Très peu de nouveaux patients Covid aux urgences, un pic de patients psy qui ont décompensé pendant le confinement, le retour d’autres pathologies lourdes, la difficulté de réorganiser les services en aval des urgences pour concilier Covid et non Covid et rester prêt en cas de 2ème vague. Retour sur le reflux de la première vague de coronavirus Covid 19 aux urgences du CHU Mondor de Créteil (AP-HP), avec son chef de service, Mehdi Khellaf.
“Aujourd’hui, nous sommes revenus à 3-4 passages de patients Covid par jour alors qu’au pic de l’épidémie, fin mars, nous en avions 80 dont la moitié nécessitaient une hospitalisation”, indique Mehdi Khellaf, chef du service des urgences Mondor, le plus gros service d’urgences du Val-de-Marne.
En parallèle de ce reflux du coronavirus, les patients plus “classiques” ont retrouvé le chemin des urgences même si ce n’est pas encore au rythme d’avant la crise. “En temps normal, nous avons environ 160 passages par jour dont 25% nécessitent une hospitalisation. Aujourd’hui, nous sommes plutôt à 110 passages mais 40 à 50% des patients sont hospitalisés”, chiffre le professeur Khellaf. Un écart que le médecin explique par l’absence des pathologies plus bénignes.
Beaucoup de patients psy
“Nous avons en revanche un gros signal sur la psychiatrie. Un certain nombre de patients ont arrêté leur traitement et nous voyons arriver des schizophrènes et des bipolaires en pleine décompensation. Le weekend dernier, nous avons eu par exemple 15 patients en psy chaque jour, ce qui n’est pas du tout notre rythme habituel”, témoigne le médecin. En raison des mesures de confinement, le rituel du suivi dans les centres a en effet été bousculé et il faudra sans doute un peu de temps pour que ces patients retrouvent leur cadre.
“Nous avons aussi beaucoup de cas d’alcoolisme et avons vu revenir les problèmes cardiaques et neurologiques. Pendant le confinement, les urgences pour AVC avaient diminué de moitié”, poursuit le chef des urgences.
Réorganiser des filières non Covid en aval des urgences
Alors que l’hôpital s’était massivement converti en accueil coronavirus, l’enjeu est désormais de refaire de la place aux patients non Covid en aval des urgences, tout en conservant la double filière. En réanimation, il n y’a pas de problèmes car le nouveau bâtiment dit RBI (Réanimation Blocs Interventionnel) ouvert en avril a une large capacité d’accueil Covid. “C’est plus compliqué pour les hospitalisations en gériatrie, neurologie, cardiologie. Il n’y a pas assez de lits et nous devons stocker les patients aux urgences. Nous avons ouvert une unité tampon à la place de psychiatrie qui elle est partie à Chenevier. La difficulté est de faire la bascule dans l’autre sens. Il y a encore deux étages réquisitionnés pour le coronavirus même si nous sommes passés de 200 patients Covid hospitalisés dont 70 en réanimation à 60 hospitalisés dont 40 en réanimation”, détaille le chef de service, qui estime qu’il faudra encore 2 ou 3 semaines pour opérer cette transition.
Mais rester prêt en cas de 2ème vague
Un retour à la normale qui sera conditionné par le reflux définitif de l’épidémie, impossible à pronostiquer aujourd’hui. “Même s’il n’y a presque plus de patients coronavirus aux urgences, nous conservons deux circuits séparés et garderons des secteurs Covid pour accueillir tous les patients susceptibles d’être contaminés.”
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