(Article mis à jour le 24 août) Pas de panique mais vigilance orange, ainsi pourrait-on résumer la situation de l’épidémie de coronavirus Covid-19 en Ile-de-France en cette fin d’été. Le nombre de patients hospitalisés et en réanimation reste au plancher mais la progression des cas positifs, essentiellement chez les sujets jeunes, monte en flèche. Sur le terrain, les professionnels anticipent la deuxième vague.
D’un côté les courbes des malades de la Covid 19 hospitalisés et en réanimation, proches de l’asymptote, de l’autre celle du nombre de personnes testées positivement, en progression préoccupante.
Peu de patients Covid en réanimation
En date du 24 août, le nombre de patients en réanimation en raison du coronavirus en Ile-de-France était de 170, contre 188 la semaine précédente. Pour rappel, leur nombre approchait les 300 au début du confinement, le 18 mars, et avait culminé à 2700 vers le 8 avril, dépassant la capacité totale des places de réanimation dans la région en temps normal, limitée à 1200 places.
Le nombre de personnes hospitalisées en raison du coronavirus reste également au plancher depuis la fin juillet, de l’ordre de 2500 en Ile-de-France sur un total de 4 783 en France. (En date du 24 août, le nombre de patients Covid hospitalisés en Ile-de-France est de 2443).
Aux urgences Mondor, c’est tendu mais pas en raison du Covid
Au service des urgences du CHU Henri Mondor de Créteil, les difficultés du moment ne sont pas liées au coronavirus mais plutôt à la fermeture estivale d’un certain nombre de lits dans le reste de l’hôpital, compliquant les hospitalisations en aval des urgences. “La chirurgie orthopédique s’est poursuivie cet été, par effet de rattrapage après les reports d’opérations durant le confinement. Mais nous avons toujours des personnes qui arrivent aux urgences avec des fractures et nous avons du mal à leur trouver de la place car beaucoup de lits ont été fermés. Nous sommes donc parfois obligés d’installer des patients dans des services qui ne sont pas dédiés à l’orthopédie”, détaille Mehdif Khellaf, chef du service des urgences du CHU cristolien qui témoigne également d’une vague de personnes âgées déshydratées autour du 10 août en raison de la canicule. Sur place, les précautions liées au coronavirus contribuent aussi au stationnement des patients aux urgences avant toute hospitalisation, car les tests PCR sont obligatoires et il faut attendre au minimum 4 heures pour avoir les résultats. “Il nous faudrait des tests rapides”, suggère le médecin.
Une circulation du Covid qui s’accélère chez les jeunes
Concernant le Covid, le chef du service fait état de 2 à 3 cas par semaine à ce stade, avec très peu d’hospitalisation. “Il y a en revanche tous les jours des gens qui vont bien qui vont se faire tester au centre de dépistage de l’hôpital, avec une recrudescence de jeunes de moins de 40 ans testés positifs”, pointe le soignant.
Un millier de nouveaux cas positifs chaque jour en Ile-de-France
Un constat que les chiffres de Santé Publique France confirment, montrant une progression du nombre de cas positifs depuis la fin juillet qui s’accélère de jour en jour. D’abord de l’ordre d’une centaine au lendemain du confinement, le nombre quotidien de nouveaux cas confirmés en Ile-de-France a commencé à remonter fin juin pour atteindre les 500 fin juillet. Durant tout le mois d’août, la progression a été constante, dépassant les 1000 nouveaux cas par jour à la mi-août. Sur ce millier de nouveaux cas Covid, près de la moitié ont moins de quarante ans. Voir graphique ci-dessous.
Dans le détail au jour le jour, les creux correspondent aux weekends durant lesquels le nombre de tests est moins important. En lissant les chiffres par semaine, la progression encore plus nette.
Taux d’incidence : dépassement du seuil d’alerte à Paris, en Val-de-Marne et en Seine-Saint-Denis
Le taux d’incidence (taux de personnes positives au Covid) a dépassé le seuil d’alerte de 50 pour 100 000 habitants dans 3 départements, s’établissant à 67,1/100 000 à Paris, 53,8/ 100 000 en Val-de-Marne et 50,7/100 000 en Seine-Saint-Denis.
Des clusters en milieu professionnel
“La plupart des personnes impactées ont un âge compris entre 20 et 40 ans, surtout pour Paris et la petite couronne, ce qui est à mettre en relation avec un nombre important de clusters rapportés en milieu professionnel. Ce constat montre l’importance du respect des mesures barrières en milieu professionnel. Par ailleurs un pic de plus de 140/100 000 habitants est observé chez les 20 à 30 ans à Paris et dans le Val de Marne. Ce qui pourrait traduire un relâchement des mesures barrières, par exemple le port du masque, chez les jeunes lors de rassemblements”, détaille le dernier bulletin épidémiologique de Santé Publique France, daté du 20 août. Si les clusters ont d’abord été concentrés dans les établissements de santé et médico-sociaux, ils sont désormais aussi issus des milieux professionnels (près d’un tiers). “Le nombre de clusters en milieu professionnel (hors ES) a été multiplié par trois depuis le 5 août. Le nombre de clusters liés à
un événement public ou privé a doublé sur cette même période”, détaille le bilan épidémiologique de la semaine. Au total depuis le début du déconfinement, 197 clusters ont été identifiés en Ile-de-France (contre 174 la semaine précédente) dont 62 sont encore en cours d’investigation.
