Proportion d’habitants qui ont contracté le virus, bilan des décès par âge et départements, évolution de l’épidémie dans le temps, niveau de saturation des hôpitaux, facteurs soico-économiques… Le point sur l’épidémie de coronavirus Covid 19 en Ile-de-France en quelques chiffres, à l’aube du déconfinement.
Entre 8% et 21% de la population a contracté le virus en Ile-de-France
Evaluer la proportion de la population contaminée reste l’un des chiffres les plus compliqués à identifier à ce stade car beaucoup de personnes ont développé des formes bénignes de la maladie qui n’ont pas systématiquement été remontées à l’Agence régionale de santé et il n’y a pas eu de dépistage massif à grande échelle. Une étude réalisée en avril par des chercheurs de l’Institut Pasteur, l’Inserm et Santé Publique France a toutefois estimé le taux de contamination au 11 mai en croisant les statistiques disponibles, concluant à une moyenne de 5,7% de la population française, et de 12,3% en Ile-de-France, avec une marge d’erreur conduisant plutôt à une fourchette entre 7,9% et 21,3%. (Voir le tableau ci-dessous). Un taux de contamination de la population qui reste loin des 60% à 70% estimés nécessaires pour atteindre une immunité de groupe.
Soit entre 960 000 et 2,6 millions de personnes
La population francilienne étant estimée en 2020 à 12 174 880 personnes, cela donne un nombre estimé de personnes qui ont contracté le coronavirus Covid 19 de 1 497 510 (autour de 1,5 million), ou plutôt une fourchette allant de 961 815 à 2 593 249 personnes (entre 0,96 et 2,6 millions).
Région | Proportion de la population contaminée avec marge d’erreur |
Auvergne-Rhône Alpes | 4,4% [2.7 – 8.3] |
Bourgogne-Franche-Comté | 5,7% [3.5 – 10.6] |
Bretagne | 1,8% [1.1 – 3.3] |
Centre-Val de Loire | 3.1%[1.9 – 5.8] |
Corse | 5,4% [3.3 – 10.2] |
Grand-Est | 11,8% [7.4 – 20.5] |
Hauts-de-France | 6,1% [3.7 – 11.3] |
Île-de-France | 12,3% [7.9 – 21.3] |
Nouvelle-Aquitaine | 1,4% [0.9 – 2.8] |
Normandie | 2,6% [1.5 – 4.9] |
Occitanie | 3,1% [1.9 – 5.9] |
Provence-Alpes Côte d’Azur | 3,4% [2.1 – 6.4] |
Pays de la Loire | 1,9% [1.2 – 3.8] |
Source : Etude Estimating the burden of SARS-CoV-2 in France Henrik Salje, Cécile Tran Kiem, Noémie Lefrancq, Noémie Courtejoie, Paolo Bosetti, Juliette Paireau, Alessio Andronico, Nathanaël Hoze, Jehanne Richet, Claire-Lise Dubost, et al.
Télécharger l’étude
Environ 30 000 personnes ont été hospitalisées pour Covid 19 depuis le début de l’épidémie en Ile-de-France
Ce lundi 11 mai, 9 222 personnes étaient encore hospitalisées pour le coronavirus en Ile-de-France tandis que 20 554 patients sont sortis de l’hôpital. Au total, ce-sont donc 29 776 personnes qui ont été hospitalisées pour le Covid 19 depuis le 1er mars. Voir ci-dessous le détail par département d’Ile-de-France. Attention, les personnes ne sont pas forcément hospitalisées dans leur département d’origine.
A l’échelle de la région, cela représente 0,24% de la population.
Département | Sortis de l’hôpital | Hospitalisés | Total d’hospitalisations depuis le 1er mars |
Paris | 4737 | 1780 | 6517 |
Seine-et-Marne | 2005 | 563 | 2568 |
Yvelines | 1600 | 718 | 2318 |
Essonne | 1551 | 957 | 2508 |
Hauts-de-Seine | 3203 | 1544 | 4747 |
Seine-Saint-Denis | 2644 | 1308 | 3952 |
Val-de-Marne | 2929 | 1550 | 4479 |
Val-d’Oise | 1885 | 802 | 2687 |
Ile-de-France | 20554 | 9222 | 29776 |
Le nombre de passages aux urgences pour Covid passe en dessous des 10%
En Ile-de-France, le taux de passages aux urgences pour Covid 19 était redescendu à 8,49% en Ile-de-France la semaine du 27 avril au 3 mai (une semaine avant le déconfinement) après avoir représenté plus d’un tiers des passages. Voir le détail par département sur les semaines 17 et 18 (du 20 avril et du 27 avril).
