Solidarité | Val-de-Marne | 11/06/2020
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Crise Covid en Val-de-Marne: les épiceries solidaires au secours des plus précaires

Crise Covid en Val-de-Marne: les épiceries solidaires au secours des plus précaires © Limeil-Brévannes

“Combien êtes-vous dans votre foyer ? 6 personnes? Ok, alors cela fait 5,50 euros de budget. On commence ?” annonce Saïda, bénévole au Co-pain, une épicerie solidaire d’Alfortville avant d’inviter Dana à la suivre dans les rayons. Avec 245 euros de budget par mois, cette dernière doit compter au centime près pour faire vivre son couple et ses quatre enfants, et le confinement lié à la pandémie de Covid n’a pas arrangé sa situation.

Dana (prénom modifié) a 39 ans, quatre enfants de 6 ans, 3 ans, 18 et 4 mois. Depuis un an, elle se rend une fois par semaine au 47 rue Marcelin Berthelot. Originaire d’Algérie, elle vient tout juste d’avoir son titre de séjour bien que résidant en France depuis plus de six ans. Un sésame qui devrait lui permettre de trouver un “vrai travail” lorsque l’activité aura repris. En attendant, elle vit dans un squat avec sa famille. “Cela fait six ans que j’habite à Alfortville. Avant, nous avions un petit appartement car mon mari travaillait sur les chantiers, mais il a reçu du métal dans l’œil. Il a dû arrêter de travailler, et comme il n’a pas de titre de séjour, il n’a pas d’aides. C’est pourquoi nous avons été expulsés, il y a peu de temps”, explique la mère de famille. Opéré, le mari de Dana doit encore attendre quelques semaines pour se remettre à travailler, le temps que son œil soit tout-à-fait guéri. “Il envisage de travailler n’importe où, par exemple sur les marchés. En attendant, le 115 nous a conseillés d’aller dans un refuge, mais très loin, dans le 91 je crois. Il n’y avait même pas de transports pour y aller, et puis je n’avais même plus assez d’argent pour payer 6 tickets”, raconte Dana. En attendant, son budget se résume donc aux 245 euros d’aide départementale mensuelle. “Je remplace parfois mes amies pour faire des ménages, mais c’est tout, car il faut s’occuper des enfants, surtout en ce moment : ils ne vont plus à l’école, et la crèche, c’est trop cher.”

Ici, Dana a le choix entre des yaourts, du fromage frais, de la charcuterie, des plats cuisinés aussi, surtout destinés aux personnes qui vivent dans des hôtels sociaux, du poisson surgelé, des glaces et du chocolat “pour les petits plaisirs”, confie la bénévole Saïda, et aussi des produits d’hygiène et d’entretien. “Sans cet endroit, je ne sais pas où j’en serais. Même si mon mari ne s’était pas blessé, les chantiers auraient été interrompus avec le confinement et nous n’aurions rien touché puisqu’il n’est pas déclaré. On a eu peur, tant pour avoir de quoi éviter de contracter le virus que pour nous nourrir. Imaginer faire un panier avec 5 euros est incroyable !” exprime-t-elle, reconnaissante.

Au Co-Pain, à Alfortville

10 à 30% du prix réel et des quantités limités au strict nécessaire

Pour remplir un panier de courses à 5,5 euros, y compris avec des produits frais, l’épicerie solidaire propose chaque ingrédient entre 10% et 30% de son prix du marché. De son côté, l’association s’approvisionne en partie via différents canaux de solidarité comme par exemple Le potager de Marianne, un chantier d’insertion qui assure depuis 2008 la distribution des fruits et légumes invendus du MIN de Rungis tout en offrant de l’emploi à un public marginalisé, ou encore des collectes avec le concours de la Banque alimentaire, notamment au Monoprix d’Alfortville. Majoritairement, l’épicerie s’approvisionne néanmoins grâce aux subventions annuelles du Conseil départemental, de la ville et du CNES (Crédit national Epicerie solidaire). Le local est quant à lui prêté par la mairie, l’association n’en payant que les charges. “Notre objectif est aussi de lutter contre la malnutrition qui va de pair avec les difficultés économiques. Nous encourageons les bénéficiaires à choisir des produits frais, des fruits et des légumes”, explique Imène Kharouni, présidente du Co-Pain depuis 2016.

