Le siège du Conseil régional d’Ile-de-France a fait l’objet ce mardi d’une perquisition dans le cadre d’une enquête préliminaire du Parquet de Paris pour détournements de fonds publics ayant notamment trait à la question des collaborateurs d’élus. Une enquête ouverte en février suite à un signalement de la Chambre régionale de la Cour des comptes (CRC). Explications.
Interfaces entre les élus et les services d’une collectivité, les collaborateurs d’élus permettent à ces derniers de formaliser leur position politique alors qu’ils ont rarement 100% de leur temps à consacrer à leur mandat. Le financement de ces collaborateurs par les collectivités est néanmoins strictement réglementé et la confusion possible entre leurs missions et celle des fonctionnaires territoriaux fait l’objet d’une attention soutenue de la part des Chambres régionales de la Cour des comptes lors que celles-ci passent au tamis la gestion d’une collectivité. C’est dans ce contexte que la Chambre régionale d’Ile-de-France a regardé de près la situation du Conseil régional.
Pour précision, il convient de distinguer les collaborateurs de groupes d’élus dont le budget annuel ne doit pas dépasser 30 % du montant total des indemnités versées chaque année aux membres du conseil régional, cf article Article L4132-23 du Code générale des collectivités territoriales), et les collaborateurs de cabinet dont l’effectif est fixé en fonction du nombre d’habitants de la région, cf l’article 12 du décret 87-1004, soit 27 collaborateurs pour la région Ile-de-France. Le sujet ci-dessous concerne les collaborateurs de cabinet.
Un premier débat en 2016
Cette question avait occasionné un premier constat dans un rapport publié en 2016 portant sur les exercices 2010-2015. ” Les chargés de mission rattachés aux vice-présidents, qui sont recrutés en dehors de dispositifs légaux prévus à cet effet, portent à 36 le nombre de collaborateurs de cabinet, alors que les textes n’en autorisent que 27. Il convient donc que les lois et règlements en vigueur, qui sont sans équivoque à ce propos, soient respectés”, notait alors la CRC, demandant à l’exécutif régionale de “mettre fin au recrutement de chargés de mission auprès des membres de l’exécutif en dehors des dispositifs et plafonds prévus par les textes applicables aux collaborateurs d’élus”.
A cette époque, la présidente de région, Valérie Pécresse (Libres, élue en 2015 sous l’étiquette LR), avait répondu avoir régularisé la situation tandis que l’ancien président Jean-Paul Huchon (PS) s’était également exprimé sur la question, motivant le bien-fondé de ces poste de collaborateurs.
“Jusqu’à fin 2015, la Région avait ainsi recruté, auprès de nombreux vice-présidents, des chargés de missions dont l’activité relevait non seulement de la mise en œuvre des politiques publiques (étude sur l’opportunité d’un projet opérationnel, analyse des enjeux et des risques; proposition et
participation à l’amélioration et à la modernisation des actions de la collectivité, etc. ) mais également de la bonne coordination avec les travaux de l’Assemblée régionale (promotion de son secteur d’activité; développement et mobilisation du réseau partenarial ; participation à l’élaboration des rapports pour la Commission Permanente ou le Conseil Régional). Prenant acte de la demande de régularisation de la Chambre régionale des comptes énoncée dès le rapport d’observations provisoires, la Région s’est conformée à cette recommandation. Ainsi, depuis janvier 2016, des chargés de mission sectoriels ont été recrutés, qui sont rattachés à la Direction générale des services, pour permettre à celle-ci d’assurer dans les meilleurs conditions l’articulation nécessaire entre les travaux des services et les orientations arrêtées par l’exécutif”, développait Valérie Pécresse.
“Si dépassement du plafond il y a eu en Ile-de-France, il résultait d’une analyse de la charge de travail pesant sur les vice-présidents et ne pouvant être prise en charge, ni par le cabinet du Président, ni par l’administration, ni encore par les groupes d’ élus. Cette analyse a été partagée par l’autorité préfectorale sous la réserve que les emplois correspondants soient clairement identifiés, comptabilisés et autorisés par l’assemblée régionale. Dès lors, c’est sur cette tolérance du contrôle de légalité que ces emplois ont été créés sur autorisation explicite (par délibération) de la commission permanente. Je ne doute pas que la situation identifiée ici se retrouvera désormais dans l’ensemble des régions métropolitaines, tant les champs d’intervention et de responsabilités des vice-présidents de conseil régional sont élargis, tant sur le plan du territoire que sur le plan financier”, plaidait de son côté Jean-Paul Huchon.
