«La situation dans notre département du Val-de-Marne est alarmante au vu des remontées des professionnels des Ehpad publics et privés», signale la CGT santé action sociale 94. Au manque de moyens dénoncé ces dernières années par le syndicat, s’ajoute désormais la peur de la contamination au coronavirus Covid 19, faute d’équipements de protection adéquats. Dans ce contexte, la livraison de conteneurs réfrigérés en prévision d’une surmortalité des pôles gériatriques a scandalisé de nombreux professionnels.
Les maisons de retraites ont fermé leurs portes aux visites pour se protéger du coronavirus Covid 19 avant même que ne débute la période de confinement. Malgré cette mesure sanitaire, des contaminations et décès ont été constatés partout en France dans les Ehpad. En prévision d’une surmortalité dans des établissements recevant des patients âgés, des conteneurs réfrigérés ont été installés comme sur le parking de l’Ehpad des Vignes (photo de couverture).
Cette initiative a profondément scandalisé la CGT santé action sociale du Val-de-Marne qui attendait avant tout du matériel pour protéger les résidents et le personnel du virus. «Les urgences ne nous prennent aucun patient parce nous serions des établissements médicalisés. A titre d’exemple, il y a un respirateur artificiel pour 72 résidents à l’Ehpad des Lilas de Vitry-sur-Seine. Nous n’avons pas de matériel adéquat. Certaines maisons de retraite n’ont pas de masques ! Par contre, ils ont pensé à des algéco réfrigérés», s’indigne Barbare Filhol, secrétaire générale de l’union santé départementale de la CGT également à la tête du syndicat des Ehpad du Val-de-Marne. Selon la syndicaliste, les contaminations de personnel, les arrêts maladie et les gardes d’enfant ont fait grimper les chiffres de l’absentéisme à 35% dans tout le secteur médico-social du département avec pour conséquence, un alourdissement de la charge de travail pour les agents encore en poste.
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Le moral et la santé des résidents fragilisés par l’interdiction des visites
La syndicaliste s’inquiète aussi du moral des résidents. «Ils sont confinés depuis trois semaines. Ils ne reçoivent plus leurs proches. Des palliatifs sont trouvés comme l’échange de photos, l’enregistrement de courtes vidéos mais on observe globalement une augmentation des troubles cognitifs, de l’agressivité, de la dépression. Certains refusent de s’alimenter et se laissent mourir. La décision de suspendre les visites a été très traumatisante», poursuit Barbara Filhol, qui déplore une impréparation totale et anticipe une après-crise très délicate avec une nécessaire remise à plat du modèle économique des Ehpad.
«Depuis deux ans, il y a eu des enquêtes, des études, des travaux parlementaires qui ont conclu à l’insuffisance des moyens alloués à la dépendance. Pourtant, l’examen de la loi n’est toujours pas à l’ordre du jour. Les Ehpad et donc les salaires des agents sont financés en fonction du nombre de résidents. Si les lits se vident, un gros problème va se poser pour notre secteur», avertit-elle.
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