Le champion d’Europe de triple saut comparaissait le vendredi 27 novembre pour “violences habituelles ayant entrainé une incapacité totale de travail inférieure à 8 jours” sur sa compagne. A l’issue du procès, il a écopé d’une peine de 6 mois de prison avec sursis et à vu une requalification de sa condamnation pour “violences” et non plus pour “violences habituelles”. A la demande de la défense, l’affaire n’apparaitra pas sur le bulletin numéro 2 de son casier judiciaire.
Face aux faits énoncés : “un étranglement”, “une gifle”, “un genou appuyé contre la machoire”, Benjamin Compaore assume : “je ne me dédouane de rien”. Néanmoins, il veut replacer ses violences commises entre août 2019 et mars 2020 dans leur contexte. Celui d’une situation “dégradée” où la violence “des deux côtés” est apparue comme une “mauvaise réponse”. Il dresse l’image d’un couple qui ne communique plus depuis 2018, année ou sa compagne entame une dépression post-partum. En 2019, à la naissance du second enfant, la situation empire “j’avais mon quotidien de sportif de haut niveau, je m’occupais des enfants et je passais un diplôme d’entraineur, j’avais l’impression de devoir faire face seul”. Selon ses dires, la mère de ses deux enfants, en proie à un mal-être profond, multiplie les crises de jalousies et d’hystéries et commence à être violente. Fin 2019, il décide de la quitter, “la pire chose que je pouvais lui faire” regrette-t-il. Continuant à vivre sous le même toit, il devient désobligeant : “t’es pas chez toi ici !”, et les violences s’accentuent. Dans la salle d’audience, il revendique tout de même le caractère défensif de son comportement “je la maintenais pour ne pas qu’elle me frappe” et réfute une responsabilité individuelle “autant elle que moi on a nos torts”.
“le moyen de stopper cette escalade entre nous”
Présente à ses côtés au tribunal, la victime corrobore le récit de son conjoint. Dans une période où elle était “complètement renfermée sur elle même” il lui est arrivé de porter le premier coup, mais elle indique aussi s’être sentie en danger “on a une différence de gabarit , je l’ai perçu comme de la violence”. Interrogée par la présidente du tribunal sur sa décision d’aller porter plainte en mars, elle justifie “c’était le moyen de stopper cette escalade entre nous”. Enfin, elle souligne le bénéfice de la thérapie de couple séparé entamé avec son conjoint et souhaite “qu’on puisse retrouver une vie normale pour nos enfants”.
Evaluant le positionnement de Benjamin Compaore “rassurant pour l’avenir, puisqu’il verbalise que sa réponse était inadaptée”, la procureure de la République a mené un réquisitoire relativement favorable à l’accusé, tout en insistant sur l’absence de légitime défense dont il aurait pu se prévaloir. Elle retient également les “vertus pédagogiques” de la procédure judiciaire et de l’obligation de soin, toujours en cours.
Un argument repris par la défense qui a aussi avancé “l’effet dissuasif” dont le prévenu a déjà pu faire l’expérience, autant professionnellement que psychiquement.
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