Il y a désormais 9 cas confirmés de coronavirus à la Maison d’arrêt de Fresnes, dont le détenu de 74 ans décédé le 16 mars. Lieu de confinement forcé et groupé, la prison n’est pas l’endroit le mieux protégé contre les épidémies. Depuis plusieurs jours, des mesures de libération ont été déployées pour y réduire le nombre de pensionnaires.
Les annonces de la garde des Sceaux ce mardi, visant la libération de 5000 détenus, devraient encourager le mouvement. “En dehors du détenu de 74 ans qui est décédé, et qui avait des facteurs importants de co-morbidité, il n’y a pas eu de nouveaux cas parmi les détenus mais un centaine sont confinés par précaution”, précisait ce lundi Laurent Ridel, directeur interrégional des services pénitentiaires de Paris, joint au téléphone. Concrètement, les détenus confinés ont été regroupés au sein d’une même partie de division.
En ce début de semaine, 6 cas étaient également symptomatiques parmi le personnel, sans qu’un lien ait été établi ou pas avec leur travail. Depuis ce mercredi, le chiffre est passé à 8 cas confirmés parmi les agents, en plus du détenu décédé, annonce Cédric Boyer, surveillant et délégué FO pénitentiaire. “Trois membres de la direction ont été détectés positifs. Ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi il n’y a que la direction qui est testée et non l’ensemble des agents”, remarque le surveillant.
Du côté des détenus, plusieurs mesures ont été prises pour lutter contre la propagation du virus. “Nous matraquons le discours sur les gestes barrière et distribuons gratuitement des produits d’entretien et du savon”, indique le directeur interrégional. Les parloirs ont aussi été supprimés même si les avocats peuvent continuer à suivre leurs clients. En compensation, la télé est gratuite dans les cellules et un temps de promenade supplémentaire a été accordé le samedi, à l’heure prévue des parloirs. Des heures de conversation téléphonique sont aussi offertes.
Au-delà de ces mesures, l’enjeu reste de réduire le nombre de détenus enfermés le plus souvent à plusieurs par cellule, même si la Maison d’arrêt, en état de surpopulation chronique depuis de nombreuses années, a vu sa situation légèrement améliorée. “Nous étions arrivés à un taux d’occupation de 205% mais sommes redescendus autour de 160% suite à la réouverture de la Santé qui a pu absorber environ un tiers des écrous de Paris”, détaille Laurent Ridel.
Depuis le début de la phase critique de l’épidémie, les départs se sont accélérés. “Nous avons demandé à pouvoir renvoyer chez eux les détenus qui sont dans les quartiers de semi-liberté (qui sortent travailler la journée et rentrent le soir en prison). Nous demandons aussi à ne pas mettre à exécution immédiate les courtes peines de personnes qui ne sont pas dangereuses”, détaille le directeur interrégional. “Le maintien des détenus des quartiers de semi-liberté nous pose particulièrement problème car ils sont à l’extérieur durant la journée pour travailler et présentent donc plus de risques de propager le virus”, insiste Cédric Boyer.
Une demande bien comprise. Dès ce lundi, 64 aménagements de peine avaient été accordés hors débat (hors audience avec le juge d’application des peines), indique-t-on au Parquet de Créteil qui prévoyait d’amplifier le phénomène cette semaine. “Mais on ne peut pas non plus libérer dans n’importe quelle condition. Il faut un projet”, précise le Parquet. En parallèle, il y a aussi moins d’incarcération, d’abord parce qu’il y a une baisse sensible de la criminalité en raison du confinement général, ensuite car les courtes peines concernant des personnes non dangereuses ne font pas l’objet d’un mandat de dépôt. Ce mercredi, une des 25 ordonnances prises dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire a fixé un cadre. Celle-ci “prolonge les délais maximums de placement en détention provisoire et d’assignation à résidence durant l’instruction et pour l’audiencement. Elle allonge les délais de traitement des demandes de mise en liberté des personnes détenues à titre provisoire. Enfin, l’ordonnance assouplit les conditions de fin de peine, en prévoyant notamment des réductions de peine de deux mois liées aux circonstances exceptionnelles”, indique l’Elysée dans son compte-rendu du Conseil des ministres. Une mesure qui n’est en revanche pas possible en ce moment pour des raisons sanitaires : la pose du bracelet électronique.
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