Voir le rapport de 2016 et la réponse de la région
Publié début 2020, le nouveau rapport de la CRC, portant cette fois sur les exercices 2015 et suivants, a considéré que le fait de recruter des chargés de mission thématique sous la houlette de la direction générale des services ne mettait pas fin à l’irrégularité de leur emploi. “Les requêtes réalisées par la chambre et les informations fournies par la région, d’une part, et l’examen de 64 dossiers individuels de chargés de missions principalement placés auprès du DGS et du cabinet de la présidente, d’autre part, permettent d’établir que la situation irrégulière précédemment constatée par la chambre a perduré. Des chargés de mission sont toujours mis à disposition des vice-présidents. Seuls leur rattachement hiérarchique et l’intitulé de leurs postes ont été modifiés”, pointe la CRC. “Ainsi, au-delà des 27 collaborateurs de cabinet et des collaborateurs auprès des groupes politiques constitués au sein de l’assemblée délibérante, au moins 25 emplois ont été créés au sein de l’administration régionale pour remplir des missions d’assistance aux
élus”, chiffre la Chambre.
25 collaborateurs d’élus en trop selon la Chambre
“Ainsi, la région emploie à des fins d’assistance des élus au moins 25 emplois prélevés sur les moyens de son administration. Le coût correspondant peut être estimé au minimum à 1,27 M€ en 2016 et 2017”, ajoute la CRC qui dénonce par ailleurs un dépassement du plafond des rémunérations de ces collaborateurs.
La région considère avoir agi en transparence
En réponse aux observations et rappels à la loi de la Chambre, la région a rappelé avoir prévenu dès 2016 qu’elle allait procéder de cette manière sans que la CRC ne formule de critiques à ce sujet. La région indique aussi que les recrutements ont été soumis au contrôle de légalité. Elle fait également savoir qu’elle a mis fin à l’irrégularité constatée par la Chambre dès la publication de son rapport provisoire.
Bisbilles entre la Chambre et le Conseil régional à propos d’un des magistrats ayant procédé au contrôle
Dans la lettre de réponse du directeur général des services de la région au rapport provisoire de la Cour des comptes, un paragraphe met en cause l’un des magistrats participant au contrôle, considérant qu’il y a conflit d’intérêt manifeste car celui-ci, étiqueté LREM , est un opposant politique d’un des agents mis en cause et d’une conseillère régionale. Un paragraphe expurgé de la publication du rapport définitif de la Chambre (les rapports de la Cour des comptes sont toujours publiés avec les réponses des collectivités contrôlées en annexe) qui comporte un blanc en lieu de l’alinéa 4 de la réponse du DGS. En réponse, le conseiller maître de la Cour des comptes en charge du rapport a indiqué que le magistrat visé n’était pas l’un des rapporteurs qui ont conduit le contrôle.
Interrogé par Valérie Pécresse sur les raisons de la suppression du paragraphe, le conseiller maître indique que d’une part il n’en avait pas l’obligation car le courrier émanait du directeur des services et non de la présidente, et que d’autre les informations contenues dans ce paragraphe auraient permis d’identifier le magistrat. “Même si la question de la présence de ce magistrat au premier délibéré et de son déport peut être posée, il serait totalement déplacé d’affirmer que cette situation aurait entraîné une « instrumentalisation politique » de la chambre régionale des comptes”, se défend le conseiller maître.
Voir le rapport définitif 2020 avec les réponses de la région
bonjour, nous marchons sur la tete
les problèmes des finances publiques, la cour des comptes, les rapports intéréssent peu de gens.
il y a le risque des trois E ( Epérience , Expertise, Estime de soi ) du microcosme trés éloigné du quotidien de Monsieur et Madame ” tout le monde”. qui bataillent sur des sujets qui intéréssent qu’une minorité.
