“Nos p’tits mangent mal à midi (…) Balance ton plat!”, ont chanté à tue-tête les parents du collectif Arcueil, bien dans mon assiette ce vendredi matin, devant l’école Olympe de Gouges d’Arcueil, joignant le geste à la parole en jetant des barquettes en plastique comme celles quotidiennement utilisées dans leur école.
“42 000 repas préparés par 15 cuisiniers”, “250 barquettes jetées par jour et par école” dénoncent les banderoles des parents en colère. “On veut des plats cuisinés le jour même, localement et qui aient du goût, explique Stéphanie. Ça fait maintenant un an que l’on a commencé à s’intéresser à ce qu’il se passe dans et en dehors de l’assiette. On passe notre temps à expliquer aux enfants qu’il faut éviter le plastique et ils en ont quotidiennement à l’école… En plus, les barquettes sont stockées 2 à 5 jours dans des frigos, ce qui n’arrange pas la conservation des vitamines. elles sont livrées chaque matin par camion-frigorifique pour être réchauffées dans les fours des écoles”, poursuit Stéphanie.
En pleine campagne des municipales, les parents sont confiants “Cela commence à bouger : suite au succès de notre pétition, nous avons été reçus au Conseil municipal en avril dernier? Nous avons établi un dialogue avec le Siresco et obtenu le soutien du maire avec qui l’on s’entretient régulièrement. D’autres collectifs se créent : nous sommes ravis qu’il y ait un écho communal, régional et même national. Car c’est un enjeu national, d’où la création du CIVEHT”, enjoint Stéphanie. Le Collectif Inter Villes Pour des Enfants Heureux à Table, regroupe des parents de plusieurs communes membres du Siresco et c’est ce regroupement qui a permis l’obtention de réunions régulières avec le syndicat, en juin et en janvier derniers. Les fiches techniques des aliments sont par ailleurs accessibles depuis novembre sur le site du prestataire, ce qui a permis d’évaluer les quantités d’additifs, de sel et de sucre ingurgitées. “La prochaine est en prévue en juin, presque au moment des vacances scolaires et peu avant la rentrée ; on en attend beaucoup !”
Premières expérimentations Inox
“Le plus urgent, pour nous, ce sont les barquettes. Que ce soit d’un point de vue sanitaire ou environnemental : on a fait un gros diagnostic, on en a pris conscience, et nous ne sommes pas les seuls au vu des résultats des élections européennes. Notre maire est écolo, alors il nous soutient sur le principe. Lors de la réunion du CIVEHT avec le Siresco en janvier, nous avons obtenu l’expérimentation de plats en inox jusqu’en juin. Ils ont également annoncé la suppression de 15 additifs controversés, mais on continue à mettre la pression. Avec les élections municipales qui approchent, c’est le moment de se faire entendre. On espère n’avoir plus que de l’inox à la rentrée”, ajoute Perrine, mère d’un élève de 5 ans. Le maire EELV d’Arcueil, Christian Métairie, confirme. “La loi Egalim va imposer à terme la suppression des barquettes mais nous avons demandé au Siresco de mener des expérimentations dès aujourd’hui et nous sommes proposés comme volontaires. Le changement doit intervenir d’ici quelques semaines” indique l’édile.
Le petit syndicat devenu trop gros ?
Au-delà des barquettes, les parents dénoncent une organisation devenue un peu trop industrielle dans ses procédures. Depuis 2006, Arcueil fait partie du syndicat intercommunal Siresco, qui fournit 42000 repas par jour à 19 communes d’Île-de-France. Créé en 1993 par les communes de Bobigny (93) et Champigny-sur-Marne (94), le Siresco visait à mutualiser les moyens pour rationaliser l’organisation tout en restant en service public plutôt que de recourir à une délégation de service public auprès d’un opérateur privé. “Au début c’était plutôt bien venu. Mais là, on est à un ratio de 19 000 repas pour 7 cuisiniers…”, dénoncent les parents qui estiment que l’infrastructure, victime de son succès, est devenue trop industrielle et propose une cuisine d’assemblage, avec des légumes livrés déjà épluchés et découpés, des sauces en poudre et des additifs de conservation.
Pour les manifestants présents ce vendredi, le retour à une cuisine centrale pourrait être une option.”Et puis, ça permettrait de créer des emplois, insiste Stéphanie. Nous essayons d’ailleurs de chiffrer une alternative pour la proposer au maire, mais il ne s’agit pas d’augmenter le prix de la cantine. On travaille notamment sur l’idée du végétarisme, car on sait tous que la viande coûte plus cher, et aussi sur le bio qui fournit des légumes qui tiennent mieux au corps et à la cuisson. On peut évidemment se regrouper à deux ou trois villes, par exemple, mais pas plus.”
Si le Siresco essaie d’augmenter sa part de produits bio, à hauteur de 12 à 20 %, et réduit les plats ultra transformés, cuisiner des produits frais le jour même n’est pas encore envisageable. Pour les parents, c’est cette liaison froide, qui oblige à cuisiner les plats avec des additifs, à les refroidir et à les réchauffer, dont il faut se séparer. “La majorité des parents nous soutiennent, qu’ils soient déjà sensibilisés à cette cause, ou pas” reprend Stéphanie.
De son côté, le maire d’Arcueil propose de réaliser une audit de la situation et d’évaluer les meilleurs options pour augmenter la part du bio et proposer des produits non transformés. Des solution qui vont d’un maintien dans le Siresco avec une organisation plus déconcentrée au retrait du syndicat. “La question n’est pas de rester ou non dans le Siresco mais d’abord de savoir où l’on veut aller et avec quels moyens”, insiste l’édile.
Le maire est coincé entre son attache au PC et à son syndicat mastodonte, et sa nouvelle étiquette verte qui l’incite à soutenir les parents protestataires.
Créer des emplois locaux sans augmenter le prix de la cantine, et en améliorant la qualité, c’est sympa. Yaka. Mais à part une forte augmentation des subventions municipales, quelle solution ?
A moins de trouver un gros tas de dépenses inutiles dans la structure (publique) actuelle.
Juste un détail : si ces barquettes sont livrées tous les jours, pourquoi sont-elles stockées 2 à 5 jours dans les réfrigérateurs?
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