Une poignée d’élèves en moins et c’est une classe qui saute. Située en réseau d’éducation très prioritaire (REP +), concentrant le plus de précarité sociale et d’élèves en difficulté, l’école Paul Eluard d’Orly risque de perdre l’une de ses classes à la rentrée scolaire, suscitant la colère des parents d’élèves et des enseignants.
Armés de leurs calculatrices, parents et enseignants de cette école élémentaire ont fait les comptes, bien qu’ils refusent de réduire leurs élèves “à des chiffres sur des tableaux”. «Pour les CP, nous devrions être à une dizaine d’élèves répartis en trois classes, et en CE1, entre 14 et 15 élèves ventilés en trois classes également (ndlr en raison du dédoublement des classes de CP et CE1 en réseau d’Education prioritaire). Notre crainte porte sur les autres niveaux (CE2, CM1 et CM2). Nous sommes sensés être privilégiés par notre classement en REP + mais nous constatons chaque année, malgré notre mobilisation que les conditions d’accueil se détériorent», explique Nadir Ben Rehouma, représentant des parents d’élèves.
La première mouture de la carte scolaire prévoyait la fermeture définitive d’une classe dans l’un de ces trois niveaux. Depuis, elle a été transformée en fermeture conditionnelle mais la menace plane toujours et un déménagement intervenu récemment angoisse les parents. Début avril en effet, l’établissement projetait à 119 le nombre d’élèves élèves sur ces trois derniers niveaux à la rentrée. «A 6 classes, nous étions à un ratio de 19,8 élèves, et à 5 classes, nous passions à 23,5. Or, le seuil recommandé pour ces niveaux en Rep + est de 23 !», explique le parent d’élève. Une preuve par les chiffres qui a permis de faire passer la fermeture de ferme à conditionnelle. Depuis, un déménagement est survenu et les effectifs sont descendus à 115. La différence n’est pas énorme, mais elle porterait le ratio à 23 élèves par classe, soit le seuil limite des classes de REP.
Un nombre de classes constant pour aider les décrocheurs
Enseignants et parents, eux, regardent aussi d’autres chiffres, ceux du dérochage scolaire. “Nous considérons que 12% de nos élèves sont en décrochage complet, auxquels il faut ajouter 37% d’élèves pour lesquels nous avons eu quelques contacts avec les familles mais dont nous n’avons jamais eu de retour de travaux. Il y aura l’année prochaine des classes avec des enfants aux niveaux très hétérogènes et cela va nous demander davantage de travail. Augmenter le nombre d’élèves par classe serait catastrophique», résume Noémi Poinsignon, enseignante.
Une rencontre avec l’inspecteur de l’Education nationale du secteur devait avoir lieu. La direction de l’académie de Créteil indique pour sa part que le processus de carte scolaire n’est pas encore bouclé. «Nous gardons une vigilance sur chaque situation et réajustons le cas échéant».
Poursuite du télé-enseignement faute de locaux
Durant le premier mois de déconfinement, l’école, qui accueille environ 200 enfants, n’a pas pu ouvrir du fait de la programmation de travaux de sécurisation liés à la présence d’amiante. L’équipe éducative a donc été contrainte de poursuivre les cours en télé-enseignement et, même si les enseignants indiquent avoir été agréablement surpris des résultats obtenus par cette organisation inédite, ils s’inquiètent des conséquences pédagogiques de cette situation.
De son côté, la mairie indique que l’Education nationale a sondé les parents pour connaître les besoins d’accueil et que ceux-ci concernaient peu de familles. «Seuls 20 enfants en maternelle et 23 en élémentaire nous ont été remontés par les directions d’école pour le 2 juin. Au vu du nombre d’enfants cumulés sur les écoles Marcel Cachin et Paul Eluard, il était plus judicieux de rester sur le pôle Marcel Cachin afin de permettre à la fois la fin des travaux sur Paul Eluard ainsi qu’une rotation plus simple des équipes enseignantes qui se retrouvent aussi en difficulté sur l’ensemble de la ville. Ceci pour gérer à la fois le présentiel et la continuité pédagogique pour les enfants à domicile», explique-t-on en mairie.
Les travaux sur l’école Paul Eluard viennent de terminer mais l’équipe pédagogique a considéré qu’il était inutile de rouvrir l’établissement pour seulement deux semaines.
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