Société | | 18/06/2020
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Cachan: le calvaire d’une septuagénaire mordue à répétition par les chiens de sa voisine du dessous

Cachan: le calvaire d’une septuagénaire mordue à répétition par les chiens de sa voisine du dessous

Il aura fallu que cette professeure retraitée se fasse tabasser à la limite de la torture début mai pour que prenne fin un calvaire de plusieurs années. Dans ce tranquille quartier pavillonnaire de Cachan, la vielle dame vivait dans l’angoisse de rentrer chez elle, mordue trois fois par les chiens de sa voisine du dessous.

La maison est coquette, fleurie, et l’on imagine aisément les apéros entre voisins dans la cour commune. Mais dans cette petite copropriété de la rue des Amandiers, l’ambiance ne s’y prête pas.

Habitant le premier étage de cette maisonnée depuis des dizaines d’années, Evelyne, aujourd’hui âgée de 73 ans, connaît pourtant bien sa voisine du rez-de-chaussée qui y habite après avoir repris l’appartement de son père. Mais depuis longtemps déjà, rien ne va plus.

Entre les deux copropriétaires, un premier incident intervient en 2003, avec une morsure de chien qui occasionnera deux jours d’ITT (Interruption temporaire de travail, outil de mesure d’un préjudice physique) à la professeure. Pour cet incident, la voisine sera condamnée à 50 euros, rappelle l’avocat de la victime, maître Sven Rauline. Le 19 août 2018, nouvelle morsure, plus grave. Cette fois, les deux terriers de la voisine, Léo et Léa (un west highland white et un scottish) croquent un morceau de jambe de la septuagénaire. une morsure qui occasionnera 45 jours d’ITT. La voisine, elle, reconnaît un pincement et s’en sortira par un rappel à la loi.

Malheureusement, le calvaire n’est pas terminé pour Evelyne. A peine remise, quinze mois plus tard, elle est à nouveau attaquée le 9 novembre 2019 et une partie de sa jambe est littéralement déchiquetée. Elle perd connaissance tant l’attaque est violente, et échappe de justesse à l’amputation. Elle doit encore subir des greffes à ce jour.

Hospitalisée en soins de suite à L’Haÿ-les-Roses, la septuagénaire est terrorisée à l’idée de rentrer chez elle et écrit même à la mairie de Cachan pour demander de l’aide, début 2020, alors qu’elle s’apprête à quitter la clinique. “Les services sociaux et la police municipale sont venus sur place et restent à l’écoute de la situation”, indique-t-on au cabinet de la maire. Reçue par les services de la ville pour expliquer la situation, c’est effectivement accompagnée de la police municipale qu’elle regagnera son domicile.

Mais Evelyne ne se sent pas en sécurité et évite rapidement sa propre maison. “Comme je ne pouvais pas toujours rester chez des amis ou dormir à l’hôtel, j’ai fait des échanges de services contre une chambre. Je ne revenais chez moi que lorsque j’étais accompagnée par quelqu’un pour entrer, et ne ressortais ensuite qu’entre 2 heures et 5 heures du matin pour être sûre de ne croiser personne”, témoigne-t-elle.

L’ancienne professeure de sciences n’est pourtant pas du genre à se laisser abattre, investie dans plusieurs associations, de vélo, jardin partagé et encore de recyclage par l’art. Mais elle reste traumatisée par cette dernière blessure qui a failli lui coûter une jambe, et n’ose pas revenir prendre possession de son logement, jusqu’à ce printemps 2020.

“Mes amis m’ont donné des grosses bottes de protection, un pulvérisateur de poivre et m’ont encouragée à rentrer chez moi”, raconte Evelyne. Le jeudi 8 mai, quelques jours avant le déconfinement, elle prend son courage à deux mains et reprend le chemin de son domicile dans l’après-midi. Dans la cour commune de la maison, la voisine et deux de ses amis festoient. La copropriétaire préfère donc rester d’abord dans le jardin. “A 21 heures, il s’est mis à pleuvoir et je n’entendais plus de musique, alors j’ai enfilé mes bottes et je suis remontée, chargée de tous mes bagages. J’étais confiante”, confie-t-elle. “Mais lorsque je suis arrivée dans l’entrée, une amie de la voisine barrait le passage et m’a demandé de la supplier pour pouvoir passer, et puis les coups ont commencé à pleuvoir. La voisine et ses deux amis m’ont tirée par les cheveux, tordue à l’envers au-dessus du barbecue, enfoncé les pouces dans les yeux, craché dessus… J’ai réussi à sortir mon pulvérisateur de poivre mais on me l’a enlevé des mains tout de suite. Et puis je me suis évanouie.”

Une scène de quasi-torture durant laquelle Evelyne crie, hurle sa souffrance. Au troisième et dernier étage de la maison, un autre voisin est là, mais il dira plus tard qu’il n’a rien entendu, il était “sous la douche”.

Dans la rue, heureusement, il y a un jeune homme d’une vingtaine d’années qui a non seulement entendu mais aussi réagi, et appelé immédiatement la police. Celle-ci sera sur les lieux moins d’un quart d’heure après.

Interpellés et convoqués en comparution immédiate le lundi suivant, avant un renvoi devant la chambre correctionnelle du Tribunal de Créteil début juin, les prévenus écopent d’une peine de 12 mois avec sursis probatoire, interdiction d’entrer en contact et obligation de déménager. Ce mardi, la voisine a également été condamnée à 6 mois de prison avec sursis probatoire supplémentaire pour la morsure de novembre 2019, détaille l’avocat d’Evelyne, maître Sven Rauline. Une condamnation contre laquelle elle peut faire appel mais qui est exécutable immédiatement. “Il reste désormais à estimer le montant des dommages et intérêts avec une nouvelle expertise pour chaque affaire”, poursuit l’avocat qui salue le travail du commissariat du Kremlin-Bicêtre, lequel a“pu démontrer que la voisine était bien sur place le soir du 9 novembre grâce aux bornages de son téléphone mobile.”

Concernant les deux chiens, Léo et Léa, le procureur de la République a demandé à ce qu’ils soient piqués mais le juge n’a pas donné suite, indique un ami de la victime.

Evelyne, elle, est toujours hospitalisée. Après avoir passé dix jours à l’hôpital Bicêtre suite à son agression, puis être rentrée enfin dans sa maison, elle a à nouveau été hospitalisée au CHU Mondor de Créteil pour un infarctus, fragilisée par la suite d’événements traumatiques qu’elle a subis ces derniers mois.

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