Chauffage, isolation, sécurité… Rien ne va plus au numéro 8 de la rue du Port aux Lions, à Charenton-le-Pont, selon l’amicale de locataires du Tripode, une résidence sociale de 256 logements, qui en appelle à l’Immobilière 3F pour réaliser des travaux.
Mohamed Benyamina, président de La Charentonaise, est déterminé : “On a entendu parler de la réunion publique du Plessis-Trévise.” Certes, la situation n’est pas comparable à celle des locataires de la résidence l’Orée du Parc, au Plessis. Mais les locataires du même bailleur, I3F, en ont ras-le-bol des problèmes de chauffage, d’isolation et de sécurité, et ont décidé de le faire savoir. Cette fin novembre 2019, une dizaine se relaient pou faire la visite des lieux.
“La dératisation qu’on attendait depuis juin vient d’être faite, donc ça va beaucoup mieux. Mais la porte du parking et sa deuxième porte d’accès sont souvent cassées, et ça facilite l’entrée sur les lieux des jeunes. J’ai une fille, et j’ai peur pour elle. On subit des agressions verbales, on respire leur cannabis dans le hall, les escaliers… Les portes des caves sont forcées par des jeunes qui n’habitent même pas ici“, confie une locataire du 3ème étage de l’aile A. “Ces portes devraient être systématiquement réparées, ou mieux consolidées. On paye des charges pour ça !”, réclame le président de l’amicale.
“Ils enjambent les grilles qui permettent d’accéder à la résidence. Comme il y a trois immeubles en un, il y a 3 entrées, 3 sorties. Alors quand la police arrive d’un côté, ils n’ont qu’à ressortir par un autre. Pour les identifier, des caméras avaient été installées mais détruites peu après”, reprend l’habitante du 3ème. “On demande plus de caméras, plus de rondes, et un rehaussement des murets” liste Mohamed Benyamina. “Ma fille de 8 ans est traumatisée depuis qu’elle a vu un toxicomane dans les escaliers. C’est sûrement lié au trafic des jeunes qui y fument, en plus d’y boire et uriner” rajoute une jeune mère.
Fuites, humidité et chauffage insuffisant
“J’ai aussi rencontré des problèmes de fuite. Et même en ayant souscrit un contrat confort, ma chasse d’eau débloque. La cuvette déborde! J’ai connu des problèmes de chauffage également, mais ça va mieux depuis que la mairie s’est déplacée pour le régler”, décrit une habitante.
sur les plafonds des halls, les premiers craquèlements ont commencé il y a plusieurs années.“C’est lié à un travail de canalisation et d’isolation très mal fait”, analyse un locataire.
“- Chez moi, il fait super froid. Aussi bien dans le salon que dans les chambres. Heureusement, nous avons notre chauffage d’appoint. – Ah bon? Nous, nous avons trop chaud ! – Alors, je veux bien inverser!” échangent deux autres. “Je suis située en bout d’aile, donc forcément, il y fait plus froid, explique une autre.
“Quand ils m’ont attribué cet appartement, l’eau chaude ne fonctionnait déjà pas dans la cuisine. Et ça fait trois ans que le problème a été signalé. Pourtant, le bail du dessus qui présente les mêmes anomalies a été loué depuis peu. On ne m’a pas non plus proposé d’être relogée le temps de faire des réparations. Comment fait-on au quotidien ? Je fais chauffer de l’eau au micro-ondes ou dans la salle de bain.”, explique une autre locataire, qui vient d’ouvrir sa porte. En ce qui concerne ma chambre, elle se situe à l’extrémité d’une aile : il y fait donc froid. Et en plus de ce problème d’isolation, les cloisons laissent passer les odeurs de cuisine…” Deux des murs de sa chambre sont en relation directe avec l’extérieur, ce qui explique leur froideur, que l’on constate en y plaquant sa main. On retrouve ce froid en dessous des fenêtres. “Etant donné que mon fils est asthmatique, je préfère que ce soit moi qui dorme dans cette pièce. En plus, le nouveau système d’aération est défaillant, ce la risque de ne pas arranger son état.”
Au 16ème étage de l’aile C, même condensation autour des fenêtres du salon. Dans les chambres des enfants, des champignons stagnent autour des fenêtres. “Nous l’avons pourtant signalé“, indique la locataire. “Tout le monde n’a pas les moyens, comme nous, de refaire les isolations des fenêtres”, débarque une voisine, qui s’estime chanceuse. Son mari en profite pour parler du parking et des “gouttes de peinture blanches qui tombent du plafond sur les voitures“. “Globalement, il y a un problème de sous-traitance, poursuit-il. Un plombier était par exemple venu réparer une fuite, mais nous nous sommes retrouvés avec une situation pire qu’au départ. Et le dégât a mis 3 mois à nous être remboursé…”.
