Ils sont présents sans relâche les premiers et troisièmes mardis du mois de 10h à 17h. A Bonneuil-sur-Marne, les bénévoles du Secours Populaire affrontent la crise sanitaire et sociale dans sa durée, avec un nombre de bénéficiaires qui a augmenté de 50%. L’engagement est resté intact mais l’épuisement guette.
10h30 ce mardi 17 novembre. dans la salle de la Cité Fabien, tout le monde est à son poste. Trois personnes enregistrent les bénéficiaires qui entrent au compte-goutte, Olivier distribue le lait, Nathalie les produits d’hygiènes, Léa la farine, Colette les produits frais, Anis les fruits et légumes, Denis les œufs et les conserves… En bout de chaine, Jean-Georges Belmont, responsable du centre, fait passer des sacs de pâtes et le beurre.
De quoi faire subsister sa famille pour deux semaines. Chacun peut aussi repartir avec un petit café, en libre-service sur une table. Une petite attention conviviale pour compenser une organisation rendue un peu clinique en raison du contexte sanitaire. “Avant c’était plus sympathique, il n’y avait pas cette chaine, les gens circulaient dans un petit circuit et au bout on avait un espace discussion ou on prenait le café tous ensemble”, confie Jean-Georges Belmont.
Des activités en moins mais 50% de public en plus
L’association a aussi dû supprimer les activités sportives et culturelles pour les enfants, la Foire aux livres, les permanences d’accueil et même la distribution vestimentaire le temps de ce reconfinement. Pas de quoi chômer pour autant. “On accueille 50% de public en plus : alimentaire et social confondu, avec de nouvelles personnes qu’on avait à la marge avant, comme les étudiants”, constate Véronick Chenaie, référente accueil de l’association. Elle s’occupe, avec d’autres, de recevoir les personnes précaires sur rendez-vous. Après un échange sur leur situation, ces personnes peuvent être inscrites sur les listes de distribution alimentaire, bénéficier d’une assistance pour l’accès aux aides sociales ou l’obtention de papiers, voire être dirigées vers des structures d’hébergement d’urgence. La demande d’aide alimentaire a recommencé à augmenter depuis le mois de septembre, “pas de manière aussi brutale qu’en mars dernier, de façon progressive”, détaille Jean-Georges Belmont.
« On doit être sur tous les fronts. Cela devient très lourd »
Ce matin, le centre de Bonneuil est débordé. “A cause du confinement, plein d’associations sont en stand-by, on doit être sur tous les fronts. Cela devient très lourd”, témoigne Véronick Chenaie. “Depuis le 15 mars, on est tout le temps sur le pont. Des fois, cela craque parce que les gens sont à bout. On ressent vraiment une fatigue psychologique.”
“L’équipe est usée, il y a une certaine lassitude”, soupire Denis. “On ne pensait vraiment pas qu’on recommencerait à ce rythme. Là, on ne sait pas quand cela s’arrêtera”, ajoute Danielle.
Des habitués et des nouveaux venus
Dehors, une cinquantaine de bénéficiaires font la queue. Ils devraient être 258, tout juste, à se présenter ce mardi. L’équivalent de 900 bouches à nourrir, puisque beaucoup viennent pour ravitailler leur famille.
Il y a des habitués, comme Nassira, agente de nettoyage, qui vient depuis deux ans. “On a de très bons rapports avec l’équipe. Ils sont tellement gentils”, se réconforte-t-elle. Ou comme cette jeune femme de 26 ans, esseulée dans la région parisienne et sans emploi. Elle est en contact avec le centre de Bonneuil depuis un an et le confinement n’arrange en rien sa situation. “Les entreprises évitent d’embaucher et on est limité dans nos déplacements, même dans notre autonomie matérielle. Faire tout bêtement des photocopies pour une demande d’aide, cela devient très compliqué.”
Il y a aussi les nouveaux venus comme Josef, 70 ans, retraité du bâtiment, qui vient pour la deuxième fois car sa retraite ne lui suffit pas. Francis aussi est venu pour la seconde fois. “C’est une aide supplémentaire. Je travaille dans un garage et on est tous au chômage partiel. Du coup c’est compliqué financièrement”, explique ce père de deux enfants.
De multiples sources d’approvisionnement
Pour répondre aux besoins, l’e Secours Populaire ne néglige aucun canal. Aujourd’hui, les produits secs viennent du Fonds Européen pour l’Aide aux Démunis, un programme de l’Union européenne qui finance l’achat de denrées essentielles pour des associations habilitées par les Etats membres. Les fruits et légumes sont des invendus du magasin Métro. Certains ont aussi été achetés à prix cassé à une entreprise partenaire basée à Rungis. Les visites dans les grandes surfaces permettent de collecter la crèmerie en date limite ou des produits pour bébé. Carniato, un grossiste de produits italiens basé dans la ville, offre également des pâtes et des pizzas toutes prêtes.
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