De retour à la vie civile, les militaires se perdent souvent de vue. C’est le cas de Moustapha Kouider, habitant de L’Haÿ-les-Roses et de Christian Soulat, installé sur la côte Basque, tous deux déployés au Liban pour une opération de maintien de la paix en 1978, qui ont partagé leur premier repas ensemble depuis plus de quarante ans la semaine dernière, grâce à l’entremise d’une association lhaÿssienne.
Malgré les 42 ans écoulés depuis leur retour d’opération extérieure, les deux parachutistes s’en souviennent comme si c’était hier. Aujourd’hui sexagénaires, ils n’ont aucune peine à se rappeler du nom d’un frère d’arme, à se remémorer des instants forts de mission ou à entonner des chants de guerre. Moustapha Kouider et Christian Soulat ont été déployés au Liban avec le 17eme régiment du génie parachutiste lorsque la France a décidé en 1978 de fournir des contingents à la FINUL, une force mandatée par les Nations Unies pour assurer le calme dans la région. Pendant de longs mois, ces soldats ont encaissé ensemble les coups durs comme la disparition d’un des leurs, piégé dans une embuscade. A l’issue de leur mission, les militaires sont repartis chacun de leur côté faire leur vie et ont complètement perdu contact.
Ils ne se seraient sans doute jamais revus sans l’aide d’Olivier Dufour, ancien militaire, président de la section de l’Haÿ-les-Roses ACPG-CATM, et délégué départemental de l’ANOPEX, l’association nationale des militaires ayants participé à des opérations extérieures. «Nous venons en aide notamment aux anciens militaires qui souhaitent réaliser des démarches administratives pour obtenir des distinctions comme la médaille du combattant attribuée lorsque l’on a passé plus de 120 jours en opération extérieure. C’est ainsi que nous avons fait la connaissance de Moustapha Kouider, aujourd’hui membre actif de notre association», explique-t-il.
Coïncidence, lors des cérémonies du 11 novembre dernier à L’Haÿ-les-Roses, un sous-officier d’active L’Haÿssien, Guillaume Soulat, questionne Olivier Dufour au sujet de la croix du combattant qu’il souhaite obtenir pour son père, ancien militaire déployé au Liban en 1978. «Ça collait avec la date de mission de Moustapha! se souvient Olivier Dufour qui a organisé les retrouvailles. Appartenant à la même section, ils ont vécu les mêmes choses. Ils ont retrouvé des photos. C’était un moment fort en émotions. Christian Soulat, qui vit à Bayonne a encore des contacts avec d’anciens frères d’armes et va sans doute permettre à Moustapha Kouider de les retrouver».
Une génération d’anciens combattants en quête de reconnaissance
«Depuis 1968, l’armée s’est professionnalisée et les contingents envoyés sur les théâtre de guerre se sont réduits. Notre génération qui a pourtant été engagée en ex-Yougoslavie, au Moyen-Orient ou en Afrique, la 4e génération du feu, peine encore à être reconnue», estime Olivier Dufour tout en reconnaissant que la situation évolue comme en témoignent les hommages nationaux aux Invalides ou la construction d’un monument au mort sur le quai André Citroën à Paris, où figurent les noms de 547 soldats tués en opération de la période post-guerre d’Algérie jusqu’à nos jours. Récemment, l’association a organisé une cérémonie hommage à un soldat d’origine cap-verdienne enterré à Vitry-sur-Seine, en présence de sa mère.
Bonjour Florent,
merci pour ce bel article qui a ému nos deux compères.
Ils se joignent à moi pour exprimer leurs reconnaissances et leur fierté.
Vous êtes le bienvenue au local ancien combattant si vous passez un jour par l’Hay les rose.
Un grand merci également à votre rédactrice en chef.
Bien à vous.
Olivier DUFOUR
Délégué départemental de l’Anopex
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