Reportage | | 23/01/2020
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Les profs ont donné de la voix et des manuels devant le rectorat de Créteil

Les profs ont donné de la voix et des manuels devant le rectorat de Créteil

Près de 150 professeurs et quelques élèves ont manifesté ce mercredi 22 janvier devant le rectorat de Créteil en début d’après-midi, déposant un monceau de manuels scolaires devant les grilles, pour protester contre les réforme du baccalauréat et des retraites.

Répondant à l’appel de l’intersyndicale 2nd degré de l’éducation et l’intersyndicale interprofessionnelle 94 (CGT SOLIDAIRE, FSU, FO, UNEF), de nombreux professeurs et quelques lycéens se sont retrouvés devant l’Académie de Créteil pour protester contre la réforme des retraites et celle du baccalauréat, arborant pour nombre d’entre eux une pancarte avec l’inscription : nous sommes les 0,1% « le Ministre de l’Education, Monsieur Blanquer a dit que 99,99% des professeurs étaient favorables à cette réforme, on veut lui montrer qu’il se trompe totalement », décode un professeur d’Alfortville.

“Nous n’avons plus confiance en vos paroles” peut-on lire aussi sur une affiche placardée devant le bâtiment. « Je n’arrive même plus à écouter leurs discours, tellement leurs paroles m’énervent » confie un professeur d’Ivry-sur-Seine. Ce mercredi, les enseignants manifestent pour les deux réformes. Côté retraites, le nouveau calcul sur toute la carrière au lieu des 6 derniers mois ne passe pas.

« ils défont un système vieux de 70 ans, le métier n’est plus valorisé, il n’attire plus. On est payé 1,50 euros de l’heure pour corriger les épreuves du baccalauréat, on veut nous faire passer d’une catégorie A à B », dénonce une professeure qui en est à son 10ème jour de grève. Elle estime qu’elle va perdre « près de 900 euros par mois » par rapport au système actuel. En soi, la protestation est aussi coûteuse pour les professeurs mobilisés.« Y’a des caisses de grèves mais on est tellement nombreux que ça ne suffit pas » témoigne une professeure d’Alfortville. « C’est insoutenable financièrement mais on va pas lâcher alors que cela fait un mois qu’on tient », abonde un professeur « fatigué par ce climat de tension ».

« Je suis née en 1973 donc je ne suis pas concernée par la réforme mais ça peut changer. Au début de ma carrière je devais travailler 37 ans environ puis s’est passé à 43 ans », motive une professeure dans un lycée de Créteil, qui chiffre le taux de grévistes de son établissement à 80%. « J’étais mieux payée en 1994, on a perdu près d’un tiers de notre salaire en quelques années c’est scandaleux. Pour avoir le même niveau de vie que dans les années 1980 il faudrait qu’on nous paye 50% de plus que notre salaire actuel », ajoute l’enseignante. « Comment faire un seul régime spécial alors que y’en a 42 depuis 1945 ? » se demande une professeure de français.

Les E3C dans le viseur

Concernant la réforme du bac, c’est le fait que 30% de la note finale soit issue des épreuves communes de contrôle continu (E3C) qui suscite la colère. Un changement que les profs considèrent comme « une rupture d’égalité entre les différents lycées ».

« Cela sera un bac entre lycées. Il y a des sujets qui circulent déjà et certains proviseurs disent même les sujets qu’il faut réviser. Mes élèves me demandent si je peux leur passer, c’est n’importe quoi !» dénonce une prof de Saint-Maur-des-Fossés. La semaine dernière, les élèves de son lycée ont bloqué l’établissement. « On est complètement paumé, on ne sait pas vraiment comment préparer nos élèves, qui eux sont aussi perdus et finissent stressés », ajoute une prof de lettres.

Dans la foule, un lycéen de Créteil craint qu’ « un bac dans un établissement ait plus de valeur que dans un autre lycée ». Son camarade, favorable dans un premier temps à cette nouvelle réforme, commence à douter de son efficacité « Au début je trouvais ça bien, je me suis dit ça permettait d’avoir moins d’épreuves d’un coup, mais quand j’ai appris que certains lycées avaient mis en place des épreuves tests pour s’entraîner alors qu’on n’a pas tous eu ça, je trouve ça injuste, c’est vraiment mal organisé ».

Vers 16h30 les dizaines de livres entreposés plus tôt dans l’après-midi devant l’établissement, ont été jetés par les manifestants de l’autre côté de la barrière, au pied même du rectorat, au slogan de « Aujourd’hui on jette les manuels demain on jette Emmanuel !»

Ce vendredi 24 janvier, les enseignants se sont donné rendez-vous à Paris pour la manifestation interprofessionnelle, jour de la présentation du projet de loi sur la réforme des retraites en Conseil des ministres.

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