« Effroi », « choc », « stupeur » « horrible ». Quelques jours après l’attentat contre Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie d’un collège de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), assassiné pour avoir enseigné la liberté d’expression, l’émotion était intacte sur le parvis de La Défense.
« Je n’ai jamais pensé que ça pourrait arriver à l’école et surtout pas un professeur. Il faisait seulement son job », témoigne Juline, étudiante en Master. « C’est insupportable qu’un professeur ne puisse plus faire un cours normalement, alors que c’est le fondement de notre identité, de notre république », se révolte Stéphanie à la sortie de la CNIT. « Demain, n’importe quel professeur peut se faire tuer en sortant de cours juste parce qu’on n’est pas d’accord avec ce qu’il dit », se désole Chelsea, une jeune femme de 19 ans.
“Maintenant, ça peut arriver à n’importe qui, n’importe quand”
« On imagine que l’école c’est une sorte de cocon. Donc on ne peut pas imaginer qu’un événement pareil se déroule à la sortie de l’école », explique Justine, jeune trentenaire. Pour cette autre femme qui travaille à Nanterre, le ton est fataliste. « J’étais choquée, mais finalement on vit dans un monde tellement violent. Maintenant, ça peut arriver à n’importe qui, n’importe quand. Je crois que plus personne n’est épargné ».
« Quand on était au collège, on nous a parlé du judaïsme, du christianisme, de l’islam et des caricatures. On nous a parlé de plein de choses et personne n’était choqué. On était dans le privé, c’est peut-être différent », se souviennent deux jeunes femme de 28 ans. « Je pense que si cet événement s’était déroulé durant les années où on était encore à l’école, nos parents seraient allés voir le professeur et le proviseur et puis c’est tout », estime l’une d’elles, pointant du doigt le rôle amplificateur des réseaux sociaux.
Pour Maïmouna, 18 ans et ancienne lycéenne de Montrouge, ces cours étaient sous le signe de l’écoute et de la tolérance. « C’étaient principalement des débats. On n’a jamais eu de problème parce que le prof était neutre et laïque. Il n’avait aucun jugement sur les religions et il savait qu’il avait un éventail de possibilité devant lui. Il n’était pas fermé mais il ne nous donnait pas son avis », raconte-t-elle. Désormais, elle craint aussi les amalgames. «J’ai peur pour les musulmans, car il y a trop d’amalgames. Dans l’Islam, on prêche d’être bon et d’être gentil. Alors que tout ce que l’on voit ce sont des musulmans comme des barbares, des terroristes ».
« Cet événement veut dire beaucoup de choses sur les maux de notre société et sur le fait que l’éducation a évidemment un énorme rôle à jouer. Les professeurs ont beaucoup à faire et je leur souhaite beaucoup de courage. Mais il faut qu’on les aide aussi », déclare de son côté Isy, tout juste sortie d’un rendez-vous à La Défense. « Hier, j’étais à la place de la République pour grogner et dire que je n’étais pas d’accord avec tout ça. Et qu’on est tous un Samuel potentiel », reprend Isy. Pour Stéphanie, « il faut plutôt des actes ». « Bien sûr qu’il faut lui rendre hommage. J’étais présente pour Charlie, mais je ne suis pas sûre que répéter ce genre de chose soit très efficace ».
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