La France a enregistré une baisse de 38% de dossiers déposés pour surendettement au cours de ces cinq dernières années. Dans le Val-de-Marne, la diminution est de l’ordre de 25% . En première ligne : les familles monoparentales précaires.
“Depuis 30 ans, la loi Neiertz encadre les ménages surendettés. Leur nombre diminue cette année encore, même si dans le Val-de-Marne on constate une légère tendance à contre-courant“, explique Raymond Le Deun, préfet du Val-de-Marne, à l’occasion d’un point presse après la commission surendettement.
2400 foyers concernés en 2019 en Val-de-Marne
En 2019, 2 400 familles val-de-marnaises ont bénéficié de la procédure de surendettement. Si c’est 25 % de moins qu’il y a 5 ans, le nombre de dossiers déposés stagne par rapport à l’année précédente alors que la région Ile-de-France enregistre une baisse de 9,4% (20 255 dossiers) et que la diminution d’une année sur l’autre est de 12,2% sur le plan national (143 000 dossiers). Une moindre diminution qui s’explique par le niveau de vie plus faible des habitants, explique le préfet. “On sait qu’il y a moins de propriétaires ici, et des revenus plus faibles. Nous sommes plus proches du seuil de pauvreté que dans d’autres départements.”
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Une dette moyenne de 22 535 euros
En moyenne, par ménage surendetté, la dette s’élève à 22 535 euros dans le Val-de-Marne, 21 354 dans la région, et 16 384 en France. Une personne est surendettée quand ses dettes dépassent de 6 mois sa capacité de remboursement.”Sa capacité de remboursement correspond à la différence entre ses ressources et ses charges dites incompressibles (loyer, impôts, assurance, forfait alimentaire, chauffage, frais de transport…).” définit Maryse Chabaud, directrice départementale de la Banque de France. Sur le plan national, le surendettement se chiffre à 6 milliards d’euros, dont 973 millions en Île-de-France et 103 millions en Val-de-Marne.
Plus d’un ménage surendetté sur quatre n’a aucun crédit à la consommation.
“Quand le dispositif a été mis en place, il se destinait surtout aux personnes au chômage, rappelle Raymond Le Deun. Aujourd’hui, 20% de chômeurs en bénéficient”, chiffre le préfet. La catégorie la plus représentée est celle des familles monoparentales qui représentent 70% des dossiers. “Les mêmes que l’on retrouve dans des processus d’expulsion. Car la nature de la dette a changé : crédits immobiliers, retards de paiement des charges, dus à une situation de pauvreté, et non plus uniquement à l’accumulation de crédits à la consommation. Ce sont des populations précaires et non inconscientes“, insiste le préfet. Plus d’un ménage surendetté sur quatre n’au aucun crédit à la consommation. 19% des ménages impactés correspondent à une famille monoparentale composée d’une femme de 55 ans et de ses enfants. Les femmes représentent 55% des dossiers.
56% vivent sous le seuil de pauvreté
Globalement, les populations les plus touchées sont socialement fragiles : 86% sont locataires ou hébergés, 82% ont un patrimoine brut inférieur à 2 000 euros, et 56% vivent sous le seuil de pauvreté.
Prévention, effacement de dettes, micro-crédits…
Pour expliquer la baisse des dossiers, la directrice départementale de la Banque de France expose également les mesures proposées. “Il n’y a pas plus de moyens, mais des solutions radicales : les plans dédiés à l’époque étaient destinés à résorber les dettes, mais pas vraiment à les effacer. Pour un jeune de 25 ans, au chômage, on attendait deux ans environ pour voir si sa situation évoluait, étant donné son potentiel à trouver un travail. Or, en raison du contexte économique actuel, on va d’office l’aider. Ainsi, une famille sur trois a pu entamer une procédure d’effacement de sa dette, partiel ou total. S’il est partiel, il faut échelonner des remboursements au moins pendant 7 ans avant que le reste ne soit effacé” détaille Maryse Chabaud. Le nombre de re-dépôt de dossiers s’est par ailleurs réduit.
La mise en place de microcrédits, plus souples, avec de plus petites sommes à rembourser, ainsi qu’un travail de prévention, réalisé tant par les institutions que par les associations de consommateurs, ont aussi joué. “Dorénavant, tout le monde sait qu’un crédit est fait pour être remboursé, malgré ce que prétendaient les publicités des années 80“, pointe le préfet. Pour opérer ce travail de prévention, la Banque de France a formé 277 travailleurs sociaux en 2019 en Val-de-Marne.
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