Détecteurs de fièvre, circuits différenciés… Après trois mois d’interruption, les vols commerciaux à l’aéroport d’Orly reprennent ce vendredi 26 juin avec moult précautions sanitaires. Reportage.
Vendredi matin, à 6 heures, un appareil de la compagnie Transavia, en partance pour Porto, marquera le retour des vols commerciaux à l’aéroport d’Orly après une trêve de trois mois où les pistes ont été réservées aux convois sanitaires, militaires et à des rapatriements. Un «water salute», tradition aéronautique qui consiste à arroser l’avion avec des lances à incendie, saluera ce nouveau départ. Il en avait été de même, le 31 mars, lors du décollage du dernier appareil avant la fermeture de l’aéroport. A quelques jours de la reprise, on s’active du tarmac aux halls de l’aéroport, pour coller à un strict protocole sanitaire. Au lieu de fonctionner sur quatre terminaux, l’activité se concentrera sur Orly 3, inauguré il y a un an.
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«A ce jour, le programme de nos compagnies aériennes correspond à peine à 20% de leur programme nominal. Nous nous ajustons en fonction pour leur proposer une organisation convenable. Dans l’optique de la reprise, nous avons rappelé 150 agents qui s’ajoutent aux 200 qui ont continué à être mobilisés pendant le confinement (environ 100 collaborateurs d’ADP sont encore en chômage partiel jusqu’en septembre). Ils occupent essentiellement des fonctions d’exploitation et techniques. Si le premier jour, nous avons 70 mouvements de prévus, nous monterons à 200 mouvements sur le premier week-end et passerons ensuite sur un volume un peu plus important à compter du 1er juillet», explique Nathalie Chailly, directrice du process passagers à Paris-Orly.
Des flacons de 500 ml autorisés à condition de transporter du gel hydro-alcoolique
Pour éviter que les passagers ne soient trop rapprochés, ADP a mis en place un corridor sanitaire du filtrage jusqu’à l’embarquement dans le sens des départs, et de l’avion à la réception des bagages pour les arrivées. «Les points d’inspection filtrage ont été réorganisés avec des marquages au sol. Les voyageurs sont autorisés à déroger à la limite des contenants liquides de 100 ml pour les solutions hydroalcoolique (500 ml). Et si une palpation est nécessaire, elle se fera de dos», détaille Cécile Charpentier, directrice chargée de l’inspection sur la plateforme d’Orly. Les bannettes dans lesquelles les passagers placent leurs effets personnels pour être scannés seront nettoyées régulièrement à la main et l’opérateur aéroportuaire expérimente un système de bain de plasma dont les ions ont un effet virucide. Mis à part le contrôle aux frontières qui nécessite de montrer son visage, le port du masque sera obligatoire tout le long du parcours.
Au niveau des portes d’embarquement, ce-sont les compagnies aériennes qui prennent le relais et imposent leurs propres protocoles. Chez Transavia par exemple, le port d’un masques chirurgical jetable est obligatoire lors du vol. «Nos appareils sont équipés d’un système qui permet le renouvellement de l’air toutes les trois minutes. Nous demandons aux passagers de limiter leurs déplacements pendant le voyage, et de s’assurer qu’ils n’ont pas de symptômes. En cas de soupçon, nous les isolons en vol et remplissons une fiche de traçabilité», résume Benjamin Bordet, directeur des opérations sol de Transavia.
Ce lundi soir, 120 des 189 sièges du Paris Porto de la compagnie étaient vendus. Les responsables de Transavia s’affichent sereins sur le taux de remplissage, comptant sur les réservations de dernière minute.
Détecteurs de fièvre
Comme à l’aéroport Charles-de-Gaulle, Orly s’est aussi doté d’un système de caméra thermique, installée à la sortie du hall de réception des bagages. Les températures de chacun apparaissent sur un moniteur, en rouge s si la donnée est supérieure à 38 degrés. Dans ce cas, le passager se voit proposer un second contrôle de température avec un opérateur infrarouge sans contact. «Nous n’avons aucun pouvoir de contraindre les passagers, c’est toujours sur la base du volontariat que nous leur proposons tests et conseils. Si le deuxième test est positif, un médecin du service médical d’urgence de l’aéroport peut analyser les symptômes et faire passer un test PCR», explique le docteur Chadi-Christian Jbeili.
La CGT ADP n’avale pas les propos du président à propos des “ajustements” d’effectifs
Ce dimanche, les le président d’Aéroports de Paris, Augustin de Romanet, a toutefois cassé un peu l’ambiance en confiant ses prévisions de réduction d’effectifs au Journal du Dimanche. «Nous allons perdre plus de 50 % de notre chiffre d’affaires, qui pourrait être amputé d’environ 2,5 milliards d’euros (…). Nous devrons procéder à des ajustements de même nature que ceux des compagnies aériennes », motivait le patron d’ADP. Des proposqui ont affolé les agents, en grande majorité en situation de chômage partiel. «Jusqu’à la semaine dernière, notre direction nous a bercés d’une belle histoire: le covid va permettre la création de nouveaux métiers, de nouvelles procédures, le rapatriement de certaines tâches qui étaient sous-traitées. Rien de tel nous avait été annoncé et de nombreux collaborateurs ont pris cette interview de M.de Romanet comme une traîtrise. S’il y a bien un moment où nous avions besoin d’un vrai dialogue social, c’est maintenant ! Nous allons utiliser le peu de moyens à notre disposition pour obtenir des informations auprès de notre hiérarchie : une demande d’expertise pour risque grave et réorganisation importante. Cela envoie un très mauvais signal à des salariés déjà angoissés par cette situation. Nous saluons en revanche l’action du directeur de Paris-Orly, Régis Lacote, qui s’est battu pour la réouverture de l’aéroport et a échangé davantage avec les organisations syndicales», commente Isabelle Brigand, responsable CGT de Paris-Orly.
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