Département | S17-2020 | S18-2020 | % de variation entre S17 et S18 |
75 – Paris | 19,76% | 16,97% | ↘ 14,1 % |
77 – Seine-et-Marne | 5,16% | 5,57% | ↗ 7,9% |
78 – Yvelines | 4,98% | 3,31% | ↘ 33,5 % |
91 – Essonne | 9,29% | 6,87% | ↘ 26,0 % |
92 – Hauts-de-Seine | 6,91% | 4,91% | ↘ 28,9 % |
93 – Seine-Saint-Denis | 8,11% | 5,74% | ↘ 29,2 % |
94 – Val-de-Marne | 9,45% | 6,14% | ↘ 35,0 % |
95 – Val d’Oise | 13,96% | 10,69% | ↘ 23,4 % |
Le nombre de patients en réanimation pour Covid 19 est repassé en dessous du nombre habituel de places de réanimation en Ile-de-France
En temps normal, l’Ile-de-France dispose de 1200 lits de réanimation. Une capacité qu’il a fallu augmenter d’urgence à l’approche du pic épidémique. Le nombre de patients en réanimation ou soins intensifs a atteint son sommet le 8 avril, avec 2668 patients, avant de redescendre progressivement. Il est descendu sous la barre des 1200 le 9 mai. Ce chiffre reste néanmoins très élevé par rapport aux capacités hospitalières habituelles car il n’y a pas que les patients atteints de Covid 19 qui ont besoin de lits de réanimation. Ci-dessous le détail de l’évolution du nombre de patients en réanimation par département d’Ile-de-France entre la fin mars et le 11 mai. (La barre des 1200 est symbolisée en rouge). Au niveau national, 2700 personnes étaient encore en réanimation ce 11 mai contre plus de 7000 au 8 avril.
82% des patients en réanimation ont plus de 50 ans
Selon le dernier bulletin épidémiologique de Santé Publique France, avec des chiffres arrêtés au 6 mai, 82% des patients ont plus de 50 ans et 56% ont plus de 60 ans. Voir détails ci-dessous.
Age | Proportion |
0-9 ans | 1,00% |
10-19 ans | 1,00% |
20-29 ans | 2,00% |
30-39 ans | 4,00% |
40-49 ans | 10,00% |
50-59 ans | 26,00% |
60-69 ans | 29,00% |
70-79 ans | 22,00% |
80-89 ans | 3,00% |
90 ans et plus | 1,00% |
Non Renseigné | 1,00% |
Total Ile-de-France | 100,00% |
Plus de 10 000 morts du coronavirus en Ile-de-France
En date du 11 mai, 6 258 personnes étaient décédées du coronavirus à l’hôpital en Ile-de-France. 4 265 résidents d’établissements médico-sociaux (essentiellement des Ehpa, établissements hospitalisés pour personnes âgées) sont par ailleurs décédés dans leur établissement en date du 4 mai. (Cette page sera mise à jour lorsque les données au 11 mai seront disponibles). Il reste toutefois un angle mort pour avoir un chiffrage complet des décès liés au coronavirus, celui des décès à domicile.
Détails par département des décès à l’hôpital, en date du 11 mai
Département | Décès à l’hôpital |
Paris | 1595 |
Seine-et-Marne | 560 |
Yvelines | 455 |
Essonne | 452 |
Hauts-de-Seine | 945 |
Seine-Saint-Denis | 892 |
Val-de-Marne | 1010 |
Val-d’Oise | 619 |
Ile-de-France | 6528 |
Nombre de décès parmi les résidents d’établissements médico-sociaux (principalement en Ehpad), cumulés jusqu’au 4 mai.
Ile-de-France | Cas parmi les résidents | Décès dans l’établissement parmi les résidents | Cas parmi le personnel |
75 – Paris | 4 600 | 583 | 2 400 |
77 – Seine-et-Marne | 3 730 | 421 | 1 989 |
78 – Yvelines | 3 630 | 442 | 2 050 |
91 – Essonne | 3 441 | 464 | 1 795 |
92 – Hauts-de-Seine | 4 582 | 753 | 2 560 |
93 – Seine-Saint-Denis | 3 139 | 522 | 1 509 |
94 – Val-de-Marne | 3 736 | 582 | 1 972 |
95 – Val-d’Oise | 3 067 | 498 | 1 458 |
Total région | 29 925 | 4 265 | 15 733 |
La surmortalité a fortement diminué
En Ile-de-France, la surmortalité a atteint son pic la semaine 14, du 30 mars au 5 avril. A cette date, l’excès de mortalité par rapport au nombre attendu avait atteint 221%. Fin avril, il est descendu à 53%. En termes de Z- Score (un indicateur obtenu en multipliant la différence entre le nombre de morts et le nombre qui était attendu par l’écart-type du nombre attendu), l’excès est passé de plus de 40 fin mars à un peu plus de 10 afin avril.
Le Val d’Oise frappé dès le début mars
Concernant les départements d’Ile-de-France, c’est d’abord le Val d’Oise qui a été touché avec notamment un cluster (une zone de circulation active du virus) identifié dès le tout début mars, bien avant le confinement, à Méry-sur-Oise. A ce jour, le département reste, avec Paris, le seul département d’Ile-de-France en rouge sur la carte de la circulation active du virus.
