Mouvement social | | 03/06/2020
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Fermeture de Renault Choisy-le-Roi: grève, blocage et manif

Fermeture de Renault Choisy-le-Roi: grève, blocage et manif

Alors que l’usine Renault de Choisy-le-Roi doit être sacrifiée d’ici deux ans dans le cadre du plan d’économie du constructeur automobile, ses salariés se sont mis en grève ce mardi 2 juin à l’appel de l’intersyndicale (FO, CFDT, CGT, CFE-CGC), bloquant l’accès à l’usine. La colère a fait son entrée dans ce site rentable et tranquille où le climat social était plutôt au beau fixe.

Ça fait très mal, après tant d’années à travailler pour le groupe”, témoigne Karine, une des 260 salariées de cette usine spécialisée depuis 70 ans dans le nettoyage, la réparation et le reconditionnement de pièces détachées. Un modèle d’économie circulaire régulièrement cité en exemple qui devrait être transféré à Flins pour donner un sursis au centre de production des Yvelines tandis que la libération du site choiysen permettra une valorisation foncière. “Depuis le déconfinement, on fait les ‘trois huit’, mais cela n’a n’a pas empêché la nouvelle de tomber“, lâche, amer, un agent de maintenance depuis quinze ans sur le site.

Pour rappel du contexte, lire :
« L’usine Renault de Choisy-le-Roi est archi rentable! »
« Fermer l’usine modèle Renault de Choisy-le-Roi serait une hérésie! »

“On est rentable, alors pourquoi fermer? On a peur aussi qu’ils ne nous prennent pas tous à Flins. Car la Zoé va s’arrêter en 2024. Que vont faire les salariés de là-bas ? nos moteurs ? Il n’y aura pas assez de travail pour tous ! Nous n’avons plus qu’à faire grève. Aujourd’hui, nous avons empêché les camions dans lesquels il y a les pièces de rentrée. Et nous continuerons“, poursuit Karine.

“Flins, jusqu’à quand ?”

Haikha, 34 ans, est opérateur senior [celui qui seconde le responsable de la ligne de production] depuis 4 ans, et travaille dans l’usine choisyenne depuis 14 ans : “Ca sent l’entourloupe“, résume-t-il. Lui qui habite dans le 91, à Brétigny-sur-Orge, ne tient pas non plus à aller travailler dans le 78. “Si c’est pour partir encore plus loin et ne pas voir ma famille, ce n’est pas la peine. Ici, ce n’est pas le même cadre, nous sommes peu nombreux, on se connait, on s’apprécie. On sait que là-bas, il y a une certaine pression. Je suis déjà allé sur des grands sites pour des formations, ce n’est pas la même ambiance. Je suis persuadé qu’il n’y a pas d’avenir”, estime-t-il. C’est que Flins aussi doit subir une cure d’amaigrissement, pour passer de 2600 à 1 600 salariés afin de contribuer aux 15 000 suppressions de postes (sans licenciement sec) que prévoit le groupe.

“A Flins, ils fabriquent la Zoé et des moteurs neufs : comment nos activités vont-elles s’imbriquer ?” s’inquiète encore Frédéric, 44 ans, qui assemble des moteurs depuis 20 ans et réside dans l’Essonne, à Athis-Mons. Mon fils voulait faire son stage de 3ème ici, peut-être même y travailler. J’ai l’image d’un fraisier, qu’on aurait déterré, et qu’on voudrait replanter plus loin, en perdant au passage quelques unes de ses racines“, évoque-t-il, songeur.

Au total, 20% des ventes de pièces de rechange en France sont issues de Renault Choisy et si le site a connu des réductions d’effectifs il y a quelques années, il avait recommencé à embaucher, participant même à un programme d’insertion avec des partenaires locaux de l’emploi.Cristina, 42 ans et mère de deux adolescents fait partie des derniers arrivés. Elle reconditionne des injecteurs présents dans le moteur depuis un an. “Ce n’est pas inenvisageable de partir à Flins. Je dois penser avant tout à mes enfants même si eux ne veulent pas quitter leurs amis. Moi-même je n’ai pas envie de laisser mes collègues et j’apprécie le confort d’habiter à 8 minutes à pied d’ici.”

S’il n’est pas prévu de licenciement sec, les intérimaires et prestataires ont déjà ressenti l’onde de choc. “J’ai un ami et collègue à qui on a déjà demandé de cesser son activité, note Haika. Les gens désespèrent et sont prêts à vendre leur maison, d’autres à se reconvertir. Pourtant, même une reconversion paraît compliquée étant donné les nombreux secteurs en crise ; c’est dur de se projeter!”

Mohamed, retraité de l’usine, secrétaire de son CE pendant 20 ans et responsable de l’union locale de Choisy, est venu soutenir “la nouvelle génération”. “Ça va créer d’énormes problèmes au sein des familles. J’attends une grève générale de tous les sites!” enjoint-il.

Manifestation samedi 6 juin à 14h

“Samedi, une grande manifestation est prévue à 14h, avec le soutien notamment d’employés d’ADP (Aéroports de Paris) ou de Sanofi. A partir de mi-juin, il y aura une grosse réunion, et il faut tenir jusque là. Ce mercredi, des personnels d’autres usines seront présents, les unions locales aussi, et la venue de Jean-Dominique Sénart, le directeur général de Renault France est annoncée. On aimerait comprendre son plan. C’est trop facile de virer les gens en prenant l’argent du gouvernement”, annonce Felipe Da Silva, employé depuis 36 ans.

Ce mercredi matin, une première manifestation a déjà eu lieu depuis le site et en direction de la gare en présence des salariés, des délégués syndicaux centraux et du leader de la CGT Philippe Martinez.

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