A Boissy-Saint-Léger, un service des douanes veille à ce que les 24 000 buralistes du pays ne soient pas les victimes collatérales de la lutte contre le tabagisme et fait la chasse aux cigarettes de contrebande. Zoom sur ce service visité ce lundi par le ministre Olivier Dussopt pour communiquer sur le plan du gouvernement en la matière, à dix jours du mois sans tabac.
“En 2019, un peu moins d’un quart (24 %) des 18-75 ans fumait quotidiennement, alors qu’ils étaient 25,4 % en 2018”, se félicite le gouvernement. Prix des cigarettes en constante augmentation, images atroces sur les paquets, interdiction de fumer dans un nombre croissant de lieux, accompagnement des fumeurs pour arrêter… On est loin du sémillant cow boy Marlboro qui crevait les écrans de cinéma dans les années 1970. D’année en année, la lutte anti-tabac marque des points, provoquant l’effondrement des ventes par les buralistes tandis que les marchands de cigarettes de contrebande tirent leur épingle du jeu grâce à des prix affranchis de toutes taxes.
Aider les buralistes à changer de métier et éviter la montée en puissance du marché de contrebande, voià à quoi s’attelle le service des douanes de Boissy. Installée à l’hôtel particulier Revillon, légué aux douanes par les héritiers d’une famille boisséenne ayant fait fortune dans la fourrure, son équipe d’agents travaille sur les deux volets : l’aide à la transformation des buralistes et la lutte contre la fraude. En 2019, le service a notamment traité 5662 dossiers d’aide à la sécurisation (réserve de tabac, coffre,…) pour un montant total de 28,1 millions d’euros.
Passer à autre chose que vendre des cigarettes
Au-delà de la sécurisation de leur local, le futur des buralistes passe toutefois par une réorientation de leur offre car le tabac n’est clairement plus un produit d’avenir. « Nous sommes des commerces de proximité, non délocalisables. Nous avons tout le potentiel pour devenir le drugstore du quotidien des français », enjoint Philippe Coy, président de la confédération des buralistes, qui suggère le vapotage, la livraison de colis, le snacking ou les services de conciergerie.
Depuis juillet 2020, les buralistes peuvent aussi percevoir les taxes, amendes, impôts locaux ou encore prestations de cantine et de centres de loisirs des villes pour le compte des trésoreries, en plus de vendre des timbres. Environ 5000 buralistes proposent déjà ce service en France dont une centaine dans le Val-de-Marne. La liste est disponible en ligne.
Pour encourager ces transformations, le gouvernement a communiqué hier sur son fonds de transformation de 20 millions d’euros par an destiné à aider les officines à étudier le marché, en partenariat notamment avec les CCI, puis à réaménager leur local. « Notre politique de santé publique vise à faire de nos enfants la première génération d’adultes sans tabac, en contrepartie, nous devons soutenir la transformation active du réseau de buralistes grâce à des aides financières octroyées pour aller vers une diversification de leurs activités », a insisté Olivier Dussopt, le ministre délégué aux comptes publics, en visite ce lundi à Boissy-Saint-Léger.
Lutte contre le tabac de contrebande
L’autre cheval de bataille des équipes de Boissy-Saint-Léger est la lutte contre la vente de tabac de contrebande. Une trentaine d’agents s’y emploient qui ont saisi cette année 19,2 tonnes en Ile-de-France dans le cadre de 1451 opérations. A partir du 20 octobre, les brigades de Melun et de Marne la Vallée pourront par ailleurs déployer des scanners portatifs sur pour traquer les véhicules sur la route, dans le cadre d’une expérience pilote. Les douaniers ont aussi dans le viseur les particuliers qui se rendent en Allemagne ou au Benelux pour acheter des cartouches et financer leur consommation en revendant une partie de leurs emplettes à des proches. Autre outil : une application Stop trafic tabac pour permettre aux débitants d’effectuer des signalements de trafics, qui doit contribuer au travail de renseignement.
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