Tous les jours, Christian (prénom changé) passe 6 heures dans les rues de la capitale à vider les corbeilles publiques dans un camion-poubelle. Employé par la Sepur, l’un des prestataires de la mairie de Paris, basé à Alfortville, l’éboueur craint d’être infecté par le coronavirus Covid 19, faute de protection suffisante.
Depuis plusieurs années, Christian arpente les rues de Paris à l’arrière d’un camion-poubelle. Ripeur, il vide les sacs d’ordures pendant six heures, entrecoupées d’une vingtaine de minutes de pause. Il y a quelques mois, la Sepur (Société d’Entretien et de Propreté Urbaine) a recruté l’éboueur expérimenté après avoir remporté un marché public de collecte de déchets de la mairie de Paris. Ses tournées débutent et se terminent dans la zone d’activité Val de Seine, dans le sud d’Alfortville, où la société a installé l’un de ses centres de tri en 2009.
Alors que l’épidémie de coronavirus Covid 19 a conduit au confinement généralisé et au matraquage de messages sur les gestes barrière, l’agent s’inquiète de la difficulté de les respecter dans son métier. «Les axes routiers sont plus fluides mais il y a du monde sur les trottoirs. Les gens toussent, éternuent. Nous retrouvons beaucoup de mouchoirs et de masques de protection usagés. Les corbeilles ne sont pas fermées donc dès que c’est plein, il y en a partout», décrit-il.
Des masques et des combinaisons jetables, voilà ce que voudrait Christian et ses collègues pour aller bosser sereinement. «Tous mes collègues ont peur d’attraper quelque chose. Nous avons une paire de gants en latex mais c’est loin d’être suffisant. Nous aimerions avoir des masques, des combinaisons jetables ou encore une prime de risque mais nous n’obtenons rien. Ils pensent que nous sommes des machines», poursuit l’éboueur.
Au sein de son dépôt, Christian raconte comment du jour au lendemain, son chef, dont l’état de santé s’est subitement dégradé, a été mis en arrêt de travail. Un mécanicien aurait également été renvoyé chez lui. «Notre hiérarchie ne nous a pas avertis. Par contre, le jour suivant le départ du mécanicien, le personnel travaillant dans les bureaux s’est mis en télé-travail!», déplore-t-il.
Craignant d’être infecté, des agents ont demandé à leurs responsables à minima du gel hydroalcoolique. «Il m’ont donné une petite bouteille avant de partir en tournée. Lorsque j’ai eu besoin de m’en servir, je me suis rendu compte que c’était du savon liquide. J’ai donc terminé la journée de travail avec les mains collantes. Ils ne prennent pas du tout la situation au sérieux. Je doute même qu’ils désinfectent les camions mais on ne sait rien», décrit l’éboueur.
Pour le ripeur, les agents de propreté ne sont pas traités dignement. Et de constater également le manque de considération dans les permanences de Paris où ils doivent récupérer leur plan de tournée et venir signer au début et à la fin de la collecte. «Désormais, ils interdisent aux ripeurs d’entrer dans les locaux. Il n’est plus possible non plus d’aller aux toilettes, alors, nous sommes obligés de le faire dans la rue».
En fin de journée, Christian tente de se désinfecter en rentrant chez lui, mail il reste toujours inquiet d’avoir ramené le virus.
Une pétition pour réclamer des protections
C’est dans ce contexte que les éboueurs de l’agence d’Alfortville ont lancé une pétition en ligne à l’attention du ministre de la Santé pour demander davantage de considération à leur égard et du matériel de protection adéquat. «S’ils continuent à être oubliés, au fur et à mesure, avec les rues vides de voiture, vides de population, les rats, les souris vont sortir le jour et vont s’occuper de nos poubelles sous nos yeux à nos fenêtres, nous qui sommes confinés», avertissent-ils.
Contactée le 25 avril, la Sepur n’a pas encore réagi.
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