Plusieurs maisons de retraite du Val-de-Marne s’alarment des conséquences du Covid 19 et du confinement sur l’état de leurs finances. Le Conseil départemental du Val-de-Marne craint des faillites dans les prochains mois et réitère sa demande d’un fond d’urgence doté dans un premier temps de 300 millions d’euros.
Le modèle économique des Ehpad (Etablissements hospitaliers pour personnes âgées dépendantes) repose sur une occupation optimale des lits permettant de facturer des dépenses d’hébergement et de soin auprès des usagers, des collectivités locales et de l’État qu participent chacun en fonction du niveau de dépendance de la personne. Depuis la mi-mars, l’épidémie de Covid 19 a grippé cet équilibre qui était déjà tenud. Confinement oblige, les admissions de nouveaux résidents sont suspendues alors que dans le même temps, la surmortalité liée au coronavirus, ajoutée à la mortalité naturelle des pensionnaires très âgés, a libéré de nombreuses places. Parallèlement à cette sous-utilisation des capacités d’accueil, les établissements doivent prendre en charge des dépenses exceptionnelles pour appliquer les mesures sanitaires.
«Selon les informations recueillies auprès des directions d’Ehpad et qui nous ont été confirmées ce mercredi par la Direction départementale des finances publiques (Ddfip94) lors d’une réunion en préfecture, plusieurs établissements pourraient se retrouver dans l’impossibilité de payer les salaires dès le mois de mai. Certains sont exposés à des risques de faillite dès cet automne», alerte-t-on au cabinet de la présidence du Conseil départemental du Val-de-Marne. Cette situation touche en premier lieu les Ehpad des régions les plus contaminées à savoir l’Île-de-France et le Grand Est.
Le Conseil départemental, qui représente que 15 à 20% du budget des Ehpad via le forfait dépendance, indique étudier la possibilité d’accorder des facilités de trésorerie pour les sites les plus en difficulté et appelle à un fonds d’urgence. La semaine dernière, le président du Val-de-Marne, Christian Favier, a écrit en ce sens au Premier ministre. Il réclame une première enveloppe de 300 millions d’euros.
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«En attendant de recevoir une réponse de Matignon, nous nous sommes entretenus avec l’Association des départements de France pour accroître la sensibilisation du gouvernement à ce sujet», fait savoir le département.
Un plan d’urgence aux collectivités locales vient d’être annoncé cette semaine par l’état :
https://www.lemonde.fr/politique/article/2020/05/29/collectivites-locales-un-plan-d-urgence-de-4-5-milliards-d-euros-pour-faire-face-a-la-crise_6041160_823448.html
Extrait :
“Les premières conclusions rendues par Jean-René Cazeneuve, le président de la délégation aux collectivités territoriales et à la décentralisation de l’Assemblée nationale, chargé par le premier ministre d’une mission sur l’impact de l’épidémie sur les collectivités, font ressortir que leurs recettes pourraient diminuer d’environ 7,5 milliards d’euros en 2020.
Toutes ne seront pas touchées de la même manière. En 2020, les pertes devraient s’élever à 3,2 milliards d’euros pour le bloc communal, 3,4 milliards pour les départements, particulièrement concernés par l’effondrement des transactions immobilières et, par conséquent, par la chute des droits de mutation à titre onéreux, les frais de notaire, et 0,9 milliard pour les régions.
S’y ajoutent les dépenses engagées par ces mêmes collectivités, notamment les régions, pour faire face à la crise. Par ailleurs, les effets de la crise se feront encore ressentir en 2021, notamment en ce qui concerne la fiscalité économique, du fait du décalage d’une année de la perception du produit de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises.”
Avec la forte diminution du nombre de pensionnaires, il ne doit plus y avoir de sous-effectif chez le personnel – problème dénonçé il y a peu par le département.
Les “mesures sanitaires” n’ont plus rien d’exceptionnel, mais font partie pour longtemps de l’hygiène de base dont le respect aurait évité de nombreux morts.
Et pourtant, horreur, il manque plus de 300 millions €.
Il va falloir établir la vérité des comptes : qui paie combien (État, département, familles) pour chaque place en EHPAD avec l’effectif et les moyens nécessaires.
Et comment cet argent est utilisé. Donc, publier les comptes. Et faire un audit sérieux. Parce que les places en EHPAD, ça coute très cher aux familles qui paient.
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