La Seine-Saint-Denis reste le département le plus touché
C’est ensuite la Seine-Saint-Denis qui a enregistré la plus forte surmortalité (près de 300% fin mars). Les Hauts-de Seine et le Val-de-Marne ont aussi connu une très forte surmortalité (autour de 250% fin mars comme le Val d’Oise). Le département qui a été le moins touché (de manière relative car tous les départements de la région ont connu une importante surmortalité) est celui des Yvelines.
Evolution de la surmortalité en pourcentage par rapport au chiffre attendu , de fin mars (semaine 14) à fin avril (semaine 17) [source : bulletins épidémiologiques régionaux de Santé Publique France]
Département | Semaine 14 | Semaine 15 | Semaine 16 | Semaine 17 |
75 – Paris | 174,00% | 132,00% | 87,00% | 23,00% |
77 – Seine-et-Marne | 169,00% | 153,00% | 121,00% | 80,00% |
78 – Yvelines | 156,00% | 133,00% | 69,00% | 42,00% |
91 – Essonne | 199,00% | 196,00% | 137,00% | 53,00% |
92 – Hauts-de-Seine | 255,00% | 214,00% | 129,00% | 55,00% |
93 – Seine-St-Denis | 295,00% | 253,00% | 172,00% | 66,00% |
94 – Val-de-Marne | 250,00% | 188,00% | 146,00% | 59,00% |
95 – Val-d’Oise | 243,00% | 218,00% | 160,00% | 95,00% |
Les facteur socio-économiques de la surmortalité en Seine-Saint-Denis
Une étude publiée par l’ORS (Observatoire régional de la Santé) Ile-de-France et l’institut Paris Région (portant sur le mois de mars) a commencé à détailler les facteurs de la surmortalité en Seine-Saint-Denis, en établissant tout d’abord que celle-ci a été plus intense dans les deux territoires nord, ceux qui touchent le Val d’Oise, à savoir Plaine Commune et Paris Terres d’Envol. L’étude a ensuite pointé les différents facteurs socio-économiques ayant pu expliquer cette surmortalité un peu plus forte que les départements voisins. L’étude détaille notamment que la Seine-Saint-Denis compte une proportion plus importante de familles nombreuses vivant dans des logements petits, et chiffre par ailleurs un nombre élevé de “travailleurs clés”, ceux qui étaient en première ligne dans les hôpitaux, les magasins, les transports ou encore les services de nettoyage.
Télécharger l’étude
Evolution de la surmortalité en indicateur Z-Score, de fin mars (semaine 14) à fin avril (semaine 17) [source : bulletins épidémiologiques régionaux de Santé Publique France]
Département | Semaine 14 | Semaine 15 | Semaine 16 | Semaine 17 |
75 – Paris | 22,5 | 17,8 | 12,4 | 3,5 |
77 – Seine-et-Marne | 12,8 | 11,8 | 9,6 | 6,6 |
78 – Yvelines | 12,2 | 10,6 | 5,9 | 3,7 |
91 – Essonne | 14,2 | 5,9 | 10,2 | 4,3 |
92 – Hauts-de-Seine | 22,4 | 19,4 | 12,6 | 5,8 |
93 – Seine-St-Denis | 25,2 | 22,1 | 15,9 | 6,8 |
94 – Val-de-Marne | 20,2 | 15,9 | 12,7 | 5,7 |
95 – Val-d’Oise | 20,2 | 18,5 | 14,2 | 8,9 |
Les bulletins épidémiologiques du coronavirus en Ile-de-France
Bulletin du 7 mai
Bulletin du 29 avril
Bulletin du 23 avril
Bulletin du 16 avril
Bulletin du 9 avril
Lire aussi :
Bonjour, merci pour vos commentaires. Concernant les données par ville, il n’y en a pas encore à ce stade, en dehors de Paris. Concernant la mortalité plus importante dans les hôpitaux du Val-de-Marne, elle s’explique par le fait que la capacité hospitalière du Val-de-Marne est très importante et que le département accueille des patients d’autres départements. C’est pourquoi faire des ratios par habitant à l’échelle du département, sans savoir si les patients sont des résidents du département ou s’ils ont simplement été hospitalisés dans le département n’a pas de sens. Concernant les chiffres de la surmortalité, nous avons bien prévu de plonger dedans pour essayer de les expliquer, en particulier le Z Score…
Merci pour ces données très intéressantes mais qui soulèvent toujours une question:
comment se fait-il que le Val De Marne possède les valeurs les plus importantes en nombre de décès de l’Ile de France (après Paris) mais avant le 92 et le 93, et qu’on ne parle jamais de cette situation.
On parle de surmortalité mais cette notion est assez floue et repose sur des décès “attendus”, mais la réalité objective n’est pas suffisamment étudiée.
Un bel article pour 94 citouens, n’est-ce pas?
Je confirme, merci pour cette étude détaillée et précise.
Un média local, indépendant et précis !
Avez-vous un focus spécial sur Nogent ?
Merci à 94 citoyens pour ces chiffres. On souhaiterait que les autres organes de presse soient aussi précis dans leurs informations
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