Début décembre, une réunion a permis aux locataires de s’expliquer avec le bailleur. Ces derniers ont aussi été reçus en mairie. “Les 3F ont entamé la sécurisation du sous-sol en condamnant l’accès situé dans le hall, en vue des travaux prévus pour janvier. Une nouvelle porte plus sécurisée a été mise en place côté extérieur. C’est beaucoup mieux”, reconnaît le président de l’amicale. Le 16 décembre, le cas du Tripode a également été évoqué lors d’une commission départementale de concertation locative, à la direction départementale du bailleur, à Alfortville. Concernant le cas du “Tripode”, une nouvelle réunion est programmée le 27 décembre. Entre temps, le maire se rend aussi sur place.
“La réunion du 27 décembre s’est révélée houleuse. On dit vouloir nous écouter mais on ressent sinon une suffisance à notre égard, une certaine obstination. Des travaux pour remédier aux problèmes d’aération et d’isolation sont, nous dit-on ‘commandés’, tout comme les problèmes d’eau chaude rencontrés. Mais nous attendons qu’ils se concrétisent”, relate le président de l’amicale. De nouvelles caméras de surveillance sont par ailleurs promises, et un gardien complémentaire serait en cours de recrutement car la résidence est prévue en principe pour qu’il y en ait au moins deux. “Cette situation n’est pas normale. Ce ne sont donc pas des cadeaux, mais des obligations que le bailleur aurait dû remplir depuis bien longtemps“, enjoint Mohamed Benyamina.
Rénovation thermique :“Le Tripode ne fait pas partie des bâtiments prioritaires”
Du côté du bailleur, Olivier Perret, directeur départemental de l’Immobilière 3F, détaille les réponses apportées, indiquant que la famille d’un jeune qui posait problème a été expulsée de l’immeuble, et qu’une équipe de médiateurs de l’association Optima intervient régulièrement.
Concernant les moisissures, le directeur départemental convient que certaines mesures n’ont pas été appropriées. “On a remis à neuf le système VMC (ventilation mécanique contrôlée), mais certains logements ont vu apparaître des moisissures. Le bureau d’étude sollicité a commis une erreur dans le dimensionnement : il faut deux moteurs et non un seul, du moins pas de cette taille-là. Nous demandons la responsabilité civile du bureau pour être remboursés, et avons commandé les moteurs supplémentaires.” Quid des champignons en dessous des fenêtres ? “Il y a un an, je suis venu sur place et j’ai pu constater que certaines entrées d’air autour des fenêtres étaient bouchées par les locataires en raison du froid. Forcément, cela crée des champignons. Sous chaque porte d’entrée, il y a un nombre de centimètres nécessaires pour créer un appel d’air. S’il est obstrué, l’atmosphère de la chambre se charge en humidité et les champignons apparaissent. Selon nous, les fenêtres sont bien isolées au niveau du bruit, donc elles le sont au niveau du froid. Lorsqu’il y a de la condensation, c’est qu’il y a un manque de puissance du moteur de la VMC. La solution est alors d’en changer, ce que nous avons fait. Les locataires doivent déclarer les sinistres à leur assurance et nous les accompagnerons dans la prise en charge.”
Concernant les problèmes d’eau chaude, le directeur départemental reconnaît aussi un problème de qualité. “Nous avions remplacé le système de chauffage par des ‘mitigeurs’, censés emmener l’eau froide et l’eau chaude au même point. Mais certains sont visiblement de mauvaise qualité car l’eau froide prend le pas sur l’eau chaude. Le locataire du dessus doit ainsi récupérer l’eau froide du dessous. Pour y remédier, nous avons commandé des clapets anti-retours.” Concernant les dégâts des eaux, le directeur prévoit également des travaux de restauration pour 2020.
Concernant le chauffage en général, le bailleur doit gérer les priorités. “Nous avons entrepris une campagne de réhabilitation thermique, mais le Tripode ne fait pas partie des immeubles prioritaires. Pour chaque immeuble, la loi prévoit un diagnostic de consommation énergétique, et ceux obtenant ” E, F ou G” sont priorisés”.
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