Le budget de l’épicerie reste toutefois limité et son accès est réservé aux personnes reconnues en grande précarité. Sur place, le budget d’achat est ensuite strictement limité à 3 euros pour la première personne du foyer et 50 centimes par personne supplémentaire (0,70 pour un bébé en raison du budget couches).

Pour pouvoir se rendre dans une épicerie solidaire, les bénéficiaires doivent constituer un dossier avec l’aide des travailleurs sociaux, avec une durée déterminée, un projet personnel et des objectifs. “Nous recevons des dossiers du CCAS (Centre communal d’action sociale), de la CPAM (Caisse primaire d’Assurance Maladie), ou encore de la CAF (Caisse d’Allocations familiales) et plus généralement de tout travailleur social habilité. Il n’y a pas d’accès direct. Par rapport à chaque situation, le délai d’acceptation est différent”, développe Imène Kharouni. “La plupart du temps, l’aide est étalée sur 4, 6, ou 8 semaines, mais cela peut aller jusqu’à 16”.

L’association propose aussi un accompagnement social au-delà de l’aide alimentaire, via la programmation régulière d’activités comme des ateliers créatifs.

Une quinzaine d’épiceries solidaires en Val-de-Marne

Créée en 2000, l’association nationale des épiceries solidaires, aujourd’hui rattachée au groupe SOS, compte quelque 380 épiceries de ce type en France dont 14 en Val-de-Marne, dont deux récemment ouvertes à Villeneuve-Saint-Georges et Limeil-Brévannes, qui reçoivent chaque année environ 20 000 bénéficiaires. En Île de France, 42 épiceries accompagnent en moyenne 5 600 personnes par mois, soit environ 67 800 par an.

Une nouvelle épicerie solidaire à Limeil-Brévannes depuis le 9 juin
Dernière ouverture d’épicerie solidaire en date, celle de Limeil-Brévannes, La Passerelle (photo de une), a ouvert ses portes ce mardi 9 juin. Elle pourra accueillir 90 bénéficiaires les mardi, mercredi et jeudi place des Tilleuls. “Après la crise sanitaire, certaines familles sont désormais touchées par des difficultés économiques. Cette structure aura vocation à accompagner ces Brévannais pour les aider à surmonter cette épreuve”, motive la maire de la ville, Françoise Lecoufle.

Une situation de précarité déjà prégnante et renforcée par le confinement

Les personnes en grande précarité, les bénévoles en voient affluer de plus en plus ces dernières années, même avant la période de confinement. “Nous voyons de plus en plus de personnes âgées, retraitées, seules. Nous avons également beaucoup de familles monoparentales ou nombreuses, et aussi des sans-papiers dont le dossier est accepté car en attente de régularisation de leur situation. De plus en plus de travailleurs pauvres viennent aussi”, constate Imène Kharouni. Lorsque le confinement a été instauré, il n’a donc pas été question de s’arrêter, même si plusieurs bénévoles ne pouvaient plus venir, étant considérés à risque. Deux ont du moins pu rester sur une quinzaine, presque intégralement composée de femmes. Gel, masque, limitation du nombre de personnes, aide pour éviter de toucher aux produits… un protocole a vite été établi pour poursuivre l’activité.

“On avait peur au début mais on ne se voyait pas abandonner les familles”, reprend la bénévole qui a bénéficié de l’aide imprévue d’un jeune étudiant, Samy. “Je devais faire mon stage dans une autre boite mais il a été annulé à cause du confinement et mon école m’a orienté vers cette association”, confie le jeune maisonnais de 22 ans, qui alterne à la caisse entre le Co-Pain d’Alfortville et une autre épicerie solidaire à Vitry-sur-Seine.

