A quelques mois des élections régionales et des possibles évolutions législatives de l’organisation du Grand Paris, un collectif de réflexion autour du devenir du Grand Paris organise vendredi 4 décembre prochain un wébinaire intitulé Grand Paris: Pour un nouvel élan de la pensée critique. Explications de contexte avec Pierre Mansat, ancien adjoint au maire de Paris, qui défend un “gouvernement métropolitain” .
Le collectif d’universitaires, urbanistes sociologues, démographes, économistes, avait déjà pris la parole en février dans une tribune du Monde invitant à une citoyenneté métropolitaine. Le webinar vise à poursuivre et ouvrir la réflexion pour donner du relief à cet enjeu grand-parisien, largement éclipsé lors de la campagne des municipales, à l’occasion de la campagne des élections régionales et aussi des débats institutionnels à venir au parlement.
Le séminaire, organisé avec l’association La Ville en commun, se tiendra entièrement en ligne. Programme complet en bas d’article.
Pour Pierre Mansat, ancien maire-adjoint PCF de Paris (jusqu’en 2014) chargé de Paris Métropole et des relations avec les collectivités territoriales d’Île-de-France, il y a urgence à mettre en œuvre un véritable “gouvernement métropolitain”. Quid de ce gouvernement métropolitain? Interview.
Que serait un gouvernement métropolitain, à part un nouveau nom ? Alors que les structures se succèdent pour tenter de formaliser une gouvernance métropolitaine, des coopérations volontaires comme le Forum métropolitain (ex Paris Métropole), ou à caractère obligatoire comme la Métropole du Grand Paris et ses établissements territoriaux, en quoi sera-t-il plus légitime?
Pierre Mansat : J’ai été longtemps partisan d’une politique fédérale qui conjugue les institutions existantes, syndicats, collectivités. Mais au regard de l’ampleur du défi, cela ne peut pas suffire. Il faut que s’imposent des choix politiques pour s’attaquer aux problèmes urgents comme par exemple l’aggravation des inégalités territoriales régulièrement mises en évidence dans des études, ou l’accélération du changement climatique. La légitimité populaire, elle, passe par le suffrage universel.
Quelle serait la bonne échelle ?
La bonne échelle est celle de la région, sauf à recréer une nouvelle frontière.
Quid des maires, très attachés à la libre administration des communes et notamment à la maitrise locale de l’urbanisme?
Il pourrait y avoir une assemblée des maires auprès de l’instance métropolitaine, mais il faut que les maires pensent différemment, au-delà des frontières communales. Dans une métropole, la réalité est l’imbrication extrême de la vie des gens avec leur territoire, qui explose les frontières communales. Je suis favorable aux PLU (Plans locaux d’urbanisme) intercommunaux mais, en dehors de quelques territoires, ces PLUI ne font actuellement que collationner les PLU de chaque commune sans réelle cohérence. Les gens souffrent de cette situation. D’autant qu’il y a aussi un déficit de politique nationale comme cela a été mis à jour en Seine-Saint-Denis. Et puis, il y a des sujets qui ne peuvent pas relever de l’échelon communal comme les questions de pollution. Sinon, on aboutit à la ZFE (Zone de faible émission) du Grand Paris en peau de léopard car certaines communes l’ont validée et pas d’autres. La pollution cause des milliers de morts par an, elle doit relever de la politique métropolitaine.
N’est-ce pas le rôle de la Métropole du Grand Paris (MGP) , instituée en janvier 2016, de faire converger les communes sur ces grandes questions stratégiques?
La MGP a permis des avancées car les élus ont commencé à se parler, se connaitre, aborder des sujets qui ne figuraient pas dans les préoccupations de tous comme le changement climatique. Mais je suis déçu, non pas par l’institution elle-même mais par le refus du débat politique, peut-être lié aux partis politiques eux-mêmes du reste. Aujourd’hui, la MGP est bloquée. Elle n’arrive pas à adopter son PMHH (Plan métropolitain de l’hébergement) car la classe politique grand-parisienne ne comprend pas assez comment cela fonctionne, pense à l’échelle de sa commune, voire un peu au niveau de l’intercommunalité. Il y a un refus d’obstacle sur des sujets comme les inégalités entre collectivités qui ont des ressources et les autres.
Comment rendre ce gouvernement métropolitain lisible aux yeux du citoyen et quelle place lui donner ?
Il y a un appétit puissant de la part des citoyens de se mêler au débat, notamment sur les grands projets d’aménagement. Là encore, la bonne échelle n’est pas celle de la ville. Sur le projet du Triangle de Gonesse par exemple, cela ne concerne pas que l’habitant de la commune. Idem pour l’Ile Seguin ou encore la gare du Nord. Il y a eu une conférence citoyenne à l’échelle nationale, pourquoi pas à l’échelle locale ?
Est-ce que ce ne sont pas les projets qui comptent d’abord pour les citoyens ? A l’instar du métro Grand Paris Express ou des grands projets urbains (nouvelles tours, nouvelles circulations, métamorphose du périphérique) ?
Il est clair que le Grand Paris Express va transformer les déplacements mais lui même est interrogé. Les études des notaires et agents immobiliers témoignent par exemple de la gentrification autour des gares et des points d’attention à avoir. Quel rapport va entretenir la grand couronne vis-à-vis de ce réseau ? Les habitants vont-ils être repoussés un peu plus loin ? Ces grands projets ne dispensent pas du débat sur la société urbaine que nous voulons.
Infos pratiques à propos du webinar
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La région c’est l’aire urbaine et une échelle pertinente pour celle-ci. Il me semble plus logique que la métropole gère la zone dense (Limite à préciser). Ce sont deux niveaux complémentaires mais distincts.
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