Ce mardi, la direction générale de l’Association pour adultes et jeunes handicapés du Val-de-Marne (APAJH 94), qui gère une quinzaine d’établissements médico-sociaux dans le département, a annoncé une refonte de l’organisation du temps de travail lors d’un comité social et économique (CSE). Une partie du personnel proteste et menace de faire une grève dure.
Avant même le CSE, le mécontentement avait déjà commencé au sortir de la crise sanitaire. «Une prime a été promise pour le personnel mobilisé durant cette période. Puis la direction générale a temporisé lorsqu’elle a compris que l’État pourrait la prendre en charge, sauf que ce sera moins avantageux que prévu», évoque un agent, amer.
La tension est ensuite montée d’un cran à l’institut médico-éducatif Louis le Guillant de Villejuif, l’un des établissements géré par l’association pour les adultes et jeunes handicapés du Val-de-Marne, suite à la décision de fermer un service d’accueil du weekend. Une fermeture contre laquelle le personnel a protesté par une occupation des locaux samedi dernier. «Du jour au lendemain, cette prise en charge de jeunes handicapés le weekend va s’interrompre. C’est un service qui nous permet de préparer nos résidents au passage dans des structures adultes où ils vont passer des weekends sans retourner dans leur famille. Cela facilite la transition. Nous accueillons également des enfants suivis par l’aide sociale à l’enfance qui, sinon, seraient envoyés dans des foyers pas toujours adaptés. Un garçon de 9 ans suivi dans notre IME y a été victime de maltraitance», explique une représentante du personnel. “Il y a un projet immobilier et une restructuration de l’activité de l’APAJH 94 qui est en recherche d’économie au détriment de l’offre de soins en Val-de-Marne, dénonce pour sa part la CGT. Comment peut-on dire qu’il s’agit d’une non-réouverture après le confinement quand le choix de fermer est pris, que vont devenir les jeunes qui étaient présents sur le week-end à cela on nous répond FAMILLES D’ACCUEIL ! Franchement de qui se moque-t-on, quand on sait que les métiers du handicap sont des métiers qualifiés.”
C’est dans ce contexte déjà tendu que le CSE proposant de revoir une vingtaine d’accords locaux sur les temps de travail s’est tenu, suscitant cette fois un refus massif. «Nous allons par exemple perdre nos 12 jours de RTT. Et lors des séjours, on ne nous comptera plus que 7 heures par jour au lieu de 12 heures», cite une employée. Des négociations doivent se poursuivre avant les vacances d’été mais les personnels menacent d’ores et déjà de faire grève.
Un casse-tête financier pour la direction
De son côté, Serge Duconget, directeur général de l’APAJH 94 défend une réorganisation justifiée par les difficultés systémiques du financement des établissements médico-sociaux, un point qu’il espère voir réglé par le Ségur de la Santé. “Dans notre secteur les écarts entre les salaires les plus hauts et les plus bas sont relativement faibles. Nous sommes tous mal payés. Il y a une revendication légitime de revalorisation salariale mais cet argent ne peut provenir que d’une évolution de notre convention collective qui est inchangée depuis 30 ans. Les syndicats n’ont pas voulu y toucher et le ministère n’a jamais voulu mettre d’argent dans la corbeille. Je le regrette” indique le directeur.
Alors que l’APAJH 94 est financée grâce à des contrats pluriannuels d’objectifs et de moyens signés avec l’Agence régionale de Santé, qui prévoient une ouverture de ses établissements 210 jours par an, le directeur général considère que, en l’état, il n’est pas en mesure de répondre au cahier des charges. «Avec les accords passés il y a une vingtaine d’années suite aux lois Aubry 1 et 2, nos salariés travaillent moins de 210 jours. Nous sommes donc contraints d’accueillir des usagers avec des handicaps relativement lourds pour offrir des taux d’encadrement suffisants. Nos établissements accompagnent des usagers dans la lourdeur du handicap est plus faible que les moyens qui nous sont alloués. En harmonisant les 35 heures à l’ensemble de nos structures, nous allons pouvoir ouvrir 210 jours et accueillir des personnes aux handicaps plus lourds», expose le directeur.
Concernant l’IME Le Guillant, Serge Duconget indique que l’établissement ne bénéficiait pas d’un agrément pour proposer l’accueil de weekend, à l’exception des enfants relevant de l’aide sociale à l’enfance. Dans le nouveau contrat signé avec l’ARS, ce dispositif a été remplacé par une orientation des jeunes vers des familles d’accueil.
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