Paris-2024 est parvenu à boucler la moitié de son budget partenaires avec 500 millions d’euros engrangés à quatre ans des Jeux olympiques en France, un timing rassurant dans une quête rendue éminemment ardue par la crise du Covid-19.
Il n’y a pas que des mauvaises nouvelles. Quelques semaines après avoir annoncé devoir trouver environ 400 millions d’euros d’économies pour maintenir son budget de 3,8 milliards d’euros, le Comité d’organisation des Jeux Olympiques Paris-2024 (Cojo) peut se targuer d’avoir effectué la moitié du chemin côté sponsors, avec 500 millions d’euros sécurisés sur les 1,088 milliards d’euros programmés. “On est en avance sur Londres par exemple”, assure d’ailleurs Paris-2024.
Le triple champion olympique français de canoë Tony Estanguet, le patron du Cojo, avait quelque peu devancé la signature comme partenaire Premium (rang 1) d’Orange qui devrait être officialisée jeudi, et deux autres partenaires de rang 2 “d’ici la fin de l’année”, selon Paris-2024, pour annoncer, il y a plusieurs semaines, avoir franchi la barre des 500 millions d’euros.
L’arrivée de l’opérateur de télécoms aux côtés du groupe bancaire BPCE et de l’électricien EDF dans le club des Premium, était attendue. Depuis des mois, les interrogations sur la capacité du Cojo à signer des entreprises capables, malgré le contexte, de mettre plus de 125 millions d’euros sur la table – ticket d’entrée pour intégrer le club des Premium selon plusieurs sources proches des négociations -, se faisaient de plus en plus pressantes. Des craintes logiques, les entreprises ayant dû revoir à la baisse leurs investissements sur le sponsoring sportif en raison de la crise.
“Mais notre projet reste extrêmement attractif”, fait valoir Paris-2024, Tony Estanguet évoquant mercredi à l’issue du conseil d’administration l'”enthousiasme” des grandes entreprises françaises “à rejoindre le projet”.
Si le message du comité d’organisation des JO-2024 est rassurant et la performance notable, “personne ne peut échapper au contexte en ce moment, même pas eux”, nuance toutefois un connaisseur du dossier.
“En même temps, la marche n’est pas très haute. 1,1 md d’euros c’est plus que Londres certes mais c’est 3 fois moins que Tokyo”, rappelle un spécialiste du dossier.
Si les contrats se signent, Paris-2024 a malgré tout accumulé un peu de retard sur la trajectoire prévue. “Pas dans la phase d’entrée des partenaires, il n’y a d’ailleurs pas de doute qu’ils bouclent leur budget, mais dans l’activation des droits”, précise Bruno Bianzina, de l’agence Sport Market.
“Je redoutais une année blanche, on n’en n’est pas loin. Il ne se passe pas grand-chose en terme de prise de parole. Pas de grande initiative pour générer de l’envie”, regrette-t-il.
“Sur les 9 derniers mois, ce sont les élus de Saint-Saint-Denis qu’on a le plus entendus”, raille un autre connaisseur du dossier. Les élus de ce département voisin de Paris, ont effectivement récemment fait part de leurs inquiétudes quant aux remaniements envisagés par le Cojo pour faire des économies avec notamment le départ des épreuves de natations de leur territoire, qui est l’un des plus pauvres de France.
“L’intérêt des partenaires c’est que ça multiplie l’impact et le déploiement des messages de communication”, explique Bruno Bianzina, “on n’y est pas pour l’instant”.
“Ils sont concentrés sur les économies, sur des problèmes de dossier d’organisation, de gouvernance, et au final, à quel moment ce projet fait partie du quotidien des Français?”, s’interroge-t-il.
Les JO de Tokyo reportés d’un an, la frilosité qui touche certains secteurs plus impactés que d’autres par la pandémie comme le tourisme ou les transports, ont inévitablement freiné le modèle prévu. Air France par exemple, qui faisait partie des partenaires envisagés, n’est plus dans la course.
“Ils galèrent un peu oui, c’est normal, mais ils sont bons, ils travaillent bien”, assure une source proche du dossier.
Selon plusieurs sources proches des négociations, le prochain partenaire Premium devrait être un groupe de l’hôtellerie. Paris-2024 compte aussi sur une autre rentrée d’argent via la vente des produits dérivés qui devrait rapporter près de 127 millions d’euros.
Le Cojo commence aussi à regarder vers l’étranger et devrait tenter de “cibler des entreprises qui souhaiteraient se développer en France”, précise-t-il. Une option pas forcément prévue au départ.
par Cyril TOUAUX
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