A Ivry-sur-Seine, l’obligation de fermer à nouveau une salle de fitness ouverte il y a tout juste un an, en prévention de la Covid-19, anéantit son créateur. Témoignage.
Pendant quinze ans, Christopher Hance a été professeur de danses latines et coach sportif dans des salles de gym. C’est fin 2019 qu’il a décidé d’ouvrir sa propre salle de fitness pour créer un lieu comme il en rêvait, convivial, à taille humaine.
Une salle où on l’on suit tous les adhérents. “J’ai un système qui me permet de savoir lorsqu’un adhérent ne vient pas pendant trois semaines. Dans ce cas je lui passe un coup de fil pour le remotiver, l’encourager.”
Pour ce sportif, l’ouverture d’une salle de gym constitue un grand saut entrepreneurial mais il est prêt à engager toutes ses économies pour concrétiser son projet. Et il a déjà une équipe. “Les profs et coachs sont tous des potes”, confie-t-il. Ainsi ouvre-t-il “Giet Studio”, une salle de fitness et école de danse, en septembre 2019, au 3 rue Monmousseau à Ivry-sur-Seine.
Ce que Christopher ne peut imaginer à l’époque, c’est que le monde entier va plonger dans une crise sanitaire inédite quelques mois plus tard. Au mois de mars 2020, alors que la petite entreprise commence tout juste à avoir un peu de visibilité, tout s’arrête net une première fois. “Les propriétaires ont été super. Ils m’ont fait cadeau d’un loyer et ont échelonné les autres une fois le confinement terminé. Les clients aussi ont été solidaires”, se souvient Christopher Hance. Alors que l’ambiance est au déconfinement général à l’aube des vacances, l’entrepreneur garde le moral et se projette sur la rentrée, un moment à ne pas rater.
Au mois de septembre, il est au taquet pour prendre les inscriptions des habitants pleins de bonnes résolutions. Le coach peut envisager à nouveau sereinement la fin de l’année… jusqu’à mercredi dernier. En Ile-de-France, les derniers chiffres de l’épidémie sont préoccupants et des mesures préventives sont prises pour éviter la saturation des hôpitaux. Parmi les mesures de prévention : la fermeture des salles de gym, au moins pour quinze jours. Pour Christopher Hance, cette mesure est vécue comme l’arrêt de mort de son entreprise.
“La fermeture a été imposée pour quinze jours mais cela va avoir un impact beaucoup plus long en stoppant complètement la dynamique d’inscriptions. Sur une vingtaine de personnes qui devaient venir faire un essai, la moitié ont déjà décommandé. En réalité, ce-sont six mois d’activité qui sont bousillés”, s’alarme le patron de la salle de gym. Car en cette période de démarrage, les nouvelles inscriptions sont vitales pour la trésorerie. “A ce jour, c’est une part encore minoritaire de mon chiffre d’affaires mensuel qui est assurée par les cotisations récurrentes des adhérents, le reste vient des nouvelles inscriptions, de la mise à disposition de la salle et du coaching particulier.”
Quid des mesures de compensation du chiffre d’affaires promises par le gouvernement ? “Le problème est que le mois de septembre est le meilleur mois de l’année car c’est le mois qui concentre le plus de nouvelles inscriptions, en même temps que la rentrée. Notre chiffre d’affaires ne va donc pas baisser immédiatement et nous n’aurons le droit à rien en octobre, même si comparativement à septembre 2019, il y a moins d’inscrits”, explique Christopher Hance. Quant au chômage partiel, ses collaborateurs n’y ont pas le droit car ils sont auto-entrepreneurs, ayant chacun des contrats de quelques heures avec différentes salles de gym. “Je leur ai proposé de les salarier s’ils le souhaitaient dès le que l’entreprise serait sur les rails”, précise le dirigeant.
Et puis il y a aussi le loyer, l’électricité, les autres charges, chiffre le coach. “Je sui sen train de tout perdre. J’ai l’impression d’être un dommage collatéral.”
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