Permanent du PCF pendant douze ans puis maire-adjoint d’Ivry-sur-Seine depuis cinq ans avec son mandat d’élu comme principale ressource, Mehdi Mokrani a décidé d’opérer la frontière entre son parcours professionnel et une implication militante traversée de questionnements.
Pendant longtemps, il ne s’est pas posé la question tant son engagement pour la cause était total. Membre des Jeunesses communistes, secrétaire de section… De fil en aiguille, le diplômé d’histoire s’est retrouvé au PCF à 100% sans trop faire la distinction entre ses vies. Lorsqu’il a arrêté d’être permanent, c’était pour être élu. Mais élu, ce n’est pas une profession. Lorsque l’on s’arrête, on ne touche pas le chômage. A 38 ans, Mehdi a décidé de remettre les choses à plat. “Cela fait un an que je me pose des questions, et au bout d’un moment, les questions deviennent des évidences”, confie l’élu.
Entre temps toutefois, il y a eu la crise sanitaire et sociale du Covid, très prenante pour les élus de proximité, et surtout la campagne des municipales, qui n’avait rien d’une promenade de santé à Ivry. Le temps pour se poser et arriver aux conclusions, c’est donc après les municipales de juin que Mehdi l’a eu.
“J’ai besoin de repositionner mon engagement et cela passe par une forme de rupture. Je ne voulais pas rechercher une situation professionnelle et prendre ensuite tout le monde en traître”, motive l’élu.
Au-delà de la clarification entre ses vies personnelle, militante et professionnelle, Mehdi Mokrani reconnaît aussi ne plus partager le même enthousiasme politique. “Ce serait mentir que j’ai le même engagement aujourd’hui, même si je n’ai jamais été un lignard et ai toujours eu une volonté d’indépendance. Mais je ne veux pas devoir mon mandat à une organisation politique. Le mandat de conseiller municipal m’a été donné par les gens”, détaille-t-il, tout en ajoutant qu’il n’a aucun problème avec l’équipe.
“Je tiens ici à exprimer le profond respect que je nourris envers sa décision, et mon plein soutien dans les projets personnels qu’il poursuit. Cette décision ne relève pas d’un désaccord politique : Mehdi Mokrani reste conseiller municipal, et bien évidemment membre de la majorité municipale. A titre personnel, je souhaite que ce retrait soit l’occasion pour lui de retrouver les forces de s’investir à nouveau au service d’Ivry et de ses habitants. Toutefois, je suis convaincu que sa décision doit nous interpeller sur les conditions actuelles d’exercice d’un mandat local, et sur ce que tout cela implique dans la situation personnelle de celles et ceux qui souhaitent exercer pleinement ce type de responsabilité. A ce titre, je crois que le départ de Mehdi Mokrani de l’exécutif municipal marque, en ce début de mandat, la nécessité d’ouvrir collectivement de nouveaux chantiers à ce sujet”, a réagi le maire, Philippe Bouyssou (PCF), dans une déclaration.
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