Santé | | 19/05/2020
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Le ras-le-bol des aides soignantes à l’hôpital Henri-Mondor de Créteil

Le ras-le-bol des aides soignantes à l’hôpital Henri-Mondor de Créteil

“Je gagne 1600€ nets par mois en faisant 12 heures par jour et en travaillant un weekend sur deux. Ma principale demande est simple : augmentez nos salaires. Les médailles ou la descente des Champs-Elysées le 14 juillet vraiment, on n’en a rien à faire!” résume Vanessa, aide-soignante depuis 12 ans.

Comme elle, une douzaine d’hospitaliers se sont rassemblés ce lundi devant le CHU Henri Mondor de Créteil (AP-HP), pour se rappeler à l’agenda des promesses présidentielles, celle d’une prime exceptionnelle de 1500€ et d’un plan d’investissement et de revalorisation du système de santé.

Une attente partagée par une autre blouse bleue, Magalie, qui, à 41 ans, et après 21 ans d’ancienneté, touche 1644€ nets par mois. “Je monte à 1750 si je travaille deux dimanches par mois”, précise-t-elle. “J’ai des enfants, que je n’ai d’ailleurs pas vus pendant près de deux mois, mais je n’ai pas le droit à des aides car ‘je gagne trop’.” Après ces deux mois à bosser jusqu’à 60 heures par semaine dans la peur, le stress de ramener la maladie à la maison et des protections strictement contingentées, les équipes réclament une reconnaissance financière.

“Si c’est pour transformer nos heures supp’ par des jours de repos, ce n’est pas la peine”

Alors qu’une deuxième vague reste possible en raison du déconfinement, les soignants mettent en garde sur les tensions suscitées par les dernières annonces à leur sujet. “Si c’est pour transformer nos heures supp’ par des jours de repos, ce n’est pas la peine. Surtout quand on nous a promis de les majorer à 50%”, lâche une infirmière. “Et puis, nous n’avons pas encore reçu la prime, et nous savons qu’elle ne sera pas pour mai malgré ce qui était annoncé. J’attends de voir ce qui va être fait, concrètement, par le ministre de la Santé ; on se demande un peu ce qu’il vont nous pondre comme idée.” poursuit-elle.

“Quelle idée de donner des jours. La visite de Macron (ndlr visite présidentielle à la Pitié Salpêtrière (AP-HP) vendredi 15 mai) a vraiment exacerbé les tensions car c’est trop facile de faire son mea culpa alors qu’on l’a alerté des mois durant sur son plan santé sans qu’il ne daigne nous écouter. Et ça recommence : il promettait 1500€ pour tout le personnel soignant, il parle désormais de verser 500€ par-ci, 1000 par là”, dénonce Eric Tricot, infirmier et délégué Sud Santé. Un décret paru vendredi 15 mai précise que la prime distribuée sera bien de 1 500€, mais uniquement à ceux qui ont lutté dans les départements les plus touchés par l’épidémie, et de 500€ pour les autres.

Stopper les suppressions de postes

Au-delà des salaires, l’autre urgence concerne l’arrêt des suppressions de postes. “Car si c’est pour gagner mieux mais cumuler encore un peu plus le travail d’une personne en moins, ça revient au même : travailler dans de mauvaises conditions”, reprend une aide-soignante.

Mais même sans vouloir supprimer les postes, encore faut-il attirer les candidats pour disposer du personnel suffisant… “Les jeunes ne touchent pas grand chose, même en travaillant les dimanches et en faisant des journées à rallonge. La nuit, c’est 1,07€ de l’heure… Déjà aujourd’hui, les écoles d’infirmières ont du mal à se remplir, et les étudiants en stage qui ont rallongé leurs heures ne peuvent prétendre à la prime annoncée. Ce n’est ni normal, ni motivant pour eux”, insiste Jean-Claude, délégué Sud Santé.

Une grande manifestation prévue le 16 juin

Pour les quelques hospitaliers présents ce lundi, ce rendez-vous n’est qu’un début. “La suite, c’est la grande manifestation prévue le 16 juin”, annonce Eric Tricot. Ce lundi, douze syndicats et collectifs (Amuf (urgentistes), APH (médecins hospitaliers), CGT, SUD, Unsa, Inter-Blocs, Inter-Hôpitaux, Inter-Urgences, Printemps de la psychiatrie, Coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et des maternités de proximité) ont appelé à une journée de mobilisation pour l’hôpital le samedi 16 juin. En attendant, un “Ségur” de la santé, round de négociations entre le gouvernement et les hospitaliers, doit démarrer ce lundi 25 mai sous l’égide du ministère de la Santé.

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