Ce n’est pas la première fois que le commissariat de Champigny-sur-Marne, situé dans le quartier du Bois l’Abbé, est la cible de tirs de mortiers, mais cette nuit du 10 au 11 octobre, le feu d’artifice s’est accompagné d’une quarantaine de personnes armées de barre de fer.
Les deux policiers qui se trouvaient à l’extérieur à ce moment là, aux alentours de minuit, ont juste eu le temps de rentrer à l’intérieur. Au total, cinq véhicules de police ont fait les frais de l’attaque, comme le montrent les photos de vitres brisées prises par les agents. La porte du commissariat a également été dégradée, le tout dans une ambiance de feu d’artifice.
Voir ci-dessous la vidéo filmée par les agents
Pourquoi cette attaque spécifiquement cette nuit ? Quel a été l’élément déclencheur ? C’est ce qu’il reste à élucider. Seul quartier du Val-de-Marne entrant dans le dispositif de ZSP (Zone de sécurité prioritaire), le quartier du Bois l’Abbé a aussi été le premier à tester la Police de sécurité du quotidien avec l’arrivée d’une nouvelle brigade. A chaque nouveau dispositif imaginé par l’Etat pour améliorer la sécurité dans les quartiers, le Bois l’Abbé fait partie des sites pilotes. Mais la tâche reste immense.
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Gérald Darmanin veut interdire la vente de mortiers
En attendant, l’attaque de cette nuit a fait la une de l’actualité nationale ce dimanche, suscitant de nombreuses réactions politiques. Après avoir réagi sur Twitter en début de journée, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, s’est rendu au commissariat ce dimanche soir pour rencontrer les agents. Il a y annoncé son intention d’interdire la vente de mortiers et a indiqué le président de la République recevrait les syndicat de policiers ce jeudi matin à 8h30.
Je suis venu ce soir témoigner aux policiers le soutien du Président de la République, du Premier ministre et de l’ensemble du gouvernement et leur dire que nous sommes avec eux.
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) October 11, 2020
Le Président de la République recevra ce jeudi les représentants des policiers. pic.twitter.com/VKwsgPKG2J
Le président du Conseil départemental, Christian Favier, élu dans le canton de Champigny, a publié un communiqué pour apporter son soutien aux agents et habitants, et appeler l’Etat à un renfort de moyens sur le terrain. “Depuis le mois de juillet et l’incendie volontaire du gymnase Daniel Fery, Champigny a connu plusieurs autres événements particulièrement inquiétants. Des centaines d’habitant.e.s se sont mobilisés depuis à travers une pétition et des initiatives citoyennes dans les quartiers pour demander de nouveaux effectifs policiers à Champigny ainsi que la création d’un deuxième commissariat de police nationale sur la ville. J’ai écrit au Préfet du Val de Marne à ce propos le 28 juillet dernier pour soutenir cette revendication. J’interpelle aujourd’hui une nouvelle fois l’Etat pour que la mobilisation citoyenne pour le droit à la sécurité à Champigny soit respecté”, réclame l’élu.
De son côté, le maire de la ville, Laurent Jeanne, s’est rendu sur place avec la présidente de région Valérie Pécresse dans l’après-midi avant d’y revenir le soir avec le ministre.
Le Bois l’Abbé: histoire d’une cité sensible
Jusqu’à la fin des années 1950, le quartier du Bois l’Abbé, excentré et en hauteur par rapport au centre-ville campinois, portait bien son nom. S’y trouvait un morceau de forêt un peu marécageux, autrefois propriété de l’Abbaye de Saint-Maur. C’est dans les années 1960 que surgit d’un bloc ce nouveau morceau de ville. Pour réagir à la crise du logement et mal-logement, l’Etat planifie des grands ensembles en périphérie. Le grand ensemble du Bois l’Abbé est lancé en 1967, aux deux-tiers sur Champigny et un tiers sur Chennevières. Il d’agit d’une décision de l’Etat qui confie à des offices parisiens HLM le soin de gérer cet ensemble de plus de 4000 logements, rues comprises. Un morceau de ville HLM excentré et architecturalement tourné sur lui-même qui échappe donc complètement à l’action municipale, ce qui cause très vite des problèmes pour administrer ce quartier au quotidien. Ce n’est qu’à partir de 1981, étape par étape, parfois de haute lutte, que les villes récupèrent les voies publiques et parent au plus pressé pour reconfigurer le quartier, supprimant par exemple l’immense parking – fermé – en sous-sol pour créer une Maison pour tous et diminuer un peu l’effet de dalle. Depuis le début des années 2000, le quartier a bénéficié des deux programmes de rénovation urbaine (Anru 1 et Anru 2). Outre la réfection des logements et la déconstruction de tours, ce programme a permis de désenclaver le quartier en l’ouvrant d’avantage vers le reste de la ville et a reconfiguré l’espace central. Parmi les réalisations notamment, la Maison pour tous, installée en contrebas de la dalle, en utilisant une partie des parkings souterrains qui avaient été construits mais n’étaient pas ouverts.
Article mis à jour ce 12 octobre suite à la visite du ministre de l’Intérieur à Champigny
Bien d’accord, bravo pour ces remarques pleines de bon sens!
Il ne suffit pas de les soutenir, il faut plus d’effectifs, remettre les ilotiers, des éducateurs de rue pour encadrer cette jeunesse désoeuvrée, et aussi dépénaliser la drogue également, assez d’hypocrisie.
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