Pour les bénéficiaires habituels, la situation de confinement a aggravé certaines situations. “Nous n’avons eu qu’une seule demande de plus mais les bénéficiaires ont eu des besoins supérieurs à la normale, notamment ceux qui ont des enfants dont il a fallu préparer les repas du midi, habituellement pris en charge par les cantines à faible coût. On voyait aussi que les clients avaient déjà presque tout consommé, alors que le mois n’était pas encore terminé”, témoigne Catherine Gouzot, présidente de l’Eclaircie, une épicerie solidaire située à Arcueil qui fêtera ses 10 ans au mois de septembre, et qui décompte “au 16 mars, 45 familles aidées”. Au niveau national, c’est l’équivalent d’un budget qui a été ajouté au mois d’avril, et l’ANDES a lancé un appel à la solidarité d’un million d’euros pour le mois de mai.

Plusieurs épiceries ont toutefois dû fermer durant le confinement, par manque de bénévoles. C’est le cas de l’Escale, au Plessis-Trévise, qui a repris son activité à la mi-mai. “Nous avons relancé tous les bénéficiaires et avons commencé à étudier les nombreuses demandes, 8 dossiers pour 6 places de libres. Alors, on surbooke, car certains bénéficiaires parfois, ne viennent pas” , explique la responsable.

Epiceries solidaires en Val-de-Marne

LE CO-PAIN
47 rue Marcelin Berthelot
94140 ALFORTVILLE
Téléphone : 09 52 11 44 97
Site web : http://www.copain.solidaire.free.fr

L’ÉCLAIRCIE
102 rue Marius Sidobre
94110 ARCUEIL
Téléphone : 01 41 24 28 10

LE COLIBRY
5 rue Félix Faure
94360 BRY SUR MARNE
Téléphone : 01 71 36 24 72

LE PANIER SOLIDAIRE
9 avenue de l’Europe
94230 CACHAN
Téléphone : 01 49 86 67 07

AU PETIT PLUS
84 Quai des Carrières
94220 CHARENTON LE PONT
Téléphone : 01 43 53 09 05
Email : president@aupetitplus.fraupetitplusgmail.com
Site web : http://www.aupetitplus.fr

LE PANIER CANAVÉROIS
7, rue Rabelais
CHENNEVIERES SUR MARNE
Téléphone : 07 72 06 74 32

LE GRAIN DE SEL
10 rue Carnot
94600 CHOISY LE ROI
Téléphone : 01 48 53 10 11

LA COURT’ECHELLE
9 rue Michelet
94120 FONTENAY SOUS BOIS
Téléphone : 01 71 33 58 05

L’ESCALE
11 place de Verdun
94420 LE PLESSIS TREVISE
Téléphone : 01 56 31 39 66

LA PASSERELLE
Dalle commerciale – Place des Tilleuls
94450 LIMEIL BREVANNES

TERRE’ANOÉ
62 boulevard de Créteil
94100 SAINT MAUR DES FOSSES
Téléphone : 06 98 42 30 66

L’EPI DE S.O.N.
22 Place de la Fraternité
94370 SUCY EN BRIE
Téléphone : 09 81 07 39 25

EPISOL
38 sentier Benoit Malon
94800 VILLEJUIF
Téléphone : 07 71 16 93 52
Email : villejuifois.solidaires@gmail.com

EPICERIE SOCIAL ET SOLIDAIRE
1, rue Marcel Sembat
94190 VILLENEUVE SAINT GEORGES

EPICERIE LOL’IDAYS (ne fait pas partie de l’ANDES)
17 Rue Constant Coquelin
94400 Vitry-sur-Seine
lolidays.association@1bet1winprogmail-com

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