“Déjà qu’habituellement on manque de place!”: les patients atteints du Covid-19 se font certes moins nombreux en cette veille de Noël qu’au printemps ou en novembre, mais le virus continue de “tout compliquer” aux urgences de l’hôpital Saint-Camille à Bry-sur-Marne, près de Paris.
“Ici on ne manque jamais d’activité, mais là…”, avoue à l’AFP Junie Caron, médecin urgentiste qui arpente les couloirs jaunes et bleus de cet hôpital depuis 15 ans.
Si les suspicions de Covid représentaient 20% de l’activité des urgences au pic de la première vague, entre le 7 et 13 décembre ce taux était tombé à 2%, selon les données de Santé publique France. “Mais depuis 15 jours, ça remonte”, note le Dr Caron.
“Ca a tout compliqué, ce Covid”, explique sa consoeur Aude Carpentier. Car outre les patients “classiques” hospitalisés dans le service (œdèmes pulmonaires, problèmes cardiaques ou psychiatriques, personnes âgées…), les soignants doivent faire avec les tests de dépistage, les gestes barrières démultipliés, les contraintes d’isolement (alors que l’hôpital est essentiellement composé de chambres doubles)…
“Déjà qu’habituellement on n’a pas assez de place !”, souffle Junie Caron, qui passe “beaucoup de temps à chercher des lits”, à organiser qui peut aller où et avec qui.
“Une des difficultés de la 2e vague, c’est de faire coïncider l’activité Covid et l’activité non-Covid”, relève-t-elle. Surtout que d’ici peu arriveront les insuffisances cardiaques, conséquence de réveillons bien copieux, les dépressions de Noël, les blessures au couteau à huitres, etc.
Et la fatigue sera aussi de la partie. “La première vague a été dure mentalement mais là, pour la deuxième… On a dû chercher notre second souffle. Elle a fait mal”, avoue Joël Lelembe, interne en médecine d’urgence, qui regrette un sous-effectif chronique à l’hôpital.
“Bonjour! Thé, café, chocolat?”, entonne Stéphanie Garel, aide-soignante, en entrant dans une chambre où les trois cas de contamination par le coronavirus du jour tentent d’émerger. Arrivés aux urgences pour des raisons différentes allant du problème respiratoire au gros malaise en passant par un manque de potassium, ils ont tous eu le même diagnostic: le Covid.
“C’est pas terminé mais on va vers le positif, je ne m’inquiète pas trop pour la suite. Peut-être parce que je suis optimiste”, s’amuse Stéphanie Garel, qui note “qu’aujourd’hui, il y a moins d’angoisse”.
Dans une chambre un peu plus loin, une femme de 65 ans atteinte d’un cancer de la gorge a été testée négative au virus mais en souffre tout de même. “Je suis toute seule. Ma fille ne viendra pas me voir à Noël par peur d’attraper le virus à l’hôpital”, explique-t-elle en pleurant.
Dans la salle des soignants, une douzaine de personnes, pyjama bleu et masque de rigueur, récupèrent les résultats d’examens, remplissent les dossiers, répondent aux familles. “Je vais faire mes visites et je vous rappelle pour vous dire si votre mari sort ou si on l’hospitalise”, explique un médecin. “Test négatif pour le petit monsieur!”, annonce joyeusement un soignant.
A côté, le Dr Carpentier fait face à un de ces casse-têtes Covid: une auxiliaire de vie semble avoir contaminé un couple de personnes âgées en allant chez elles sans porter de masque. “La patiente, qui s’est fracturé la rotule, va être opérée puis placée en unité Covid. Son mari est à la maison, au lit avec de la toux et de la fièvre. Il lui faudrait une présence matin et soir”, décrit-elle à l’assistante sociale de l’hôpital.
De faux cadeaux de Noël trônent ici ou là. “D’habitude, le service est plus décoré. Mais cette année, on n’a pas eu le temps”, avoue Junie Caron.
par Laurence COUSTAL
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