Santé | Ile-de-France | 19/04/2020
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Ile-de-France – Coronavirus: faut-il sortir masqué, et comment?

Ile-de-France – Coronavirus: faut-il sortir masqué, et comment? © Feelart

Ce vendredi 17 avril, le Conseil d’Etat a retoqué définitivement l’arrêté municipal du maire de Sceaux qui visait à obliger les habitants à sortir en se couvrant la bouche et le nez. Chez les élus comme les habitants, les avis sont partagés.

Alors que les libertés individuelles sont déjà sérieusement entravées par le confinement préventif à l’épidémie de coronavirus Covid 19, la décision du maire de Sceaux, Philippe Laurent (UDI), s’appuyant sur les recommandations de l’Académie de médecine, avait été considérée comme excessive par la Ligue des droits de l’Homme qui a immédiatement fait tomber l’arrêté au Tribunal administratif de Cergy Pontoise. Ce vendredi, le Conseil d’Etat a définitivement clos le sujet en confirmant l’annulation.

Lire article précédent pour rappel du contexte : Le maire de Sceaux défend son arrêté obligeant à se couvrir la bouche et le nez
Voir l’ordonnance du Conseil d’Etat

Les habitants, eux, sont partagés sur l’obligation mais pas hostiles au principe. “Cela serait une solution pour sortir sans relancer une progression de l’épidémie comme tout le monde peut être porteur sain”, estime Sophie de Bry-sur-Marne, une hôtesse de l’air de 53 ans. “En Asie, cela fonctionne. C’est une démarche civique”, insiste également Eric, 56 ans, qui a joint le geste à la parole en fabriquant des masques en tissu qu’il a distribués aux habitants de son immeuble de Villiers-sur-Marne. “Le port du masque est une bonne idée car il permettra de se déconfiner doucement. Il devrait être imposé et on devrait en faire avec des masques maisons pour éviter les pénuries”, suggère Nathalie, 58 ans, gérante de restaurant.

Habitant de Maisons-Alfort, Xavier, un gendarme de 47 ans, estime au contraire que les masques en tissu ne servent à rien et s’agace des gens qui portent des masques jetables de protection FFP2 lorsqu’ils ne sont pas en première ligne. «Chaque masque qu’un civil prend, il le prend à une infirmière qui en a réellement besoin et c’est dramatique pour le personnel hospitalier.» Emile, 34 ans, infirmière en réanimation, abonde. “Le masque sert à ne pas contaminer les autres. Les gens qui sont directement exposés au virus en ont besoin et cela créerait une pénurie. Il faudrait surtout que les gens arrêtent de toucher leur visage.”

“J’ai constaté que de plus en plus de nos concitoyens se sentent protégés lorsqu’ils sortent avec un masque, tout comme ils sont de plus en plus respectueux des distances, observe Jacques J-P Martin, maire de Nogent-sur-Marne. Mais personnellement, je suis contre les arrêtés de ce type”, ajoute l’élu.

A L’Haÿ-les-Roses, le maire, Vincent Jeanbrun (Libres) partage, lui, la position du maire de Sceaux. “Si 100% des personnes portent un masque de protection, cela protège tout le monde. Je n’ai pas pris d’arrêté car ce ne serait pas légal en l’état et cela ne servirait à rien sur une seule ville mais le port du masque relève du bon sens”, développe l’édile.

La parade, proposer sans imposer, a été trouvée à Fontenay-aux roses, par Laurent Vastel (UDI). Le maire de la ville, qui a passé huit jours à l’hôpital Percy de Clamart en raison du virus, a pris un arrêté qui recommande “hautement” de porter un masque ou une protection buccale et nasale lorsque l’on se déplace en ville. (Voir l’arrêté).

Avant d’imposer les masques, encore faut-il en disposer….

“Tous les avis scientifiques vont dans le sens du port du masque, y compris l’intervention du chef de l’Etat mais c’est une décision qui appartient au chef de l’Etat et pour commencer, il faut être capable de fournir les masques!” rappelle-t-on au cabinet de la maire PCF de Villeneuve-Saint-Georges, Sylvie Altman.

La première condition pour que les gens portent un masque, est en effet d’abord de leur en fournir. “Je suis d’accord avec le port du masque pour tous, à condition que son accès gratuit soit garanti”, pose ainsi Anatole, 19 ans, étudiant parisien. “Je suis pour le port du masque afin de protéger mon entourage mais à condition que les masques soient disponibles en assez grande quantité pour subvenir aux besoins de tous et qu’ils soient proposés à un prix raisonnable”, insiste aussi Eric, 74 ans, retraité de Nogent-sur-Marne.

Commandes massives de masques en tissu

C’est dans ce contexte que beaucoup de collectivités ont lancé des commandes industrielles. D’ores et déjà, les conseils départementaux du Val-de-Marne, de Seine-Saint-Denis, et de Seine-et-Marne ont acheté des masques en tissu pour offrir à tous leurs habitants. Des établissement publics territoriaux (EPT) ont aussi mis en place des groupements de commande pour permettre aux villes s’approvisionner et beaucoup de communes ont déjà donné suite, en plus des nombreux bénévoles qui se mettent à l’ouvrage avec leur machine à coudre à partir du modèle proposé par l’Afnor (Association française de normalisation), ou se relaient pour confectionner des casques à visière avec une imprimante 3D.

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