’est toujours difficile de sortir de chez moi, j’ai des douleurs chroniques au poignet qui me gênent dans mon métier. Je suis suivie par un psychologue. Cette situation n’est pas acceptable».
Dans ces deux cas, le mode opératoire a été identique. Un scooter électrique, peu bruyant permettait aux auteurs d’approcher la cible, le passager arrachait le sac par la sangle puis remontait et s’enfuyait avec son complice. En cas de résistance, les coups de pied, de poing et les balayettes pleuvaient sur les cibles tel que cet homme traîné sur plusieurs mètres, le visage ensanglanté. De nombreuses victimes ont préféré ne pas se rendre dans les services médico-judiciaires pour faire reconnaître leur traumatisme par peur des représailles ou voulant passer à autre chose.
Ces trois jeunes qui avaient vingt ans au moment des faits ont pour point commun d’avoir grandi dans un environnement familial sans problème particulier mais d’avoir connu des parcours scolaires inachevés suivis d’une succession de petits boulots notamment dans la restauration et le transport. Arnaques avec de fausses escort girl sur les réseaux sociaux, complicité lors d’extorsion, escroqueries, trafic de stupéfiants…. Dès 2017, ils commencent à déraper, jusqu’à cette série d’agressions.
Des préjugés qui ont la vie dure
«A Vitry, ça se sait que les Asiatiques se font voler. Ce n’est pas moi qui ai inventé ce préjugé. Ils se dit que comme ils ont racheté de nombreux bistrots, ils doivent avoir beaucoup d’argent en liquide sur eux», motive l’un des prévenus. A cette tirade, l’avocat représentant la ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) réagit en demandant si le préjugé s’était vérifié. «Si j’ai continué, c’est que la première fois, j’ai dû trouver de l’argent», rétorque l’accusé tout en reconnaissant éprouver des regrets après un an passé en détention à la maison d’arrêt de Fresnes. Au final, ce-sont des butins de quelques dizaines d’euros que se partageront les prévenus, en comptant les paiements sans contact effectués avec les cartes de crédit des victimes. «J’habite à Vitry, nous sommes entourés d’Asiatiques. Je ne suis pas raciste. Je respecte beaucoup mes voisins de pallier. J’ai déjà été manger chez certains. Je leur tiens la porte, je les aide à monter leurs courses. Jamais je n’aurais pu tenter de voler quelqu’un que mes parents auraient pu connaître», se défend encore l’agresseur, tout en reconnaissant avoir participé à des actes à caractère raciste.
Ce premier jour d’audience s’est terminé avant d’avoir pu entendre les plaidoiries des parties civiles (avocats représentants des victimes et avocats des associations SOS Racisme, LICRA, MRAP et Vigil’ance). Les trois prévenus risquent jusqu’à 10 ans de prison.
Je trouve scandaleux et lamentable de s’en prendre à des personnes à cause de préjugés, peu importe qu’elles soient étrangères ou des Français d’origines asiatiques.
Ce n’est ni plus ni moins qu’une forme de racisme sur fond de préjugés. Ce sont des peines exemplaires!!!
Surtout ne parlons pas de l’origine des prévenus. Contentons-nous de parler de celle des victimes. Scandaleusement fallacieux idéologiquement parlant.
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