Par contre, il faut se méfier de la tendance a des comportements attitudes qui conduisent a des excés des mauvaises habitudes des exagérations des abus.
en effet, ce sont des deniers publics et non de l’argent de poche pour améliorer son train de vie son apparat,
il y a des contraintes budgétaires , la M-57, une réduction des recettes, une augmentation des taux d’intérets.autres
en période d’inflation les citoyens et les citoyens ont des fins de mois difficile
la réforme des retraites n’améliore pas le climat.
Posons d’abord que si délit(s) il y a eu, les coupables doivent être sanctionnés.
En espérant, dans cette perspective, que la justice saura être juste; les éventuels “faux chargés de mission et collaborateurs excédentaires” m’apparaissent plutôt être des receleurs. (de deniers publics via leurs émoluments)
Les élus et leurs dircabs seraient, alors et pour moi, commanditaires et principaux bénéficiaires. (de détournement des mêmes deniers publics)
En cas de sanction, j’ose espérer que “le tarif” que prendront les premiers sera sensiblement moins lourd que celui des seconds!
Ah…..mais quand même; ça sent – plus ou moins – bon….les élections…
Mauvais esprit m’objecteront certain.e.s
Soyons clairs et de suite: c’est une TRÈS BONNE CHOSE que la CRC contrôle l’utilisation licite, ou non, des deniers publics.
Ce sont bien ces deniers qui servent à la rémunération des élus –
qui feraient bien, au passage, d’arrêter de prendre leurs yeux et posture de jouvenceaux et jouvencelles lorsqu’on les interpelle à ce sujet – et de leurs collaborateurs.
Personne ne contestant l’utilité voire la nécessité de ces, derniers, emplois et donc le fait de rémunérer leurs titulaires.
Pour en revenir aux élections.
L’enquête de la CRC dont nous avons aujourd’hui écho porte, si j’ai bien compris, sur la période débutant en 2015 (avec quelques rappels de la précédente).
Certes, il a surement fallu entendre ces 64 personnes plus quelques membres de la direction générale et élus; allez 100 personnes, peut-être.
100 personnes et..5 ans. Et des conclusions, rendues publiques dès à ce stade (surement la loi, donc pas de problème pour la publicité)…..6 mois avant les régionales.
Parions qu’il en sera de même, puisque nous sommes dans 94.citoyens qui reviendra peut-être dessus, quant à l’enquête pour les mêmes faits qui a visé il y a 2 ou 3 ans le Conseil départemental du Val de Marne.
Là-aussi le dilemme semblait venir de la distorsion, doux euphémisme compte-tenu de mes souvenirs vagues du dossier, entre le nombre de collaborateurs du cabinet de M. Favier et le nombre maximal auquel il pouvait prétendre.
Et là aussi interrogation sur la question des chargés de mission (des fonctionnaires, titulaires ou non, recrutés pour exercer des missions strictement liées au fonctionnement des services, donc) qui auraient, dans les faits, exercé des fonctions politiques…
Mais nous verrons car les départementales ont également lieu au printemps 2021.
Après… tout ça n’est, surement, dû qu’à mon mauvais esprit qui se dit que LREM (oui, oui, je sais les CRC sont intégralement indépendantes de l’exécutif….comme la justice d’ailleurs, quand bien même le président de la République nomme, par décret, les magistrats du siège…) peut faire du tort à Mme Pécresse, laquelle peut s’avérer être une adversaire crédible au “Boss” en 2020. Pas cool….!!
Alors qu’il n’y a rien à espérer aux départementales en Val de Marne, où le seul espoir pour LREM d’exister est de s’allier avec…LR …Pas cool…!!
Bref, surement et même certainement, du mauvais esprit que de vouloir voir dans le choix de la date de cette sortie d’enquête une heureuse coïncidence pour la majorité parlementaire. Cool…!!!
Nous verrons….
Non, l’étude de la CRC portait sur les années 2014-2018.
Un rapport définitif a été rendu en mars 2020 (le rapport et les recommandations de la Cour étaient en possession de la Région depuis un an) avec compte tenu de l’inertie de Valérie Pécresse un signalement à la justice dans la foulée.
https://www.ccomptes.fr/system/files/2020-03/IDR2020-02_compresse.pdf
La magouille avec des grosses ficelles, ce n’est pas en cachant les chargés de mission auprès de la direction générale qu’ils n’existent plus.
C’est bizarre qu’ils aient cru que ça ne se verrait pas.
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