Reportage | Val-de-Marne | 10/01/2020
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Manif pour les retraites: un peu moins de monde mais autant de colère

Manif pour les retraites: un peu moins de monde mais autant de colère

Ce jeudi 9 janvier dans la matinée à Champigny-sur-Marne, pas moins d’une soixantaine de salariés du public, dont beaucoup d’enseignants, mais aussi du privé, ont répondu présents à l’assemblée générale interprofessionnelle avant de rejoindre la manifestation parisienne. Retour sur cette nouvelle journée de mobilisation vue du Val-de-Marne.

« Il faut convaincre les collègues de venir, plus on est nombreux plus on est fort » entend on dans la salle. Pour cette agente de la fonction territoriale, il faut généraliser la grève partout. « Chez les territoriaux, on n’a pas 80% de grévistes, cela veut dire qu’on a encore du boulot.» Eric salarié du privé, pense qu’ « Il ne faut plus perdre du temps » et plaide pour une grève générale. Pour parvenir à leurs fins, les participants entendent continuer à mobiliser chaque jour en faisant la tournée des établissements pour encourager les gens à faire grève, faire des contre-propositions, donner des arguments.

Certains, peu nombreux à faire grève dans leur établissement, rencontrent des difficultés, comme cette professeure du lycée Gabriel Péri. « I faudrait qu’il y ait des syndicats qui viennent pour mobiliser d’autres personnes. On est pisté dès qu’on fait grève. On espionne nos AG. On est abandonné de notre hiérarchie, ils sont dans une renonciation car ils pensent que rien ne changera », expose-t-elle. Employée Chez Orange, une salariée explique également être seule en grève reconductible. “Chez Orange, on a déjà vécu des mobilisations semblables. Il faut que des personnes d’autres univers et syndicats se joignent à nous », plaide-t-elle. 

Pour la secrétaire UL (Union Locale CGT) de Champigny-sur-Marne, les salariés du privé et du public sont unis dans le même combat « ils veulent nous opposer avec les salariés du privé en disant qu’on défend nos intérêts alors que non ».

Du côté des enseignants, certains sont partisans de bloquer à nouveau le passage des épreuves du bac comme l’an dernier. « On a décidé de ne pas déposer de sujet, de ne pas surveiller, de ne pas corriger les copies. Il faut que tous les élèves de 1ère comprennent que leur bac est menacé. C’est une déclaration de guerre », lâche un enseignant.

Quelques heures plus tard, c’est à Paris que le mouvement se poursuit, après un top départ à 14 heures place de la République. Dans les rues de la capitale : enseignants, cheminots, pompiers, personnels hospitaliers, artistes, avocats, employés du BTP, de l’énergie, gilets jaunes racontent leurs motivations et marchent ensemble.

“On savait que ça allait être les All Blacks car le gouvernement est coriace. On discute entre profs du blocage des épreuves anticipées du bac mais on ne réfléchit pas vraiment à une action au sein de l’Education Nationale. Pour l’instant l’important pour nous c’est de se mobiliser à chaque temps fort comme aujourd’hui“, témoigne Diego, enseignant dans un lycée de Cachan : Maryse, 37 ans et technicienne dans une école d’Ivry-sur-Seine, manifeste pour la première fois. “C’est le premier jour que je manifeste à Paris mais je soutiens la mobilisation depuis le début. Je suis venue aujourd’hui car je vois que la situation s’aggrave, plus le temps avance plus c’est grave, j’ai peur pour le futur de mes enfants.”

“J’ai manifesté depuis le 5 décembre. Dans mon service celui de l’animation il n’y a pas de problème pour faire grève. Nos responsables nous soutiennent ou du moins on n’a pas de pression comme c’est le cas dans d’autres services. Je continuerai de faire la grève mais bon j’espère ça ne va pas durer 6 mois quand même ! », témoigne encore Martine, 58 ans qui travaille dans au service animation à la mairie de Bonneuil-sur-Marne.

Près de la Trinité, les gens ouvrent leurs fenêtres pour observer le passage du cortège et les grévistes qui scandent leurs slogans sous la pluie. Dans l’un des immeubles de la rue, des avocats en robe sortent sur le balcon et applaudissent. Quelques mètres derrières, ce sont des manifestants qui viennent saluer des avocats en grève dans la rue.

Grève par procuration et cagnotte

Franck Jouanno, secrétaire de la CGT énergie du Val-de-Marne expose les raisons de sa colère tout en marchant : “La première concerne le régime particulier. Il y a quand même une différence entre être indexé sur les 6 derniers mois ou les 42 dernières années de sa vie. La seconde est la revue à la baisse de notre taux de pénibilité qui passe de 3 à 2 ans”, motive-t-il. Ses collègues ne sont pas tous présents à la marche. “Certains font grève par procuration à travers la mobilisation de la SNCF et de la RATP”, explique le délégué syndical.

“On va préparer une caisse notamment pour soutenir la SNCF-RATP. Ils ont un pouvoir d’impact plus important, c’est un peu une grève par procuration, ce qui est dommage, on pourrait peut-être alterner”, projette Hugues, 52 ans, délégué syndical chez ADP (Aéroports de Paris). “J’ai dû faire cinq jours de grève, détaille-t-il. Le problème, pour nous, quand on veut faire grève, c’est que l’on peut être réquisitionné pour faire fonctionner l’aéroport. Certains de mes collègues sont d’astreinte mais on soutient tous la mobilisation. On est aussi là parce que nous sommes contre la privatisation d’ADP. ”

Dans les rangs du cortège, on a bien conscience de la difficulté de tenir dans la durée. “On organise des AG, on tracte dans les centres commerciaux, les entreprises et les gares”, reprend un délégué syndical dans les transports. “On est plutôt bien accueilli par les gens. Pendant ces opérations on en profite pour faire des quêtes. La dernière fois on a récolté 500 à 600 euros en quelques heures. L’argent est ensuite confiée aux responsables syndicaux qui vont le redistribuer selon les décisions prises dans les AG.”

Selon le ministère de l’Intérieur, la manifestation parisienne a rassemblé 56 000 personnes contre 76 000 le 17 décembre. La CGT a pour sa part revendiqué 370 000 manifestants dans la capitale.

Nouvelles mobilisations en Val-de-Marne

Avant la nouvelle manifestation parisienne de ce samedi 11 janvier, qui partira de Nation à 13h 30, un nouveau rendez-vous a d’ores et déjà été donné dans le Val-de-Marne ce vendredi à14 heures au dépôt de bus RATP de Villeneuve Triage (12 rue du Bas Marin à Thiais).

Ce lundi 13 janvier, les organisations appellent également à un rassemblement de solidarité à des grévistes de la RATP convoqués avec menaces disciplinaires. Un barbecue est prévu dès 12 heures au dépôt de bus de Vitry-sur-Seine. Et le 15 janvier, un rassemblement est prévu au parking du Bricorama de Villiers-sur-Marne à 13h30.

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