Les femmes se font un peu plus tester que les hommes
(Info à date du 18 août) Depuis le déconfinement, près d’un million de Franciliens ont passé le test du Covid (980 733) dont 53% de femmes. Le taux de positivité est en revanche un peu plus fort chez les hommes, de l’ordre de 2,40% contre 2,15% chez les femmes, pour une moyenne de 2,27%.
Plus de cas dans la zone dense mais un taux de positivité variable
Concernant la répartition entre les départements, le nombre de cas positifs se concentre logiquement plutôt à Paris (marron dans le graphique ci-dessous), dans les Hauts-de-Seine (violet), la Seine-Saint-Denis (orange), le Val-de-Marne (jaune), en raison de la population plus importante et d’un nombre de personnes testées plus élevé.
Le taux de positivité aux tests progresse dans tous les départements d’Ile-de-France, d’une semaine sur l’autre, comme l’illustre le graphique du dernier bulletin épidémiologique de SPF.
“Le risque est que les jeunes rencontrent les vieux à la rentrée”
“Je ne pense pas que nous connaîtrons une nouvelle vague du même niveau de celle de mars et avril mais nous n’y échapperons pas. Le risque est que les jeunes rencontrent les vieux à la rentrée, estime Mehdi Khellaf. La difficulté va être de cohabiter. Nous sommes revenus à un nombre moyen de 180 passages aux urgences et il est impossible de sacrifier la moitié du service à un espace Covid avec un trafic de ce niveau. Nous allons devoir travailler sur la fluidité”.
En Ehpad, on réactive les cellules de crise
Dans les Ehpad (Etablissements hospitaliers pour personnes âgées dépendantes) qui ont payé un lourd tribut lors de la première vague, on anticipe déjà. “Les indicateurs montrent qu’une deuxième vague peut arriver et nous nous préparons en conséquence par la constitution de stocks de consommable, tabliers sur-blouses, masques FFP2… Nous avons aussi réactivé une cellule de crise pour définir nos protocoles en termes de visites et de mesures de précaution, en fonction des recommandations nationales et régionales”, détaille Bruno Gallet, nouveau directeur du Groupement public des Ehpad du Val-de-Marne. Dans ces établissements, la vigilance est de toutes façons restée de mise durant l’été, même si ce n’est pas toujours facile à faire admettre aux familles. “D’ores et déjà, nous limitons le nombre de personnes en fonction des lieux à raison de 1 personne par chambre, 2 dans les lieux dédiés, et 3 en extérieur. Actuellement, nous discutons pour décider si l’on réintroduit les visites sur RDV, ressenties comme une contrainte par les familles. Nous n’avons pas de cas mais savons que le nombre de décès peut être rapide dès qu’un cas de Covid entre dans un Ehpad. Il y a aussi des inquiétudes chez les personnels. Concernant les proches, certains sont très inquiets, d’autres pas. Nous rappelons l’obligation de porter le masque et avons été jusqu’à suspendre une fois temporairement un droit de visite pour faire respecter les mesures de précaution.”
L’ARS met le paquet sur les tests
Du côté de l’Agence régionale de Santé (ARS), on met la pression pour augmenter le nombre de dépistages réalisés toutes les semaines. «Nous assistons à une offensive claire du Covid-19 en région Île-de-France où le seuil d’alerte des 50 cas pour 100 000 habitants est dépassé. En Val-de-Marne, nous sommes à un taux d’incidence de 52/100 000, le même que dans les Hauts-de-Seine. Ce qui nous inquiète, c’est le taux de tests positifs qui est passé au dessus de 5%. Par rapport au pic épidémique, il semble que le virus soit moins agressif. La médecine de ville paraît peu impactée. Seulement 16% des capacités en soin critique à l’hôpital sont occupées ce qui est relativement pas. Pour autant, nous restons très attentifs. A l’heure actuelle nous procédons à 15 000 tests par semaine dans le département et voudrions que cela continue d’augmenter», explique Eric Véchard, le directeur de la délégation départementale de l’ARS en Val-de-Marne.
Propos recueillis par Florent Bascoul et Cécile Dubois
15000 tests par semaine pour le Val de Marne ? dans un peu moins de 100 semaines la population sera toute testée super ! Apres le fiasco des villes test un nouveau en préparation.
Je suppose que les tests actuels sont cibles ce qui explique le grand nombre de cas trouvés.
On est encore dans de la communication jouant sur la peur sur l infantilisation des français. Cela ne marche plus et pourtant le problème est sérieux.
Portez un masque dans les endroits où vous pouvez rencontrez des personnes à risque est une nécessité vitale !
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