Voilà quatre jours qu’une partie des salariés des laboratoires Biopath Unilabs se sont mis en grève et se rassemblent chaque matin devant la plateforme de Bry-sur-Marne. En première ligne face aux afflux de personnes en quête d’un test Covid-19, elles-mêmes au bord de la crise de nerfs, ils craquent.
«Nous sommes toutes seules face à des patients qui perdent patience, sont violents avec nous, verbalement voire physiquement», témoignent des infirmières d’un laboratoire de Pontault-Combault, qui n’ont pas oublié non plus leurs conditions d’exercice au plus fort de la crise sanitaire, en avril dernier. “C’est la cantine de la ville qui nous a fournies des surblouses. Nous n’avions qu’un masque par jour. Nous avons pratiqué des tests PCR sans l’équipement approprié et certains ont été contaminés.” Des témoignages dans lesquels se retrouvent les personnel des laboratoires de Bercy, La Queue-en-Brie, Roissy-en-Brie ou encore Valenton,. «Nous nous sommes pliés en quatre pour contenir l’afflux de patient. Impossible de prendre une pause, d’aller au toilettes, nos congés ont été déplacés. Avec les arrêts maladie, il a fallu pallier les absences. C’est très difficile aujourd’hui d’entendre le discours de la direction qui tente de nous culpabiliser par rapport à notre grève. Biopath nous a mis en chômage partiel à une reprise, lorsque la tarification à l’acte est devenue moins intéressante pour eux ! », poursuit une collègue.
De moins en moins de créneaux pour les tests
Eprouvés, ces professionnels doivent maintenant gérer la seconde vague et les longues files de patients devant leurs laboratoires. Pour ne pas bloquer les soins hors-Covid, les centres ont considérablement réduit leurs créneaux et font appel à des sous-traitant, eux-mêmes débordés. Des publics prioritaires sont donc désignés. «Du jour au lendemain, nous apprenons que nous passons de 10 à 8 places et c’est à nous de gérer cela avec les patients. De nombreux ultra-marins qui souhaitent voyager pour des événements familiaux et nécessitent un test se retrouvent bloqués parce qu’ils ne sont pas prioritaires. En donnant la priorité aux symptomatiques et aux personnes avec ordonnance, nous ne faisons que repousser le problème parce qu’avec l’hiver, ce public va exploser», explique une secrétaire.
Présents en nombre parmi les manifestants, les salariés de la plateforme centrale de Bry-sur-Marne, qui analyse les prélèvements issus de tout l’Est francilien, soulignent la situation paradoxale dans laquelle ils se trouvent. «C’est dingue que nous ayons été en mesure, pendant toute la durée du Tour de France de réaliser des centaines d’analyses de cyclistes et de leur staff, mais que nous soyons aujourd’hui dans l’incapacité de tester les habitants de la région», relève un agent.
Depuis lundi, les salariés en grève défendent des revendications salariales et une transformation de l’organisation. Avec la direction, les réunions se sont succédé mais aucune issue n’a encore été trouvée et ce jeudi, encore une centaine de salariés étaient rassemblés devant le site de Bry-sur-Marne. «Ils proposent une augmentation et une prime de deux fois 500 euros mais ça ne nous satisfait pas. Notre DRH ne sait pas parler social. Nous allons continuer de nous battre. Il faut que le mouvement s’étende dans tout le pays», insiste Savana Barat, déléguée FO. Les salariés souhaitent une augmentation de salaire de 200 euros nets par mois, une prime d’ancienneté et encore une prime par test Covid pratiqué. Avec son mégaphone, Savana Barat interroge le personnel. «On suspend la grève ?». «Noooooooon!»
Du côté de la direction du laboratoire, on rappelle que l’organisation du parcours de soins va être adaptée et on précise que plusieurs primes ont été attribuées et vont être à nouveau proposées. Pour l’heure toutefois, les négociations ont été rompues et le labo a alerté les patients sur son site Internet.
Pour rappel précis des revendications et position de la direction, lire article précédent :
Les salariés des laboratoires Biopath Unilabs en grève
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