Environnement | | 07/09/2020
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Décharge industrielle sauvage : Villejuif en appelle à Darmanin

Décharge industrielle sauvage : Villejuif en appelle à Darmanin

A Villejuif, la décharge industrielle sauvage qui s’est organisée à la Redoute des Hautes Bruyères commence à prendre de la hauteur. S’élevant juste à côté du parc et du futur quartier de la gare du Grand Paris Express, cette montagne commence à sérieusement agacer riverains et élus.

Au début du printemps, c’est un bidonville rom qui s’est installé sur le fort. Et puis, à mesure que les chantiers reprenaient après le déconfinement, a commencé à prospérer l’activité décharge. “Tous les jours, les camions défilent pour larguer des gravats de toutes sortes”, témoigne un riverain. Des déchets dont les élus s’inquiètent qu’ils comprennent des matériaux généralement recalés dans les décharges classiques comme l’amiante ou les solvants. Alors que le site, propriété de l’Etat, fait partie de la zac Campus Grand Parc qui doit accueillir un nouveau quartier autour de la gare d’interconnexion des lignes 14 Sud et 15 Sud du Grand Paris Express et de l’Institut Gustave Roussy, ce terril en pleine expansion compromet sa reconversion en lui imposant une sérieuse dépollution préalable.

“La formation d’une décharge sauvage est un véritable cancer : on ne respecte plus un espace déjà pollué, et l’absence de réaction de l’État est un exemple pernicieux incitant les entreprises indélicates à en créer de nouvelles partout. En outre il est probable que certains déchets industriels soient toxiques (amiante, solvants, etc.) et s’infiltrent dans le sol à l’occasion des pluies, polluant ensuite toute la région en contrebas de ce point-haut, notamment Villejuif, l’Haÿ-les-Roses et la vallée de la Bièvre”, détaille Natalie Gandais, adjointe EELV en charge notamment du projet Zéro déchet… dans un courrier au ministre de l’Intérieur.

Un courrier qui fait suite à d’autres missives déjà adressées au préfet du département, Raymond Le Deun, par le maire de la ville, Pierre Garzon (PCF) et le Conseil départemental, propriétaire du parc des Hautes Bruyères.

Le ministère de l’Intérieur est d’autant plus concerné que ce-sont ses services qui pourraient se redéployer en partie sur le site de la Redoute.

Initialement pourtant, c’est un tout autre projet qui devait y voir le jour. Lauréat du concours Inventons la Métropole du Grand Paris, il avait pour pièce maîtresse une antenne de la fac de médecine de l’université Paris Saclay dans le cadre d’un Pôle universitaire inter-disciplinaire scientifique (PUIS) autour de laquelle s’articulaient une résidence de logements pour étudiants et jeunes actifs, une auberge de jeunesse, des locaux pour entreprises innovantes, un centre de séminaire…

Lire : Auberge de jeunesse et projet mixte dans les casemates de Villejuif

Mais courant 2019, les pouvoirs publics ont changé d’avis au profit du site de l’hôpital Bicêtre. Une décision annoncée officiellement aux élus lors du Comité de pilotage du CIN Vallée scientifique de la Bièvre en mai 2019. Depuis, les projets de la zac Campus Grand Parc ont continué d’avancer mais celui de la Redoute a calé, avec quelques mois plus tard la perspective d’accueillir des services du ministère de l’Intérieur.

Lire : Pôle sciences et santé à Villejuif : le point sur la zac Campus Grand Parc

C’est dans ce contexte de jachère que ce site d’entraînement des CRS jusqu’à l’été 2016 a été investi au début du printemps.

Désormais, deux problématiques, l’une humaine et sociale, l’autre environnementale, devront être résolues avant de reconvertir le site. Sur le plan humain, une centaine de personnes y ont établi domicile. En préfecture, on indique qu’un recours va être déposé en justice pour faire cesser cette occupation illégale sans droit ni titre, en précisant qu’il a fallu un peu de temps pour le faire en raison de la domanialité complexe du site qui ne dépend pas que d’une entité. “Notre nouvelle municipalité est prête à assumer pleinement ses obligations humanitaires vis-à-vis des habitants précaires de ce village de fait : alimentation en eau, scolarisation des enfants, et pourquoi pas mobilisation des fonds européens pour un logement décent et une reconversion vers les métiers de recyclage industriel qu’ils pratiquent actuellement informellement dans la Redoute”, suggère sur ce sujet l’adjointe écologiste.

L’autre question est celle de l’arrêt de fonctionnement de la décharge illégale en empêchant l’accès des camions au site, avant de pouvoir procéder à la dépollution. Un problème qui, pour la préfecture, ne pourra être résolu qu’après avoir évacué le bidonville.

Du côté de la ville, on attend désormais de la diligence. “Nous ne pouvons admettre que prolifère sur notre territoire et dans votre propriété une décharge sauvage, dispensant les entreprises de leurs obligation légales en matière de traitement des déchets, et faisant planer de nouvelles menaces hygiéniques dans une zone urbaine particulièrement dense, à deux pas de Paris et en période d’épidémie”, poursuit ainsi l’élue qui réclame au ministre une intervention “immédiate.”

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