Des chambres de 7 m2 avec cuisine, douche et toilettes accroupies sur le palier, une porte de secours cassée qui permet à de nombreux invités de venir faire la fête la nuit… Pour les résidents des 280 chambres du foyer Adoma de Boissy-Saint-Léger, dont certains ont un âge très avancé et une santé fragile, le “restez chez vous” n’a rien de rassurant pour se prémunir du coronavirus Covid 19.
“Cela fait trois semaines que l’accès extérieur à l’issue de secours est cassé et que 30 personnes viennent squatter ici tous les soirs en utilisant les douches et les toilettes”, témoigne Thierry (photo de une), locataire du foyer depuis 18 mois, en cours de préparation d’un dossier Dalo. Un témoignage confirmé par une dizaine d’autres. Ce mercredi matin, il fait beau et les petites fleurs commencent à pousser au pied du bâtiment mais cela ne change rien à leur colère. “On rentre ici comme dans un moulin, il n’y a personne pour vérifier que l’on habite bien ici. C’est cela le confinement ?”, questionne un résident qui réclame la présence d’un gardien, au moins pendant la période d’épidémie, pour s’assurer que seuls les locataires puissent entrer dans les lieux. “Nous avons signalé le problème mais il ne se passe rien.”
“Ici il y a des personnes âgées, fragiles, reprend Thierry, devant un papi qui prend le soleil dans sa chaise roulante et un autre installé sur un banc un peu plus loin. Si le coronavirus se propage ici, cela va être pire que dans un Ehpad”, prévient-il alors qu’une aide-soignante se dirige justement vers l’entrée. “Il y a même un locataire avec un respirateur”, insiste un voisin de couloir.
“Et puis, il y a la vétusté aussi“, poursuit un autre, citant l’humidité, la panne d’eau chaude de plusieurs semaines réparée depuis seulement quelques jours, l’ascenseur qui marche quand il veut, les rats qui s’invitent parfois, la salle de douche dont l’aération ne fonctionne pas… Un tableau pas terrible, qui devient franchement angoissant en période de confinement.
Seul refuge, la chambre de 7 m2 avec lit, fenêtre et lavabo, que certains résidents habitent à plusieurs, des familles monoparentales notamment. “Et pour cela, on paie 340 euros par mois. 220 euros d’indemnité de résidence et 120 euros pour les charges de ménage et de fourniture de draps propres tous les quinze jours”, détaille Thierry. “340 euros!” confirme-t-on depuis une fenêtre.
A l’extérieur, le ressentiment s’affiche sur un tag vengeur.
Il y a sept ans, l’alerte avait déjà été donnée concernant la vétusté de ce foyer Adoma. A l’époque, il était question d’une reconstruction prochaine, motivant l’absence de travaux d’importance en attendant. C’était en 2013.
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“Cette fois, le permis de construire est signé et les travaux commenceront dès septembre. Une résidence sociale de 211 logements d’une moyenne de 19 M2 va être construite dans le cadre de la zac de la Charmeraie. Les travaux seront achevés fin 2021 et une grande partie des résidents du foyer ont vocation à s’y installer. En attendant, nous avons déjà relogé un dizaine d’entre eux dans des logements sociaux, en partenariat avec l’Etat. Le Cada (Centre d’accueil des demandeurs d’asile) qui représente 80 chambres du foyer, sera par ailleurs transféré à Fontenay-sous-Bois”, explique le maire PS de la ville, Régis Charbonnier. “Dans l’immédiat, je vais alerter la direction d’Adoma pour qu’ils réparent la porte de secours. Mais malheureusement, celle-ci est régulièrement fracturée, parfois même par certains résidents qui font entrer leurs amis”, ajoute l’édile.
Contactée, la direction d’Adoma n’a pas encore réagi.
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Merci
Merci beaucoup pour votre retour super rapide et bravo à votre journaliste pour son courage, on n’oubliera pas, chapeau bas madame
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