La tension monte à l’intérieur du Centre de rétention administrative (CRA) pour étrangers de Vincennes, alors que la promiscuité demeure malgré l’épidémie de coronavirus. La présence désormais avérée de plusieurs cas met le feu aux poudres.
Les CRA, qui retiennent des résidents étrangers en situation irrégulière en attendant de statuer sur leur cas, soit en les relâchant, soit en les expulsant hors de France, sont-ils indispensables en pleine épidémie de coronavirus Covid 19 ? Fin mars, un collectif d’associations et syndicats* avait plaidé que non en déposant un référé liberté devant le Conseil d’Etat, considérant que le maintien de ces centres contribue au développement de la pandémie alors qu’ils ne sont pas indispensables à la nation. Quelques jours plus tard, la requête était rejetée par le Conseil d’Etat.
* (le Groupe d’information et de soutien des immigré.e.s (GISTI), l’association « Avocats pour la Défense des Droits des Etrangers » (ADDE), le Syndicat des avocats de France, l’association La Cimade et le Conseil national des barreaux)
Au CRA de Vincennes, l’un des deux centres, le CRA1, a été fermé, mais l’autre est resté ouvert et il reste à ce jour une cinquantaine de retenus, à plusieurs par chambre, avec même de nouvelles arrivées ces derniers jours.
Au moins 3 retenus et plusieurs agents de police atteints du Covid 19
C’est dans ce contexte que le test positif d’un retenu géorgien a suscité panique et tensions, alors que ce dernier était entré dans le centre le 7 mars, soit plusieurs semaines avant, impliquant une contamination depuis l’intérieur du centre. C’est l’association Assfam, qui intervient en soutien aux retenus, qui a révélé le premier cas ce jeudi 9 avril.
De source associative, le retenu géorgien a été transféré dans un centre Covid de Châtenay-Malabry, Un retenu roumain qui partageait sa chambre et soupçonné d’être Covid Plus a aussi été transféré ailleurs. Et un troisième retenu, roumain lui aussi, qui a également partagé la chambre, présente à son tour les symptômes du Covid 19, indique une source associative. Par ailleurs, plusieurs policiers ont été testés positifs et sont actuellement en confinement chez eux.
Plainte déposée pour mise en danger de la vie d’autrui
Alors que le coronavirus Covid 19 a pour spécificité d’être extrêmement contagieux, ces cas avérés à l’intérieur du centre, dont les parties communes sont partagées par tous, a provoqué la peur et la colère des autres retenus et suscité une montée de la tension. “Certains paniquent et nous craignons un drame”, s’alarme un membre de l’association SOS Soutien Ô Sans Papiers, laquelle a déposé ce vendredi une plainte simple auprès du procureur de la République de Paris pour mise en danger de la vie d’autrui. “Les conditions sanitaires dans ce centre sont déplorables. Il n’y a pas de gel hydroalcoolique et quelques masques sont arrivés il y a trois jours seulement. Le confinement et la distance entre les retenus sont impossibles à respecter du fait de la configuration des lieux. Au vu de la chronologie, il est plus que probable que la majorité des personnes infectées l’ont été pendant leur séjour au centre de rétention. Il est d’ailleurs surprenant qu’aucun retenu n’ait été hospitalisé malgré la présence de plusieurs facteurs de comorbidité tels que des affections respiratoires chroniques. Les retenus ne disposent pas d’un réel accès aux soins et n’ont pas la possibilité de recourir aux services d’un interprète”, indique l’avocat de l’association, maître Henri Braun, dans son message au procureur.
Un syndicat policier réclame la fermeture du centre
Du côté de la police, cette situation n’est pas non plus perçue comme très rassurante en termes de précautions sanitaires. “Nous avons certes reçu un petit stock de masques mais nous souhaitons que tous les collègues soient dépistés. Nous avons demandé la fermeture du CRA pendant la période de confinement”, indique Rocco Contento, secrétaire départemental de SGP Police Paris.
Mise à jour au 14 avril : une source associative indique un quatrième cas.
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