Ce premier janvier 2018, la vidéo qui fit le buzz national sur les réseaux sociaux fut celle d’une soirée de nouvel an à Champigny-sur-Marne, dégénérée en baston avec lynchage filmé des policiers dépêchés sur place.
La scène se déroule dans une zone d’activité de Champigny. Un pasteur évangélique, en quête de fonds pour rénover le local qu’il loue dans cette rue Benoît Frachon, a sous-loué les lieux à des organisateurs d’une soirée privée. Mais le soir du réveillon, vers 23 heures 30, le locataire s’inquiète de l’affluence de plusieurs centaines de personnes. Les organisateurs eux-mêmes ont perdu le contrôle de la situation. Le pasteur décidé de prévenir la police qui envoie une patrouille sur place.
En cette soirée de nouvel an, la police est mobilisée un peu partout et la première voiture qui arrive sur les lieux ne comprend que deux policiers qui se retrouvent pris à partie. Suit un lynchage, qui, filmé sur Snapchat, fera le tour des réseaux sociaux et la une de l’actualité en raison de sa violence. Sur cette “story” , on peut voir des jeunes gens passablement échauffés retourner une voiture et la frapper à coups de batte tandis qu’un peu plus loin, d’autres rouent de coups de pied la jeune policière de 25 ans qui tente de se relever et se fait repousser au sol. Autour, quelques dizaines de jeunes gens courent dans tous les sens, d’autres assistent au spectacle. Le capitaine de 48 ans, que l’on ne voit pas sur la vidéo, se fait fracturer le nez. L’officière et l’officier de police, conduits ensuite à l’hôpital, se verront prescrire respectivement 7 et 10 jours d’ITT (Incapacité totale de travail). Parmi les renforts arrivés sur place, deux autres véhicules, notamment des pompiers, sont aussi malmenés. Le parquet de Créteil ouvre une enquête confiée à la Sûreté territoriale.
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Neuf mois après les faits, en septembre 2018, les trois protagonistes à l’origine de la soirée, le pasteur et les deux organisateurs, comparaissent au Tribunal correctionnel de Créteil et écopent chacun de 18 mois de prison avec sursis, ainsi qu’une amende de 1000 euros pour les organisateurs.
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Par ailleurs, onze personnes âgées de 16 à 20 ans sont mises en examen en avril 2018 pour leur implication dans le lynchage: six pour des faits de violence, deux pour des faits d’enregistrement et de diffusion de la vidéo en ligne, et trois pour non assistance à personne en danger.
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Ce mardi 17 novembre, huit personnes, sept hommes et une femme âgés de 21 à 23 ans, seront dans le box des prévenus pour trois jours de procès au Tribunal correctionnel de Créteil. Quatre d’entre eux devront répondre de faits de violences en réunion et sur personne dépositaire de l’autorité publique. Deux autres sont poursuivis pour avoir filmé puis diffusé la vidéo de la scène de violences et deux autres pour s’être abstenus de porter secours à la fonctionnaire de police.
“Ma cliente attend d’entendre leurs explications”, souligne Me Ariane Mineur, avocate de la gardienne de la paix. “Elle espère une décision qui prenne en compte le fait qu’elle a été victime de ces violences de façon totalement gratuite parce qu’elle portait l’uniforme.”
Pour Me Clément Abitbol, qui défend l’un des huit prévenus, “toute la difficulté va être de déterminer à l’appui d’une vidéo chaotique qui a fait quoi et qui a porté les coups sachant que certains contestent avoir commis des violences”.
Quatre mineurs sont également poursuivis dans cette affaire et seront jugés ultérieurement devant le tribunal pour enfants – trois pour les violences et un pour s’être abstenu de porter secours à une personne en péril et pour diffusion de la vidéo de la scène de violence.
Que doit faire la justice dans ces crimes ou délits où la responsabilité individuelle de chaque mis en examen ne peut être établie avec une précision telle que le ou es auteurs, le ou les complices etc soient identifiés?
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