Dans le quartier du port à Choisy-le-Roi, la sidération née de l’acharnement d’un père de famille sur sa femme et son fils, vendredi soir, n’est toujours pas retombée.
De nombreux parents appréhendaient ce lundi le retour en classe. Devant le parvis de l’école Mandela où sont scolarisés l’essentiel des élèves du quartier, des parents se sont réunis pour partager leurs inquiétudes et leurs questionnements sur la manière d’aborder le sujet avec leurs enfants. «Faut-il en parler avec eux ? De quelle manière ? Qu’est-ce qu’ils vont entendre dans la cour de récréation ?», se demande Ali Id Elouali, adjoint au maire et habitant du quartier depuis une dizaine d’années. Pour la communauté éducative (personnel d’éducation, parents d’élèves, direction, élus,…), les prochains jours vont être importants pour déterminer l’impact de ce drame sur les enfants mais à priori, les parents ont fait écran.
Les parents partagent leurs inquiétudes entre eux
«En discutant avec mes enfants à midi, ils ne m’ont pas parlé de ce qu’il s’était passé. Personne ne l’avait évoqué parmi les enseignants ou les élèves. Il y a encore beaucoup d’adultes qui ne s’en sont pas encore remis alors ils protègent sûrement leurs enfants en gardant pour l’instant le silence», explique Nesrine Asci, mère de deux enfants et représentante des parents d’élèves à l’école Mandela. Pour l’instant, c’est sur une conversation Whatsapp que les parents partagent leurs inquiétudes, plutôt que dans le cadre de la cellule psychologique qui les intimide, explique cette habitante du quartier. Depuis dimanche, la municipalité a mis en place un dispositif d’écoute en partenariat avec le SAMU et réfléchit aussi à l’ouverture de groupes de parole dans une salle de la médiathèque située au cœur du quartier.
Lire. Enfant jeté par la fenêtre à Choisy-le-Roi : cellule psychologique pour le quartier du port
Samedi matin, plusieurs dizaines de riverains se sont aussi retrouvés dans le parc de la grande demoiselle, dans le cadre d’une rencontre avec le maire, Tonino Panetta, des élus municipaux, ainsi que le député Jean-François Mbaye.«La parole devait se libérer. C’était important pour les riverains de parler de ce qu’ils avaient sur le cœur, d’autant qu’à chaque nouveau témoignage, des éléments supplémentaires viennent s’ajouter au récit de cette nuit d’horreur. Les voisins qui vivaient à proximité immédiate de cette famille sont extrêmement marqués», confie Ali Id Elouali.
Ouverture d’une information judiciaire imminente
Après avoir été interpellé, le père qui a tabassé sa femme et jeté son enfant par la fenêtre a été placé en garde à vue puis transporté en hôpital psychiatrique le lendemain matin. Ce mardi matin, l’enfant était quant à lui toujours hospitalisé avec pronostic vital engagé. Le service départemental de la police judiciaire a réalisé des constations le soir même mais l’affaire est désormais traitée exclusivement par la brigade des mineurs de la préfecture de police de Paris. «Nous allons ouvrir une information judiciaire pour permettre à un juge d’instruction de mener une enquête. Il va notamment pouvoir nommer des experts en psychiatrie pour évaluer le discernement du père au moment des faits et s’il présente plus généralement des troubles», explique le parquet de Créteil.
N'envoyez que des photos que vous avez prises vous-même, ou libres de tout droit. Les photos sont publiées sous votre responsabilité.